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Le nouvel album de Sirenia sera bon. Je vous le dis, parce que vous, vous ne l’écouterez qu’en janvier 2011, quand il sortira, et j’ai décidé de vous mettre l’eau à la bouche. Je préfère le dire d’emblée : cet album m’a rassurée. Pas excellent, mais bon.
Comme il y en a toujours qui ne suivent que d’une oreille distraite, je rappelle pourquoi il y avait bien besoin d’être « rassurée ».

Sirenia, chose de Morten Veland, qu’on en finit plus d’appeler «ex-Tristania», avait été lancé avec rage et désespoir, et c’était bon. Puis, je vous la fais courte, c’est devenu, certains diront toujours moins inspiré, je ne serai pas de ceux-là, je dirai que le besoin de reconnaissance du fondateur a parfois conduit à des titres balisés dans le style qu’affectionnent les lycéens, métalleux ou non. Pour d’autres précisions, se reporter aux chroniques antérieures. Il est vrai que la chose était parvenue à son paroxysme avec le dernier album en date du groupe, un album, dont, de loin, chez mon disquaire, l’apparence m’avait fait songer : merdre, de par ma chandelle verte, encore Evanescence ?! Interloquée, rapprochée, j’avais alors noté le nom du groupe avec étonnement : Sirenia. Rebutée par la pochette, je décidais néanmoins qu’en musique il fallait donner sa chance. Mais il était vrai qu’en tournant, le disque n’en finissait plus de s’étirer, sans que la mayonnaise ne prenne.
«The 13th Floor» était une chose, «The Enigma of Life» en est une autre. Bien sûr, le style n’a pas totalement changé, et aux nostalgiques je dis : un premier album est un premier album, et quand c’est une bombe, il n’y en aura sans doute pas deux.

«The Enigma of Life» constitue le prolongement logique des quatre précédents opus. Les leçons ont été tirées, ce qui nous permet d’entendre un disque maîtrisé. Maîtrisé, ce qui veut dire sans exagération : la voix de la chanteuse n’est plus systématiquement plaintive, proche de l’expiration, on sent qu’elle est infiniment plus naturelle, du côté des instruments, la qualité n’a rien à voir (ainsi les notes de fin, au violon, d’ «All my dreams» sont d’une finesse incroyable comparée aux orchestrations grandiloquentes précédemment entendues), le côté pop est assumé, non dans son versant négatif, mais positif, ce qui donne des titres enflammés ! L’enthousiasme est là, à chaque bout des enceintes, le groupe et nous, auditeurs. À croire que Morten était boosté par le bon accueil de son side-project.

Pour aller plus loin dans la découverte de «The Enigma of Life», il faut commencer par les trois premiers morceaux, qui sont tous des singles en puissance : énergiques, composés pour satisfaire les fans du genre (métal mélodico-symphonique à chanteuse, what else ?). «The end of it all» qui introduit l’album nous met tout de suite dans le bain, et si la température baisse un peu avec «Fallen angel», plus simplement rock’n roll, et «All my dreams», bijou rehaussé de sonorités indus , cela n’en est pas moins agréable. Mélodies accrocheuses et réussies trois morceaux de suite, cela sent le chef d’oeuvre ou la quatrième ratée. C’est la seconde branche de l’option qu’il faut malheureusement retenir : «This Darkness» est too much, le morceau aurait pu figurer sans problème sur l’album précédent, dont on a déjà dit le mal qu’on pensait. Le niveau se redresse avec le titre suivant mais surtout le sixième, un des meilleurs de l’album. «Winter Land» est, de façon décomplexée, un titre aussi pop et mielleux qu’il est possible de faire pour un groupe de ce style. Mais ça marche. Contrairement à ce qui se passait sur «The 13th Floor», le titre est trop bon pour être moqué. Ensuite, le groupe se met à lorgner vers WT, retrouvant au passage un goût pour les aigus contestable, surtout lorsque Morten pousse la chansonnette en alternance, le décalage est pénible. L’équilibre entre eux est cependant trouvé sur «Coming Down» au goût de «My mind’s eye» sur «Nine Destinies And A Downfall». «This lonely lake», proche d’«All my dreams», nous régale d’échos entre la voix d’Ailyn et la douceur du violon et «Fading star» réintroduit les choeurs et les grunts avec bonheur.

Et voilà, c’est déjà la fin. Le titre de clôture s’annonce comme le seul morceau long (6’14). Non, pas un instrumental. Cela aurait sans doute été mieux, car si les choeurs maintiennent le niveau, le chant d’Ailyn est carrément insupportable. On croirait que sa voix va littéralement céder sous le poids de ce qu’elle lui impose, et ce qu’elle nous impose du même coup. Pour cela, le titre aurait pu être réussi, mais ces passages crispants l’empêchent.

Il reste à faire encore un peu de chemin avant de redresser complètement la barre. Pour le redressage en cours, on arrondit la note.

0 Comments 14 décembre 2010
Whysy

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