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Septicflesh fait partie des grands noms de la scène métal européenne. Au-delà du temps et au-delà du trépas, le groupe grec a survécu à un split et après s’être recentré sur un album appelant au rassemblement des forces a affirmé sa position. Par la même occasion, le combo montre qu’il est prêt à faire vibrer l’auditorat en poussant le vice au point de se jouer de la mort en mettant en scène les sujets macabres au travers de leurs compositions redoutables. C’est toujours avec une extrême finesse que les Grecs parviennent à poser leur musique. Entremêlant adroitement la violence et le désespoir, on est toujours envoûté ou submergé par la puissance des accords helléniques. Cette orientation lugubre a longtemps été la source des erreurs concernant la classification de Septicflesh. Non, ce n’est pas du black métal mais bien du death métal dont il est question. La formation s’intercale dans un genre tout en glanant différentes idées pour recréer un tissu musical bien particulier voire limite indéfinissable.

C’est cette ingéniosité qui sera toujours un fidèle allié permettant de susciter l’émotion et tant que cet atout est correctement employé, il n'y a pas de soucis à se faire. Avec The Great Mass les musiciens appliquent leur talent dans un florilège de mélodies à la croisée des genres. Teintés de folie, de brutalité ou d’impérialisme, les arrangements exhibent ce pourquoi Septicflesh a une telle renommée. En effet, les morceaux tels que « The Vampire From Nazareth » ou « Mad Architect » envoient les solides fondements d’un death mélodique sur des ambiances parfaitement maîtrisées. Le chant de Spiros est tyrannique, coléreux et interprété dans la puissance. Le frontman donne un cours magistral dans un genre abyssal, et pourtant, son grain de voix reste de velours. Les arrangements prennent une dimension éthérée pour rendre l’union chant - instrument fertile.

Tandis que le côté atmosphérique des chansons tire une fois encore l’intérêt vers le haut, la versatilité et le mélange des styles se contractent pour asséner un grand coup de massue à l'auditeur. De leur côté, les arrangements orchestraux approfondissent à l’extrême le relief de l’album pour pousser le paroxysme à son point culminant. En effet, chaque titre prend sa place dans une farandole d’hymnes au sens artistique exacerbé. « A Great Mass Of Death » introduit des airs arabisants notamment par le biais du chant féminin et les choeurs renforcent le sentiment de grandeur du morceau. Le refrain de « Rising » est captivant et les riffs de « Pyramid God » pénétrants et martiaux... La conception de cet opus ne s’est pas faite à la légère et c’est de manière chirurgicale qu’opère nos musiciens. La portée est subtile et savamment dosée pour ne pas tomber dans le ridicule ou la caricature.

Vous l'aurez compris, les instrumentistes ont mis les bouchées doubles et cette évidence frappe dès les premières secondes. Les interrogations concernant la qualité de cette oeuvre s’évanouissent rapidement pour finalement disparaître définitivement dans les circonvolutions du génie dont fait preuve Septicflesh. Le groupe nous apprend que la beauté ne revêt pas toujours un côté chic et immaculé puisque les Grecs le démontrent en prenant le sujet par un autre bout. Comment pourrait-on aboutir au même résultat alors que les éléments de base sortent des carcans funestes ? La réponse se niche dans la richesse musicale et la justesse des compositions dévoilant tout un arsenal provoquant ce sentiment. « Oceans Of Grey » sublime cet état grâce à l'alliance des différents instruments. Qu'ils soient à vent, à cordes ou à percussions, on est plongé dans un environnement criant de vérité et affecté par la détresse. Les vocalises de la cantatrice ne feront qu'appuyer cette conception. « The Undead keep Dreaming » sombre dans une douce démence avec son refrain longuement répété, et les grésillements guitaristique qui finissent par bourdonner. Il est clair que les chansons se personnifient au travers d'un thème choisi pour illustrer The Great Mass.

La faute de goût n'est pas effleurée, toute la cohésion et la sauvagerie s'accordent de manière logique. Le titre de clôture « Therianthropy » se révèle en tant que morceau de choix avec ses ajouts de samples et le support de Sotiris au chant clair, on est finalement déstabilisé et désemparé. La frustration naissance qui s'accompagne avec la fin de l'album force à l'addiction, ainsi pour se replonger dans cet univers malsain, magistral et ô combien plaisant le seul choix qui s'offre à nous est de relancer l'album dans son intégralité en étudiant toutes les aspérités et pinaillant sur les petits défauts qui ont forcément du nous échapper... Cependant, il faut se rendre à l'évidence, les Grecs n'ont pas pondu une œuvre parfaite, puisque la perception de l'idéal est propre à chacun mais reconnaissons que The Great Mass est un album qui tient ses promesses. Disons le franchement, il ne s'agit en aucun cas de péter plus haut que son cul, puisque les orchestrations renforcées et la maîtrise sont ostensibles. Alors restons humblement à notre place et apprécions le disque à sa juste valeur et avec le mérite qu’il se doit.


- ȦɭɐxƑuɭɭĦĐ -

0 Comments 18 avril 2011
Whysy

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