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Voici encore une formation venue des pays germanophones puisque Artas est né en 2006 dans la capitale Autrichienne. Le combo nous livre ici son debut album intitulé The Healing mélangeant les genres et les influences. Alors que divers groupes se lancent à corps perdu dans les mêmes retranchements musicaux, les Autrichiens sont parvenus à se créer un univers assez atypique dans leur premier essai. Pour résumer, le groupe a su canaliser son flux musical dans un univers death/thrash et à le maitriser dans divers environnements. Mais n'allons pas plus loin pour l'instant sinon ce qui va suivre n'aura plus beaucoup d'importance. Je ne vais quand même pas me spoiler !

Le groupe se dote d'une production explosive pour faire son impact, la massive production est bel et bien bourrée de puissance et d'acharnement musical. Et le milieu dans lequel baigne Artas est à la croisée entre la rigidité et la droiture allemande et le feeling caliente latino. Ça peut en effet paraître étrange, mais c'est bien ici qu'on reconnaît la signature des nouveaux arrivants du métal extrême. Les morceaux comme « Barbossa » ou « Bastardo » sont de véritables exemples de cette influence. Le chanteur arrive à respecter le ton saturé du death et le groovy des ascensions mexicano. Tandis que les musiciens se montrent talentueux et anarchiques, emmenés par ce gros son bien entrainant, les horizons mélodiques se confondent à merveille. Les Autrichiens poussent le vice en reprenant « Gangsta's paradise » de Coolio d'une manière très pressante dès le début de l'album. La reprise est incongrue, pas exceptionnelle, voire même inefficace, mais elle a au moins le mérite de souligner l'ambiance désirée et de dépayser.

Au-delà de ces morceaux où le mélange latino-germanique semblant aux premiers abords immiscible mais se révélant en définitive explosif, nous aurons le droit à des titres plus conventionnels, comme les fabuleux « The Healing » ou encore « Blut ». Les chants sont incroyablement furieux et les riffs outranciers tout au long des morceaux. Les chansons se dédoubleront et se dédouaneront des passages latinisants. Les titres en Allemand pur comme « Fick Das Fett » ou « Rhagenfels » ponctuent la tracklist pour apporter un souffle de violence apportée en grande partie par les rythmiques oppressantes et la langue allemande qui n'est pas très amicale (si on dresse les animaux du cirque en allemand ce n'est pas pour rien). « Through Dark Gates » met en lumière le Radek (bassiste) et Chris le batteur maintient le reste de la bande en s'amusant sur des variations de cadences improbables.

L'ambiance conférée se solidifie au fur et à mesure des titres, cependant comme tout néophyte, le chemin décrit par Artas contient des erreurs de parcours comme le titre « Kontrol » et son chant forcé au vibrato.
Puisqu'on parle des défauts, on notera au passage des petites imperfections que le groupe devra prendre en compte s'il ne veut pas réitérer la faute à l'avenir. Par exemple, l'absence presque constante de solis ou d'inventivité mélodique. En fait, Artas est l'exemple parfait que la brutalité ne rime à rien sans un minimum de mélodies dignes de ce nom (cf. bannière de Heavylaw). Les Autrichiens impressionnent par les multiples caractéristiques de leur œuvre axée principalement sur un déferlement d'énergie. Ça sonne fort mais ça sonne creux, le déluge de violence sombre parfois dans un déluge de médiocrité. Sous ce manteau de frénésie, on découvre un album frêle et rachitique en terme de recherche musicale... Mais ne noircissons pas le tableau car la musique du combo est bien expansive.

« The Butcher Guilt » marqué par un rythme plus lourd emportera plus d'un dans la folie de l’headbang et « A song Of Ice And Fire » en touchera avec son ton beaucoup plus mélancolique. Les variations du death/thrash mélodique sont tout de même présentes ce qui est dommage c'est plus la linéarité que l'on peut rencontrer sur The Healing. Ce qui est enfin dommage c'est que l'idée trouvée au début s'estompe et n'est pas maintenue jusqu'à la fin. Pour ainsi dire la rupture est quasi nette et le groupe évolue à la fin dans un tissu mélodique plus conventionnel martelé à coup de double pédale. Quoi qu'il en soit, pour un premier album, on pourra mettre en évidence le fait que les Viennois délivrent ici un album d'une qualité qui n'a pas à rougir et qui aura son effet sur le long terme.


- ĦĐ -

0 Comments 26 octobre 2008
Whysy

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