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Alors que personne ne l'attendait, Frontiers Record ressuscite son projet Allen – Lande près de trois ans après le troisième album que l'on pensait être le dernier d'une trilogie plutôt réussie dans son ensemble. Mais pour ce quatrième album, pas mal de changements sont au programme. Si l'on retrouve bien sûr nos deux charismatiques chanteurs, exit Magnus Karlsson et le batteur Jaimie Salazar, présents tous les 2 sur les précédents albums. Un changement de taille donc, puisque Magnus Karlsson, compositeur mais également guitariste, bassiste et responsable des arrangements aux claviers, représentait de par son style musical et son jeu de guitare, le son du projet Allen/Lande. Celui-ci se voit remplacé par un autre compositeur multi-instrumentaliste qui semble ces dernières années être devenu l'homme à tout faire chez Frontiers Records, vous l'aurez peut être deviné, il s'agit de Timo Tolkki (qui se voit également accompagné par son fidèle batteur Jami Huovinen). Un remplacement pas vraiment rassurant si l'on regarde les dernières productions de Timo Tolkki, allant du moyen au carrément catastrophique avec le deuxième opus de son projet Avalon.

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Mais si « The Great Divide » n'est pas une catastrophe, et se révèle plus réussi que les deux Avalon, il n'en demeure pas moins un album perfectible. En effet, on le situera malheureusement plus près de « The Showdown » que du niveau quasi irréprochable des deux premiers albums du projet de Frontiers.

La faute à une addition de petits défauts qui viennent gâcher le tableau. Si l'on peut par exemple pardonner à « Lady Of Winter » de ressembler à « Edge Of Thorns » de Savatage grâce à son ambiance réussie et au chant excellent de Jorn, on sera par contre moins indulgent avec « Bittersweet », peu inspirée et qui sonne comme une version au rabais de « Master Of Sorrow » (de l'album The Revenge ») malgré la encore une bonne interprétation de Russell Allen.

De même, on retrouve certains tics de composition dans la structure des chansons qui ont tendance à se répéter d'un titre à l'autre, à savoir des couplets portés souvent par le duo batterie/basse avec quelques discrets arpèges de guitare.

Cette simplification de la musique par rapport aux travaux de Karlsson est assez regrettable, les titres reposent alors beaucoup sur leurs interprètes (ce qui d'un côté est le but du projet me direz-vous), certains couplets sonnant un peu vides instrumentalement parlant, le ressenti serait certainement bien différent avec des chanteurs d'un autre standing.

De plus certaines chansons tombent un peu à plat, l'opener « Come Dream With Me » s'avère plutôt moyen et pas très emballant car très classique et déjà entendu dans ce registre hard rock mélodique.

Idem la chanson titre, « The Great Divide », qui se trouve étrangement chantée uniquement par Jorn, malgré les bonnes intentions que l'on décèle (proposer un titre plus long et une ambiance plus lourde) est également une déception, le titre manquant d'envergure et de souffle, on s'ennuie tout au long de ses presque 7 minutes.

Car oui, il faut bien l'avouer, le point fort de l'album reste bien sur ses deux chanteurs. Ceux-ci sont toujours aussi parfaits vocalement, et démontrent une fois de plus leur statut de vocalistes sacrés du heavy metal, capables à eux seuls de transcender un album. Si Russel Allen était en pilotage automatique et m'avait pour la première fois déçu sur le premier Avalon de Tolkki, on le retrouve heureusement ici plus concerné, appliqué et livrant une performance à la hauteur de son talent, dans un registre purement voix claire (comme sur les anciens Allen/Lande, mais je le précise tout de même, pas de voix agressive et écorchée comme sur le dernier Symphony X ou les Adrenaline Mob ici). Jorn, quoiqu'on puisse penser de l'état de sa carrière solo ou de son caractère de diva, livre une fois de plus une grande prestation et semble même plus à l'aise que Russel Allen dans ce registre. Il suffit d'écouter le refrain du plus rapide et rageur « Down From The Moutain » ou encore celui de « Dream For Tomorrow » pour voir que Jorn n'a rien perdu de son talent et que son timbre coverdalien est toujours intact.

Tout n'est pas noir non plus au niveau des compositions. Les plus dynamiques d'entre elles, les plus orientées power metal européen (celles qui sonnent le plus Stratovarius finalement) sont les plus réussies. « Down From The Moutain » hausse le tempo par rapport au mollasson « Come Dream With Me » et permet à Jorn de s'exprimer pleinement sur le refrain, «In The Hands Of Time» lorgne vers le speed et fait la part belle à Russel Allen ce coup-ci.

Dans un registre plus hard rock, «Dream About Tomorrow» arrive à convaincre par son riff énergique apportant une dynamique bienvenue et par son refrain réussi sur lequel Jorn brille une fois de plus. On peut également citer «Hym For The Fallen» dans la catégorie des titres réussis, mêlant habilement hard rock sur les couplets et feeling plus épique sur le refrain, style qui je trouve colle bien au projet.

Si au début des années 2000, un telle affiche aurait fait sensation, on comprend mieux l'indifférence polie suscitée par la sortie de cet album. S'il n'y a rien de honteux et que Tolkki redresse un peu la barre par rapport à son projet personnel, ce «The Great Divide» reste néanmoins un album classique de hard rock mélodique/power metal et ne fait pas pleinement honneur au talent immense de ses deux chanteurs. Les fans de Tolkki et les amateurs du genre pourront sans doute apprécier cette livraison, les plus exigeants et les fans de la touche Magnus Karlsson se rabattront vers d'autres productions plus réussies et plus marquantes à l'image de l'album solo de ce dernier cité paru l'année dernière.

0 Comments 05 décembre 2014
Whysy

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