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J’aimerais voir faire comprendre à quel point j’étais impatiente et heureuse de pouvoir écouter et chroniquer le nouvel album de Cathedral. J’attendais cet album impatiemment (5 ans depuis la sortie de The Garden of Unearthly Delights  c’est long !!!) et j’ai littéralement sauté de joie quand je l’ai reçu.  En même temps je suis consciente que parler d’un de ses groupes préférés est un exercice périlleux mais j’étais (et je suis toujours) décidée à présenter The Guessing Game de la façon la plus objective possible.  Je me suis appliquée à la tâche consciencieusement, méticuleusement, repoussant encore et toujours l’envie irrationnelle de crier au génie.

Parce qu’en vérité c’est ce que j’ai envie de vous dire : que ce nouvel album des maîtres du doom/stoner anglais est formidable. Tout simplement. La première fois que cet album a tourné, j’ai su que les dés étaient jetés : j’ai été prise au piège.

Mais je sais aussi que ça ne suffit pas. Ce n’est malheureusement pas aussi simple : ce n’est pas moi qu’il faut convaincre. Alors, si vous le voulez bien, jetons ensemble un coup d’œil à cet opus.

Et pour commencer, une fois n’est pas coutume, intéressons-nous à la pochette. Réalisée par Dave Pratchett, elle figure un enfant géant (un fœtus? Un totem ?) entouré d’oiseaux et d’animaux dans un paysage exotique sous un soleil éclatant. La première chose que l’on peut dire, c’est que ce dessin est à l’image de The Guessing Game (et du groupe par la même occasion). A moins que ce ne soit l’inverse. C'est un peu mystérieux, légèrement mystique, très coloré et complètement à part dans le paysage musical. Mais c’est bien le propre de Cathedral de brouiller les pistes.

En l’occurrence il s’agit plutôt de les allonger. Cet opus se compose ,en effet, de deux CDs (7 chansons sur le premier, 6 sur le second) pour une durée totale de 1h25 ! Presque la durée d’un film ! Ça peut paraître beaucoup.  Un disque de cette longueur peut en décourager certains, surtout que l’on n’a pas toujours 1h25 à « perdre » à écouter de la musique. Mais jamais cet aspect n’est un problème : on a envie d’en écouter toujours plus et finalement on ne se rend pas compte du temps qui passe. The Guessing Game s’écoule naturellement, avec légèreté, sans redondance ni ennui.

Les deux parties sont très denses mais le groupe anglais prouve une nouvelle fois qu’il excelle dans l’art de la composition. The Guessing Game s’ouvre sur les pleurs d’un bébé comme si, à chaque écoute, le disque renaissait et il se ferme sur un extrait de discours énigmatique sur la destruction et la renaissance. La boucle est bouclée. Entre temps, l’auditeur est plongé dans la nouvelle version du jardin imaginé une première fois par des anglais cinq ans auparavant. Le décor a un peu changé mais on retrouve l’essence de Cathedral. Les morceaux sont variés : tantôt déroutants («The Running Man» et son étrange fin) tantôt aériens mais toujours prenants à l’image du titre « Edwige’s Eyes » et de son refrain.

The Guessing Game mélange les genres, les effets, les rythmes et les phrases. Il touche la terre pour mieux rebondir, s’enroule, se déroule et ondule comme un serpent. Mais il reste toujours en parfait accord avec l’atmosphère particulière que Cathedral a su créer album après album. On retrouve l’impression d’être hors du temps et loin des choses. Des bribes de bandes sonores sont disséminées ça et là. Elles servent étonnamment bien l’album et l’univers musical du groupe.

En effet, les mélodies sont taillées sur mesure. Toujours précises et justes, elles sont en parfaite adéquation avec l’univers qu’elles décrivent. Cathedral semble tirer au maximum profit de la musique : Gary Jennings à la guitare nous propose des lignes subtiles soutenues par une batterie et une basse qui concordent toujours. C’est là d’ailleurs le plus grand talent du groupe : savoir trouver en toute circonstance les bonnes nuances, les bons accords pour raconter leurs histoires. Comme en témoigne le titre éponyme de l’album à la fois simple et efficace. Les morceaux sont, en outre, mis en valeur par le chant de Lee Dorrian qui fait preuve (encore une fois) d’une grande justesse. La voix est changeante, déconcertante. Calme ou énergique selon les chansons, le timbre du frontman sait aussi se faire moqueur ou même ironique («Funeral of Dreams») mais il permet surtout à l’album de prendre toute son ampleur («Death of an Anarchist»).

Cependant, au delà de tout ce que je peux et viens de vous dire, le plus simple est de vous inviter, tous autant que vous êtes, à écouter The Guessing Game. Cathedral nous propose une promenade envoutante, une évasion vers un autre monde, étrange, décalé mais toujours génialement inspiré. Plus que n’importe quel autre album, The Guessing Game se vit, se savoure, se ressent, plus qu’il ne se raconte. Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire. Bon voyage !

Nola

0 Comments 26 mars 2010
Whysy

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