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L’esprit critique vient de pair avec l’expérience. Tout le monde reconnaît cette loi de la connaissance, n'est-ce pas? Il se trouve qu’elle s’applique à tous les domaines, de l’oenologie à la culture Métal. Chers collègues et chers lecteurs, j’aborde aujourd’hui un sujet chaud : l’identité du métal progressif. Néophyte, je m’émerveillais devant la maîtrise instrumentale des maîtres Dream Theater et devant la créativité musicale transcendante de Lucassen et Gildenlöw. Or, l’exploration de ce genre ô combien jouissif et indépendant musicalement m’amène à un sombre constat : l’appellation « prog » semble colportée à vau-l’eau, et désigne souvent des formations dont la seule originalité consiste à greffer à leur musique le rythme classique du Prog popularisé par Dream Theater ou Symphony X. Daniel Gildenlöw faisait d’ailleurs référence à cette tendance dans une interview que vous pourrez lire ici :

c'est devenu une sorte de musique à recette. Tout se ressemble.



La musique de Shadowkeep est un bon exemple de cette opinion certes dérangeante que je soulève. Originaire du Royaume-Uni, le groupe vient tout juste de publier son quatrième essai intitulé « The Hourglass Effect ». Officiellement catégorisé comme « Power/Prog », pochette illustrant une scène spatiale/psychédélique, chanteur dont le timbre ressemble à s'y méprendre à celui de Nils K. Rue (Pagan’s Mind) : bien des indices sont présents pour introduire une possible bonne découverte. Et pourtant? Sommes-nous trompés par cette abondance de stéréotypes?

Il faut d’abord dire que malgré un début très stéréotypé Prog (Incisor) et quelques interludes du même acabit, le ton général de l’album tend beaucoup plus vers le Power que vers le Prog. La limite entre les deux est d’ailleurs assez distincte, et dans le contexte, c’est plutôt une bonne chose tant les pièces se succèdent et se ressemblent, créant une identité musicale certes pas trop mal définie, mais dans l’ensemble plutôt monotone. En début d’album, seules quelques pièces, notamment celles où figurent ces rythmes et sonorités progressives classiques mentionnées plus haut ( Quel non-sens! ), parviennent à tempérer ce manque de variation entre les pièces, et donc, de fournir une ponctuation à l’album (Incisor, Waiting for the Call). La seconde moitié dérive vers des rythmiques plus progressives, mais on n’est pas bluffés : la recherche musicale n’en est pas digne, et en bout de ligne le changement ne suffit pas à égayer l’écoute.

Pourtant, le jeu des musiciens n’est pas trop mal! Sans être très originaux, la maîtrise technique des instruments et les mélodies sont de bon acabit, et arrivent par moments à convaincre. Waiting for the Call plaît immédiatement par son refrain accrocheur, et la clôture est assurée par How Many Times Have We Tried To Save The World, une ballade où le chant est enfin mis en valeur, accompagné d’un piano étonnamment efficace dans sa sobriété. Néanmoins, les deux autres ballades (Six Billion Points Of Light et Leviathan rising) ne peuvent se targuer du même effet.  Il est aussi dommage que le groupe n’ait pas bénéficié d’une meilleure production, même s’il s’agit d’un quatrième album. Le son un peu brouillon ne contribuera certainement pas à l’envie de réécouter l’album plusieurs fois. Au final, ajoutons ceci à cette monotonie et à ce manque d’originalité que je mentionne plus haut, et vous avez les raisons principales expliquant pourquoi le travail de Shadowkeep ne semble pas suffisant pour les propulser vers une plus grande notoriété. Je délivre donc un 5/10, et puisque la volonté y est, je leur souhaite tout de même bonne chance pour la prochaine fois…


0 Comments 28 janvier 2009
Whysy

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