Deux ans après la sortie de leur premier album “Children Of The Black Soil”, Her Whisper nous revient avec un nouvel opus sous le bras, intitulé “The Great Unifier”. Si vous êtes un habitué du site et que vous avez bonne mémoire, vous vous souviendrez que le premier essai du groupe n'avait pas laissé un souvenir impérissable à notre chère Licorne qui s'était, alors, aventurée loin de ses terres de prédilection...

Les suédois qualifient leur musique de « Dark Metal Symphonique », une définition à laquelle on peut effectivement adhérer compte tenu des différents éléments développés sur cet opus. Leur univers musical reste, cependant, assez difficile à décrire car il ne semble pas y avoir, de prime abord, de filiation évidente avec d'autres groupes... On pourra toutefois percevoir, ici et là, quelques inspirations puisées chez Nevermore ou Evergrey (pour l'aspect « Dark » de l'ensemble), Mystic Prophecy ou Tad Morose (pour la base Heavy/Power de la musique), Sabaton (pour la superposition de nappes de claviers sur du Metal brut de décoffrage), voire même Sentenced (pour l'atmosphère mélancolique de certains passages)...

Avec cette nouvelle livraison, Her Whisper nous propose un album légèrement moins « bourrin » que leur premier effort, avec notamment un travail plus important apporté aux ambiances et au chant. Cela dit, “The Great Unifier” conserve toujours une solide base Heavy/Thrash et une approche musicale très directe et puissante...

On retrouve ainsi une rythmique typiquement Heavy, c'est-à-dire principalement axée sur la lourdeur et le côté massif de la musique, plus que sur la vitesse d'exécution. Mais elle présente tout de même quelques accélérations redoutables lorsque le besoin s'en fait sentir ! Les riffs de guitares sont, eux, clairement influencés par la scène Thrash (“Structures Of Deceit” ou “Schadenfreude” par exemple) et les soli empruntés au Heavy classique. Les uns comme les autres sont généralement bien sentis et efficaces, même s'ils ne sont en rien révolutionnaires (cf. le riff bateau de “Path Of The Redeemer” ou du très classique “Emperor Of Sorrow”) et donnent parfois la sensation de déjà entendu (l'intro du néanmoins très bon “The Great Unifier” semble directement inspiré par Dark Tranquility)... Éléments prépondérants de l'ensemble, les discrètes (mais quasi omniprésentes) nappes de claviers participent activement aux différentes atmosphères de l'album. Tour à tour sombres (“Emperor Of Sorrow”, “Schadenfreude”) gothiques (“Fiend Angelical”, “Elegy For A Dying Rose”) ou futuristes (sur le très réussi “Artificial Intelligence”), elles s'avèrent être très pertinentes au final. Quant au chant, le guitariste/chanteur a mis de côté son timbre rocailleux à la Grave Digger (qui se limite désormais à quelques rares interventions) pour évoluer dorénavant dans un registre clair et dans les tons médiums. Même s'il reste encore perfectible dans les parties les plus aiguës et qu'il s'avère un peu trop linéaire à la longue, cette « nouvelle » voix se montre bien mieux adaptée au style de la musique et bien plus probante. A ce titre, le groupe cherche d'ailleurs un vocaliste à temps plein, le gratteux ayant décidé de se concentrer exclusivement sur son instrument.

Deux petits reproches pour finir...
Tout d'abord, il est un peu regrettable que la production soit trop brouillone par moments, les guitares se retrouvant parfois noyées entre les nappes de claviers, la batterie et le chant. Un son plus clair et massif rendrait l'ensemble bien plus efficace. Sinon, une prise de risque plus affirmée serait également la bienvenue ! En effet, lorsque les suédois s'aventurent sur des terrains un peu différents, comme sur “Artificial Intelligence”, cela leur réussit, et il s'agit là très certainement de l'un des meilleurs titres du lot (avec les plus classiques “Schadenfreude” et “The Great Unifier”).

Au final, rien de bien transcendant ou d'original à se mettre sous la dent, mais quelques bons points qui, avec l'arrivée d'un nouveau chanteur, laissent augurer d'un avenir plus radieux. Quoiqu'il en soit, le groupe a visiblement progressé depuis son premier opus et devrait encore aller de l'avant. Gageons donc que le troisième album du groupe lui permette de trouver définitivement ses marques et d'affirmer enfin son propre style...

6,5/10