Vous recherchez quelque chose ?

Il y a bien longtemps, lorsque le monde était encore jeune, il advint qu’Odin, fondateur et plus puissant représentant de la dynastie des Aesir, lors d’une grande chevauchée le long des plaines d’Asgard, s’aventure plus loin qu’il n’était jamais allé. Médusé, il découvrit alors une étendue de vastes et denses forêts, d’apaisantes prairies verdoyantes, de rivières et cours d’eau chargés de poissons, et de puissantes montagnes dont les pics enneigés se perdaient dans les hauteurs du ciel infini…  Après avoir chevauché pendant sept jours sur ces terres nouvelles, son regard s’arrêta sur une ville, s’étendant aux confins de Levant. Jamais il n’avait vu cette ville, ni même eu connaissance de son existence ! La seule dynastie de dieux pouvant occuper l’Asgard était la sienne, celle des Aesir…  Odin s’approcha de plus près, et se tint caché derrière un vieux chêne. Il envoya ses deux fidèles corbeaux, Huginn & Muninn, ses yeux, observer, tenter de découvrir les merveilles, qui probablement se cachaient par delà l’enceinte de la cité. Il vit de beaux visages qui ne lui semblèrent pas différents de son propre peuple… Et il vit aussi les incroyables miracles qu’ils étaient capable d’accomplir. Il en vit un utiliser la force de son esprit pour faire pousser des arbres dans son jardin, et un autre faire jaillir de l’eau depuis le sol, pour cultiver ses champs. Et il entendit les conversations qu’ils échangeaient entre eux. Cette fascinante tribu s’était elle-même attribué un nom : Les Vanir.  Pendant trois jours et trois nuits, les corbeaux restèrent ainsi à survoler la cité, et pendant trois jours et trois nuits, Odin demeura caché derrière le vieux chêne. Quand il considéra en avoir vu assez, il rappela ses messagers, et retourna dans les halls sacrés du Valhalla, pour rendre compte de ses découvertes et informer ses pairs, les Aesir de cette terrible menace qui, de toute évidence, déjà grondait à l’Est… *  ~ Ainsi naquit la première guerre du Monde, évènement clef de la mythologie scandinave, où s’illustrèrent de nombreux héros, Odin, qui vit périr son frère au combat, Gullveig, mystérieuse déesse soupçonnée d’avoir trahi la tribu des Aesir et brûlée vive sur leurs terres en châtiment, Bragi, dieu scalde qui engendra la poésie, et bien d’autres encore… Et Black Messiah, comme Völva (prêtresse à l’origine de la retranscription du conflit) le fit en son temps, de s’ériger en héraut capable, à l’aide de sa destructrice foudre électrique ou de sa poésie folklorique, de retranscrire pour nous, pauvres mortels, tout le déroulement de ce terrible combat, dont l’issue fut l’unification définitive des dieux d’Asgard, jusqu’à la grande bataille finale du Ragnarök, qui marqua leur crépuscule… Mais ceci est une autre histoire !   Dubitatif quant à l’évolution de nos guerriers allemands, qui jusqu’ici ne nous avaient jamais vraiment déçus, j’avoue que j’attendais cette nouvelle ode avec une certaine impatience. Avec une certaine méfiance aussi, dans la mesure où « Of Myths and Legends » témoignait d’un assagissement certain par rapport à son prédécesseur qui, malgré un son assez cru, proposait une plus grande évasion et s’avérait beaucoup plus prenant. Alors s’agirait-il ici d’un retour aux sources ? Que nenni ! Ce qui n’empêche pas Black Messiah de mettre les petits plats dans les grands et de signer avec ce quatrième opus son meilleur à ce jour….  Car c’est bien simple, en dépit de sa longueur, l’album ne comporte aucun titre faible. Ponctué d’interludes narratifs extrêmement bien faits, qui nous recentrent dans la légende et nous font part de l’avancement du conflit et des actions de ses principaux protagonistes, l’album se savoure d’une traite, comme une grande chevauchée dans un empire sauvage, dont on revient épuisé, certes, mais surtout ravi.  Car Black Messiah, à l’instar de ses frères d’armes d’Equilibrium (qu’ils surpassent aisément selon moi), propose un album de Pagan Metal de très haute volée, avec des riffs heavy ou black accrocheurs en diable et superbement bien pensés, des orchestrations symphoniques ou folkloriques de haute volée, un chant rauque et dur, black certes, mais « mélodique malgré tout », jamais trop agressif ou crispant (ce qui ne collerait pas avec l’ambiance de la musique de toute façon), très accessible, parfois en alternance avec un chant clair viril, ou soutenu par des chœurs discrets mais superbement bienvenus.  Et les titres épiques de cet album de s’enchaîner pour notre plus grand bonheur. La nostalgie de la déjà culte « The Battle of Asgard », qui propose pléthore d’émotions variées, des breaks symphoniques extrêmement puissants et guerriers, un violon qui fend l’âme… Et les magnifiques riffs black de « The Vanir Tribe », ou de l’extraordinaire « Gullveig », superbe démonstration de tout le savoir-faire du groupe, alternant passages folkloriques au violon accrocheurs dans la lignée de l’album précédent, et passages symphoniques sur fond de riffs black ! Enorme ! Tout simplement brillant !  Le fait d’associer Pagan Metal (qui à la base se veut sincère, rude et évocateur) et grosse production et arrangements dantesques s’avère souvent dangereux, au risque de perdre en authenticité, en puissance, ou en réelle majesté, au profit du choix de la facilité. Ici, la narration s’avère parfaite, permettant des transitions à couper le souffle avec les morceaux (le démarrage plus furieux de « Burn Vanaheim » est ainsi très subtilement amené), et l’énorme qualité des compositions donne à cet album une dimension cinématographique au meilleur sens du terme. On songe parfois à Menhir (pour le charme presque contemplatif et nostalgique de certains passages, ainsi que le chant clair en allemand grave et empreint de solennité, comme sur « Andacht », hommage aux guerriers morts au combat), à Turisas, ou encore à Equilibrium (en moins lassant), et Black Messiah gagne ainsi une place bien méritée dans le peloton de tête de cette scène où la concurrence s’avère pourtant si ardue.   Epique et fin, sublimement prenant, sans aucun titre faible, cet album se classe d’entrée de jeu dans les meilleures surprises de l’année. Peut-être vais-je finir par me lasser de cet opus certes un peu long et un peu bourratif (car extrêmement chargé), mais en attendant, je lui décerne finalement la note brillante (que je n’ai osé délivrer qu’une seule fois l’an dernier, à un album qui fait maintenant partie de mes indispensables) qu’il mérite, à l’évidence. Puissants guerriers, c’est avec joie que je dépose les armes devant votre talent. Amis lecteurs, courez vous jeter dessus et jamais ne vous fiez à une pochette d’album comme celle-ci, aussi ignoble soit-elle ! Hails Odin !   [*= Adaptation de ma retranscription personnelle du Prologue de l’album]

0 Comments 21 mars 2009
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus