Vous recherchez quelque chose ?

Si on vous avait proposé de réaliser quelque chose en huit ans qu’auriez-vous fait ? C’est une période assez longue, il y en a qui deviennent majeurs, d’autres finissent leurs interminables années études et certains mettent à profit ce temps pour tourner une trilogie au cinéma. Persuader a répondu à la question et s’est contenté d’écrire un album. En effet, depuis When Eden Burns nous n’avions plus vraiment entendu parler de ce groupe. Il aura fallu attendre 2014 pour suivre le chemin de nos Suédois… Et là, je me souviens de mes débuts dans le métal, lorsque je commençais à me chercher un créneau dans lequel je pouvais m’identifier, j’étais tombé par pur hasard sur When Eden Burns. Je me rappelle avoir été impressionné par la puissance que dégageait le combo nordique. Une extrême vigueur mise au profit du power métal qui semblait décupler la frénésie lors de l’écoute et ce nom Persuader est devenu pour moi un OVNI pas vraiment original, mais complètement atypique.

Et lorsqu’on découvre The Fiction Maze, on retrouve l’essence de ce qui avait pu me marquer il y a quelque temps, une mécanique bien huilée, une structure musicale musclée et ornementée par un emberlificotage de riffs adroitement apposé dans un tissu mélodique. Force est de constater que dès les premières notes de « One Lifetime », qu’on se fait atomiser en plein milieu d’un raz-de-marée décibel et une puissance musicale gonflée par une célérité hors du commun. À tout cela s’ajoutent les musiciens s’illustrant par un doigté d’une précision chirurgicale. Les guitaristes abattent un travail colossal en délivrant des soli et des riffs incommensurables (« Sent To The Grave »). En fait, je dirais même que les instrumentistes développent un art qui force le respect. On n’est pas dans la cour d’Herman Li et ses déluges de notes, mais ici Emil Nordberg et Daniel Sundbom gardent une certaine cohérence auditive et dressent un tableau haut en couleur (« InSect »).

The Fiction Maze se caractérise donc par ce jeu grandiloquent à la guitare, mais n’oublions pas non plus le chant qui reste vraiment bouleversant. Le troisième guitariste et chanteur Jens Carlsson use de son organe pour coller le plus possible aux ambiances. Ainsi il oscille entre violence et entrain sur le titre éponyme ou se montre plus appuyé sur des chansons mid-tempo comme « Deep In The Dark ». Ses lignes de chant évoluent constamment et son timbre n’aura sans cesse de rappeler Hansi Kürsch. Certes, la ressemblance est frappante, mais notons aussi la versatilité de notre frontman qui ne fait que dépeindre un paysage étrange mêlant la chaleur des tubes à la manière d’un Blind Guardian et la vitesse d’exécution de Dragonforce.

Les arrangements restent par contre basiques et ne vont pas chercher dans la marginalité, cependant on ne pourra nier leur efficacité (« Son Of Sodom »). On pourra entendre des passages plus martiaux qui s’organisent autour d’une batterie menée par un redoutable percussionniste (Efraim Juntunen). Le bonhomme connait son affaire et développe un travail d’orfèvre, on aura donc le loisir d’approcher un martelage de grosse caisse en bonne et due forme (« Falling Faster »). Les rythmiques sont également responsables du hochement naissant à la hauteur de nos nuques, et avec Persuader on reconnait bien un jeu démentiel empressé et mis en orbite par une assemblée de musiciens aussi doués les uns que les autres.

The Fiction Maze accentue la direction musicale qui avait été laissée en friche huit années auparavant, la verve de nos Suédois ne se sera pas érodée au fil des ans, mais est-ce que ça ne signifie aucun étiolement concernant cet opus ?
Le groupe est en forme et dévoile le grand jeu, ça je pense que vous l’aurez compris, mais dans cette couche épaisse de frénésie, on aura par moment l’impression de suffoquer et on aura envie de renouveau. Malheureusement, Persuader n’est pas prêt à changer de registre ou à prendre des risques. La seule audace aura été de rajouter des notes cristallines au clavier sur « Heathen », mais pour la démarcation il ne faudra pas s’attendre à plus que ça. La redondance pèse donc un peu sur la longueur et la production n’aide pas forcément à étherer l’album. Le son réagit bien sur les basses, mais elle a tendance à crachouiller un peu sur les aigus et les « s ». Néanmoins, il est fort probable qu’avant de pinailler sur ces détails, un bon nombre d’entre nous aura déjà trouvé sur The Fiction Maze un aspect prometteur et sans nul doute le plaisir de l’écoute.

0 Comments 09 décembre 2013
Whysy

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