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Chroniquer un nouvel album de Maiden quand on est, comme moi, un grand fan du groupe, est un exercice assez ardu. Deux extrêmes sont à éviter: le purisme (« de toutes façons ils ont rien fait de bon depuis 1987 ») et l'élégie (« plus grand groupe du monde! »). Autre écueil également, une certaine tendance à fermer les yeux sur les points qui fâchent, bien excusable venant du fan, mais pas très objective pour un chroniqueur. En même temps, mieux vaut faire évaluer un album par quelqu'un qui connait bien le groupe. Je m'y colle donc.

Imaginons que je n'ai rien lu sur ce nouvel opus, rien entendu, et que je le découvre avec le premier morceau. Et là, premier choc: le son est lourd, l'intro est très longue et très étrange, assez peu mélodique et d'une noirceur inquiétante. Le mot à retenir c'est « long », un mot qui va définir cet album totalement. Soyons clairs: vous enlevez 3 minutes à chaque morceau, en raccourcissant les intros et en éludant quelques breaks ou solos inutiles et vous avez l'album de l'année, un album foutraque et énergique, inventif et musclé, épique, mélodique et racé. Toutes ces qualités sont donc malheureusement noyées sous un déluge parfois monotone, souvent ennuyeux. Mais revenons au premier morceau. Une fois l'intro passée on découvre un bon mid-tempo, où Bruce pousse un peu trop par moments mais un morceau agréable, plaisant et entraînant. On est loin du génie, mais c'est un bon début. Passons sur El Dorado, que je n'aime pas des masses, pour arriver à la première réussite de The Final Frontier, la troisième piste Mother Of Mercy, un morceau excellent, après une longue intro (sans rajouts cette fois) le ton est donné, dramatique, épique, avec de très bons solos, et d'excellents riffs en milieu de morceau, très heavy et dramatiques. Sans doute ce que Maiden a fait de mieux depuis bien longtemps, même si Bruce s'essouffle à nouveau en fin de partie, dommage.

La suite est très inégale. Coming Home, ballade intelligente et très agréable, The Alchemist, presque de l'auto-plagiat, Isle Of Avalon, un beau morceau massacré par une intro de plus de trois minutes mais qui contient quand même un riff terrible au milieu du quatrième break et avant le solo n°12, et Starblind, sur lequel je n'ai pas grand chose à dire, sinon qu'il est un brin chiant. Viennent les trois derniers morceaux, 30mn à eux trois, qui alternent encore une fois le très bon et le très lourd. L'intro de The Talisman est un copié-collé de Prophecy sur l'album précédent et dure de nouveau 2mn30 donc je vous autorise à passer à la suite, en l'occurence The Man Who Would Be King, la meilleure réussite de l'album!

Intro qui se découpe en plusieurs temps, une ambiance nostalgique à la guitare avec fond de claviers comme un morceau de Maiden sur deux depuis dix ans, puis un bon riff mid-tempo encore, heavy à souhait, et dès le refrain ça s'emballe, même s'il s'agit en fait d'une deuxième version du couplet enfin bref des twin guitars comme on aime, et là, le meilleur moment de l'album, une sorte de break hallucinant où les trois guitares se répondent chacune sur un thème différent, l'une un riff heavy, l'autre un solo technique, et la troisième un contrepoint planant à la Gilmour, break débouchant sur un solo mélodique et reprise du couplet! L'outro, sorte de reprise tout en toucher et sonorités variées du thème principal, est également un pur moment de bonheur. Ouch, pendant six minutes c'était absolument magique, et j'ai presque envie d'arrêter là, parce que la suite et le dernier morceau finissent par sombrer dans un ennui pas vraiment profond mais quand même un peu soporifique, restons donc sur cette touche positive.

Deux chansons peuvent-elles sauver un album? Sans doute, en tous cas sans Mother Of Mercy et The Man... je ne lui mettais pas la moyenne. The Final Frontier est trop long, contient trop de mélodies déjà entendues, mais en définitive y a rien de vraiment mauvais. Le bon est rare malheureusement, et le très bon encore plus.

0 Comments 02 mai 2011
Whysy

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