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Il n’est pas toujours aisé de comprendre le statut culte d’un album. Que peut – il symboliser ? La naissance d’un nouveau genre musical ? La confirmation d’un talent ? Un polaroïd de son époque ? Ou peut être tout simplement l’addiction du moment ? Toutefois, lorsqu’il s’agit du fameux « The Gallery » la question ne se pose même pas ! Ce 27 novembre 1995, Dark Tranquillity donne vie à l’une des pierres angulaires du death mélodique. L’un des trois albums charnières qui définit les codes de ce courant musical inédit, novateur et influence encore aujourd’hui pléiades de nouveaux artistes. Quelle idée folle me direz – vous ! Oser la rencontre de rythmiques véloces, d’un chant extrême et de mélodies nombreuses, complexes, désabusées parfois progressives à une époque où les fusions en tout genre sont vues d’un œil méfiant, voire moqueur : une aventure risquée ! Et quelle aventure !

Même plus d’une décennie après cette révolution, « The Gallery » reste un album d’actualité car il n’a que très peu vieillit et conserve sa fraîcheur d’antan. Il est un peu comme le bon vin, il se bonifie avec l’âge. Sa découverte (ou redécouverte) doit être attentive, minutieuse car aussi farouche qu’il est, il ne se dévoile qu’avec le temps. Le style est « old school » et sans artifices. A la fois très travaillé et d’une grande musicalité ce disque est une invitation au voyage. Ou non, mieux ! Une ballade dans une galerie d’art où chaque chanson, en œuvre qu’elle est, expose ses couleurs baroques et explose en saveurs diverses. La grande force de ce second disque est la qualité des guitares. Elles sont bluffantes quelque soit leur apparat. Qu’elles se déclinent en mélodies aux harmonies subtiles, qu’elles soient électriques ou acoustiques : charme, émotion et inventivité en sont les clés. Si la technique est impressionnante, le feeling de Niklas Sundin en devient presque insolent ! « The Gallery » est un vrai exercice de style où chaque musicien possède la place pour s’exprimer et donner le meilleur de lui-même.

Les chansons dissimulent, sous leur robe mélodique, un labyrinthe de subtilités et de détails croustillants. Elles n’hésitent pas à s’inviter en territoire progressif et révèlent leur complexité au travers de structures alambiquées et habillées de mélodies, une fois de plus, superbes. Les guitares virevoltent en milliers d’accords et s’entremêlent en un festival de goût et de couleurs. En cela « Punish My Heaven » est l’exemple parfait. De sa progression ingénieuse, à ses mélodies inspirées et touchantes sans oublier son petit solo de basse opportun. La basse est d’ailleurs à la fête car plusieurs soli sont à découvrir, en particulier sur l’excellente « …Of Melancholy Burning » ! L’émotion est l’un des maîtres mots de ce « The Gallery » et elle se décline sous différents aspects. En plus de la qualité des mélodies, c’est l’atmosphère singulière qui confère aux chansons une grande force. De plus Mikael Stanne semble transcendé et offre une performance vocale très forte. Très différent de ce qu’on lui connaît aujourd’hui, il évolue ici dans un registre aux influences « black métal » évidentes, c'est-à-dire une voix extrême qui sature dans l’aiguë. Tour à tour rageur et passionné, il se montre même parfois touchant, au bord des larmes semble – t – il ! Pour achever le tableau, sachez que de rares voix claires seront là pour apporter un semblant de douceur, et une agréable voix féminine viendra flirter avec votre ouïe sur plusieurs chansons dont le titre éponyme !

« The Gallery » possède une âme bien à lui et cristallise en quelque sorte l’essence même de toute la créativité dont font preuve les Suédois. Grâce à leur fabuleuse musicalité et leur fibre émotionnelle, certaines de ces chansons figurent parmi les plus belles composées par Dark Tranquillity. Outre la classique mais indémodable « Punish My Heaven », c’est l’incroyable « Lethe » qui requiert une intention toute particulière. Triste, belle et mélodique cette perle se déguste dès ses premières notes, des accords froids et intimistes devenus bijoux. Ce qui rend « The Gallery » aussi unique c’est la folle densité de sa musique, un monde qui fourmille d’accords, de mélodies, de rythmes coup sur coup violents puis hypnotiques. Le diptyque final « Mine Is The Grandeur… », « …Of Melancholy Burning » clot parfaitement l’album, dans une explosion de saveurs.

La crainte que l’on peut avoir lorsque l’on s’attaque à des disques qui accusent déjà un certains age, aussi culte soient – ils, c’est une production approximative. Force est de constater que « The Gallery » traverse très bien l’épreuve du temps et même s’il peut sonner un peu « cheap » par moment, il a su conserver son aura particulière, vestige d’un temps où mélodies et créativité supplantaient puissance et efficacité. Le temps a toujours raison, et « The Gallery » confirme, année après année, son statut d’album culte pour tout ce qu’il a su apporter à ce courant nouvellement nommé, à l’époque, le death mélodique de Gothenburg » !

…TeRyX…

0 Comments 28 décembre 2009
Whysy

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