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Le marketing et la communication, quelles belles disciplines ! Si vous lisez mes chroniques, vous pourrez remarquer que je fais assez souvent allusion à ces spécialités pour introduire mes propos. Non pas parce que je souhaite vous apprendre ce que l’on m’enseigne à l’université, mais tout simplement parce que ces domaines jouent leur importance dans chaque processus commercial. L’industrie du disque ayant pour but premier de faire vendre (le plaisir de partager sa musique arrivant en deuxième), elle est automatiquement confrontée à ces types de procédés pour mettre en avant leurs produits.  Ces derniers temps, un processus marketing est très en vogue pour permettre d’attiser la curiosité des personnes et de faire parler de son produit : la communication évènementielle. Créer un évènement, quelque chose d’unique afin de créer un marketing viral (appelé également buzz marketing) pour qu’un maximum de personnes connaisse le produit qui induit ce bouche à oreille et ainsi augmenter le nombre d’achat. Avec « The Incident », Porcupine Tree a fonctionné, et peut être sans le vouloir (même si j’en doute), de cette façon. Qui n’a pas été (moi le premier) surpris et avide de curiosité lorsque le groupe a annoncé sa volonté de réaliser un unique morceau de 55 minutes ? Une chose unique (un évènement en soi) qui a rarement été fait et qui pourrait (connaissant le talent d’écriture de Steven Wilson) s’avérer exceptionnel. L’évènement était si fort qui l’a pratiquement occulté le fait que l’album comporterait un second disque avec quatre chansons. Mais vous en conviendrez, si le titre principal est raté, ce n’est pas la seconde galette qui sauvera l’album. Bref notre curiosité était à paroxysme mais allait elle déboucher sur une bonne surprise ?  Tout d’abord, on s’est tous posé la question de savoir si le morceau allait être cohérent et ce du début à sa fin. Une première idée de réponse qui se proposait à nous était la composition du morceau et la durée de chaque partie qui le constituait. Quatorze parties dont une de onze minutes, cinq de quatre à six minutes et le reste avoisinant les une à trois minutes. Avec cette structure, l’album semble déjà bancale avant même de l’avoir écouté. Et quand on écoute l’album, on se dit, malheureusement, que la cohérence n’y est même pas musicalement parlant. Le tout semble très hétérogène, très peu de mélodies se répètent et plusieurs enchainements entre parties sont bancales (« Drawing the Line », « The Incident » par exemple). Au final, on a plus l’impression d’écouter quatorze titres différents qu’un seul et unique morceau.  Je dis quatorze mais devrais je plutôt dire six véritables morceaux. Car en effet, pas moins de huit interludes parsèment « The Incident ». Chantées ou uniquement instrumentales, leur efficacité est plutôt contrastée. D’un côté on a des interludes basées sur des lignes mélodiques et vocales émotionnellement saisissantes (« Great Expeditions », « Kneel and Disconnect », « The Sceance ») et de l’autre des intermèdes d’une fadeur et d’un ennui étonnant (« Your Unpleasant Family », « The Yellow Windows of the Evening Train » et « Degree Zero of Liberty » qui n’apporte rien par sa quasi similitude avec « Ocean’s Razor »). De manière générale, ces petits morceaux intermédiaires s’intègrent de façon hasardeuse avec les « véritables » compositions.  En ce qui concerne ces titres plus « consistant », on a le droit à du Porcupine Tree pur jus. Un enchainement de parties éthérés et de parties intenses très bien orchestré. La célèbre guitare acoustique, souvent accompagné d’un magnifique piano, alterne avec des rythmiques puissantes et lourdes qui sont malheureusement trop peu présentes sur ce dernier album des britanniques. L’équilibre n’est pas vraiment respecté entre les moments calmes et les moments plus rythmés. Dommage car le peu de fois où l’arbre à porc épic s’emballe, le groupe nous délivre des moments prenants et plutôt planants (« The Blind House », « The Incident » renforcé par un texte magnifique, « Octane Twisted »). Les arrangements minimalistes mais judicieusement placés créaient une atmosphère unique et assez jouissive sur certains morceaux (« Drawing the Line », « Circle of Manias »). La batterie de Gavin Harrison est fidèle à elle-même, minimaliste comme les arrangements mais d’une efficacité dévastatrice (« The Incident » par exemple).  Malgré ces quelques points positifs (souvent relevés sur leurs anciens albums), l’album comme je vous le disais manque de mordant et de puissance. Les passages calmes font la part belle aux passagex rythmés. Et même si les lignes mélodiques et les lignes vocales sont très belles et très travaillées, il manque de nombreux moments percutants qui nous tiennent éveillés tout au long de l’écoute de l’album. L’album s’essouffle de part ses plutôt longs passages ennuyeux entre les parties plus pêchues. Le titre « Time Files » résume assez cette pièce unique de Porcupine Tree. Des couplets assez basiques relevés par un milieu de composition efficace de part sa rythmique soutenue et sa mélodie prenante. Sauf que les breaks de guitare acoustique sont bien trop nombreux et cassent la dynamique et du coup rajoute de la longueur, qui n’a pas lieu d’être, au morceau.  L’album n’étant pas assez long pour les britanniques, ils ont cru bon de réaliser un deuxième disque avec quatre pistes dessus. Je ne m’attarderais pas sur cette seconde galette tant celle-ci est presque inintéressante. Non pas que la qualité des morceaux soit mauvaise, « Flicker » et « Bonnie the Cat » étant deux titres intéressant mais ce deuxième CD (qui fait figure d’EP) est en totale incohérence avec le titre « The Incident ». Ce dernier qui se voulait unique et décrédibilisé par le second disque qui est, au final, tout simplement du remplissage et au final on se surprend de l’écouter assez rarement…  En conclusion, Porcupine Tree nous offre un album aux belles mélodies (quoique moins bonnes qu’un In Abstentia ou encore un Fear of A Blank Planet) mais la trop forte absence de moments fédérateurs rend l’album à la longue lassant et le fait que « The Incident » soit une pièce unique et sans précédent ne constitue même pas une valeur ajoutée. Et puis, l’idée de créer un seul et unique morceau commence à toucher d’autres groupes comme Transatlantic qui va encore plus loin avec un morceau fleuve de 75 minutes et qui devrait envoyer aux oubliettes l’essai de Porcupine Tree.  Doryan.

0 Comments 03 novembre 2009
Whysy

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