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Qui a vécu assez longtemps pour voir mourir des étoiles et naître des galaxies se souvient peut être encore de cette interview donnée par monsieur Turilli en 2002, le lendemain de la sortie de son deuxième album solo : «Prophet Of The Last Eclipse». Je m’en souviens comme si c’était hier, il nous affirmait sa soif intense de composition et nous annonçait la sortie imminente d’une foultitude d’albums tous plus expérimentaux les uns que les autres.

Sans doute ais-je brusquement été transporté dans un univers parallèle, mais cette prophétie annoncée par le virtuose transalpin ne s’est pas accomplie, et c’est bien après quatre longues années d’attente et de souffrances que les fans transis apprirent enfin la sortie officielle du troisième effort solo du sire : «The Infinite Wonders Of Creation». L'attente ne fut toutefois pas inutile, car elle permit de mettre en valeur au fil du temps la qualité immense des premiers disques sortis par Luca Turilli : le premier revisitant par le menu les acquis du Speed Metal Symphonique, le deuxième creusant au plus profond des expérimentations les plus folles (électroniques, folkloriques, baroques) pour une salade composée fantastiquement goûteuse.

Cette confirmation de l’importance de Luca Turilli comme icône centrale du Heavy Metal ne pouvait qu’aboutir à une inquiétude justifiée quant à la qualité de ce nouvel opus si longtemps retardé. Quels sentiers encore inexplorés allait-il arpenter ? De quelles folles expériences ce savant fou allait-il nous gratifier ? Et au lieu de m’apporter des éléments de réponse, les premières écoutes de l’album ne firent que me renforcer dans mes doutes. Car si la patte remarquable de Luca Turilli était toujours bien présente dans les compos, c’est bel et bien un retour au classicisme qui est proposé par «The Infinite Wonders Of Creation». Comme une consécration pour le maître incontesté du Metal Symphonique.

En effet les concepts ridicules et les prises de risques semblent remisés au placard, les choeurs sont de plus en plus présents mais empruntent désormais à un registre baroque religieux bien connu, les thèmes et ambiances plus grandiloquentes, la guitare plus discrète, et la composition infiniment plus sobre. Cette constatation est évidente sur les titres envolés de l’album reflétant à merveille cette nouvelle tendance, les sonorités se font moins avant-gardiste (malgré une persistance d’effets de claviers très réussis), et les chansons plus directes et faciles à assimiler. A l’image de «Mystic And Divine», «Mother Nature» ou encore «The Miracle Of Life», la plupart des titres présentent de très nombreuses qualités : Un chant plus classique, mais tellement bien maîtrisé qu’il porte Olaf au sommet de son art (les refrains de «Mother Nature» et «Altitudes» convaincront les plus réticents), des rythmiques péchues et des riffs efficaces conciliés avec de nombreuses variations d’ambiances (démarrages souvent tranquilles, la présence de choeurs baroques et des sonorités cristallines omniprésentes). Et surtout une grande capacité émotionnel, les refrains font frissonner jusqu'à la moelle, et l’album laisse rarement l’auditeur indifférent. En outre les quelques ballades «Silver Moon» et «Altitudes», intègrent à merveille la nouvelle soprano Bridget Fogle, et dégagent une puissance vocale immense. Quant aux mid-tempos «Angels Of The Winter Dawn» et «Mystic And Divine», elles permettent de faire la connexion entre le passé et le présent, avec des expérimentations plus marquées que sur le reste de l’album.

On en oublierai presque que Luca Turilli s’est discrètement rétracté dans son aventure expérimentale, et qu’il se résout de nouveau à arpenter des sentiers connus sans chercher plus avant à révolutionner son style. Si sa qualité de composition et d’orchestration reste immense, cet album n’en reste pas moins une oeuvre peu originale, et qui déçoit par rapport à l’incroyable débauche de création qui avait caractérisée les deux premiers disques. Et pourtant Luca cherche bel et bien a innover sur ce disque, mais rarement avec succès comme le montre des titres décevants comme «Pyramids And Stargates» et «Cosmic Revelation», qui réutilisent jusqu'à la nausée une recette innovante pour rendre l’ensemble particulièrement indigeste. Le titre épique «The Infinite Wonders Of Creation» avec son côté « soundtrack », ne transcende rien et parait bien plat par rapport à ses glorieux prédécesseurs.

L’avis est donc mitigé, mais plus en considération de la carrure du compositeur que de l'album en lui-même. On a ici affaire à un très bon disque du genre qui saura au fil du temps affirmer sa force. Mais c’est plutôt Luca qui déçoit, peu aventureux dans ses plans de guitares et ses orchestrations, il apparaît sous un jour bien conservateur et devra sans doute se renouveler drastiquement dans le futur, pour assurer la pérennité de son style.

SMAUG...

0 Comments 08 mai 2006
Whysy

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