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Trouver l’inspiration pour une introduction de chronique concernant le premier album d’un groupe inconnu c’est comme essayer de structurer de façon originale sa dissertation de philosophie dont le sujet est : « La liberté est-elle menacée par l'égalité ? ». On cherche pendant des heures, on écrit, on rature, on récrit, on reste planté devant sa feuille sans rien faire pendant des minutes entières, on se dit qu’on n’aurait pas dû choisir ce sujet et au final, comme dans la plupart des cas, on fait première partie : « oui, la liberté est menacée par l'égalité » et une seconde « non, la liberté n’est pas menacée par l'égalité ». On se retrouve, par conséquent, dans la masse d’étudiants sans originalité et obtenant une note entre 6 et 11. Pour les introductions de chronique, c’est la même chose. Après s’être creusé la tête pendant des heures, on finit par présenter simplement le nom du groupe, sa provenance et le style de musique joué et on retrouve notre chronique dans la masse des écrits d’Heavylaw finalisant sur une note entre 5 et 7.

Donc collégialement, je vais vous dire que DayDreamXI nous vient du Brésil et performe dans un power/prog metal classique fortement inspiré par les grandes pointures du genre.

Il est assez difficile d’émettre une critique sur ce genre d’album car foncièrement « The Grand Disguise » est un bon album. La production est parfaite, les titres hyper catchy avec un excellent travail mélodique (« Keeping the Dream Alive », « Like Darkness Rules the Night », « Wings of Destruction », « Phoenix »). Et lorsque certaines compositions paraissent en dessous des autres, niveau efficacité (« About Life and Its Ending » par exemple), ce sont les parties instrumentales qui rehaussent le niveau. On tombe des fois dans de la branlette de manche et dans des parties progressives un peu prétentieuses (« Like Darkness Rules the Night » et surtout les 23 minutes du titre éponyme "The Grand Disguise") mais dans l’ensemble ça fonctionne bien. Même la pseudo ballade « The Age of Sadness » est plutôt réussie. Il n'en sera pas de même pour la réelle ballade "Alone", ennuyeuse à souhait. La voix, bien  que sans réelle personnalité, fait le boulot et arrive même à s’offrir des moments de grâce au sein des rythmiques généralement speed et galopante du combo. Une seule faute de goût sera à déplorer sur le titre « The Guts of Hell » utilisant une partie un chant inaudible, mal intégré et hors de propos. Bref, tous les ingrédients sont réunis pour faire un bon album (avec les défauts récurrents d'un premier album certes).

Et c’est là qu’arrive mon « mais » arrive (avouez le, vous l’attendiez). « The Grand Disguise » est un album intéressant MAIS il lui manque une personnalité et une âme. Ce n’est pas la première fois que je fais ce constat, aujourd’hui beaucoup de groupes sont sclérosés dans leurs influences et n’arrivent pas à en sortir. Pour DayDream XI, il est pratiquement impossible d’écouter leur album sans penser à Lost Horizon, Symphony X, Dream Theater, Evergrey, Angra et Vision Divine toutes les 10 secondes. Les mêmes gimmicks, les mêmes transitions, les mêmes ressorts mélodiques, on a sans arrêt l’impression de ruminer un chewing-gum mâchouillé. Le tout est en plus dénué de fond. Tous les titres, pris indépendamment, sont, ma foi, bons mais l’album ne laisse aucune trace en tête. Il n’y a aucune ambiance particulière qui fait ressortir « The Grand Disguise » du lot. Un peu le syndrome du « Iconoclast » de Symphony X.

Au final, on ne peut pas trop reprocher à DayDream XI d’avoir axé son premier effort sur l’efficacité avant tout. Pour percer, il faut qu’on se souvienne de nous en proposant des mélodies « aguicheuses » et facile d’accès. Il va juste falloir, par la suite, savoir les englober dans un disque au caractère plus affirmé. Car ce sont grâce aux détails qu’on se souvient de nous. Une femme nue peut proposer autant de formes généreuses et attirantes qu’elle le souhaite, si elle n’a pas ce petit ensemble bleu avec ces nœuds papillons roses, si particuliers, au-dessus de chaque bonnet, on ne s’en souviendrait pas. Je n’irais pas jusqu’à conseiller les membres de DayDream XI de porter de la lingerie fine sexy pour émerger de cet océan power progressif mais il va falloir apporter une plus-value à leur musique pour ne pas rester un groupe de seconde zone.

0 Comments 27 septembre 2014
Whysy

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