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Musique extrême, chants saturés, batterie ravageuse, bref tout pour déplaire aux fans de heavy mélodique. Telles des balles tirées sur un mur, l'effet du death/thrash sur vos oreilles ricoche et il est impossible pour cette musique de pénétrer dans votre esprit. J'ai trouvé la clé pour vous ouvrir la porte de cet univers : la solution s'appelle Destinity. Le combo lyonnais a sorti le grand jeu en cette année 2008. The Inside à l'aspect rugueux, très boosté en testostérone et très efficace en pervertira quelque uns. L'album intitulé ainsi invite à aller à l'intérieur ... Oui mais à l'intérieur de quoi ? Je vous propose tout simplement d'explorer cet album d'une richesse bien présente !

A l'intérieur de la puissance !
Constat inévitable à la première écoute : The Inside est un pur concentré de puissance : une déferlante de batterie en fond imposant un rythme effréné en double pédale de grosse caisse, des soli dissonants, des skank-beats à faire pâlir le plus violent des groupes de deathcore. La puissance dégagée par les musiciens est de taille, les riffs de guitares cinglants prennent possession de presque tous les titres (« My Senseless Theory », « Inhuman Corrosive Report », « Ready to Leave », « Enemy Process »). Les guitaristes Zephiros et Ponce sont talentueux et de leurs doigts experts sortent des courtes phrases mélodico-rythmiques incommensurables. « Inhuman Corrosive Report » par exemple est sans aucun doute le morceau le plus frénétique hyper aseptisé dans lequel les riffs poignants contrastent au milieu des chants presque religieux. Les capacités sont au rendez-vous et à tous ces éléments s'ajoutent une voix (celle de Mick) qui est ajustée sur une telle base musicale, autant vous dire que le chanteur n'a pas la voix de castra. La force persuasive des growls caverneux sur les titres endiablés font de cet opus un album très difficile d'accès pour les néophytes. Le chant se superpose à merveille avec tout l'attirail instrumental, Mick pousse les titres à leur paroxysme avec son organe parfaitement marié aux ambiances malsaines et destructrices abordées dans l'album.

La puissance n'est pas la seule qualité que l'on peut noter dans The Inside, ceci n'était que la première couche, voyons voir ce qui se trouve encore un peu plus loin ...

A l'intérieur de la mélodie !
Une fois les aspects techniques entamés, on pourrait croire que le tour est fait. The Inside est un album insipide regorgeant de violence et d'effets volumiques en tout genre. La découverte ne s'arrête pas à ce constat ! Après les flots extrêmes, d'autres éléments prennent place. C'est au tour du back vocal d'entrer en scène. David introduit un chant clair justifié par les refrains plus catchy et il sert à embellir les passages moins lourds afin de ne pas donner une impression de remplissage (« Murder Within », « Thing I Will Never Feel », « Still Remember »). Le back vocal n'est pas systématique et l'utilisation avec parcimonie de ce deuxième chant fait que l'on apprécie les moments où celui-ci s'exprime car il arrondit les passages trop carrés et un peu pesants.
Outre le chant, l'incarnation mélodique prend vie aussi grâce aux claviers. En accompagnant les riffs de guitares et certains soli, ceux-ci perdent leur côté brutal pour devenir vertigineux. Et petit à petit, les pianos s'imposent dans la structure musicale trouvant leur place au milieu des autres instruments déjà bien présents. Le clavier devient lui-même générateur de riffs (« Thing I Will Never Feel »). Destinity a poussé l'aspect mélodique jusqu'à mettre un intermède digne de James Newton Howard à la fin de « A Thousand Falling Skies » titre pilier selon moi de The inside. On ressent par conséquent l'effort des Lyonnais pour porter leurs titres à un rang plus haut avec tout cet arsenal mélodique.

Nous avons percé la seconde couche, maintenant il est temps que nous arrivions au cœur du sujet !

A l'intérieur du plaisir !
Lorsque l'on combine de la puissance parfaitement dosée et des passages mélodiques, on obtient un album d'une bonne trempe avec de jolies prétentions. Destinity ne s'arrête pas en si bon chemin. Au delà de l'alliance des deux éléments majeurs soulevés précédemment, la composition est habilement menée. L'intelligence des français transpire sur l'album puisque les titres sont porteurs d'intérêt : chaque morceau est différent et apporte une nouveauté appréciable. The Inside s'autoentretient par un renouvellement au sein d'une même thématique. Les effets sont nombreux, il n'est pas rare de tomber sur des breaks ou sur des éléments empruntés à divers univers « Escaping reality » se différencie par une intro à la guitare sèche annonçant une ballade qui ne sera pas au rendez-vous, « The Inside » par une ambiance plus symphonique, « Escaping Reality » par un jeu de batterie de Morteüs.
La cerise sur le gâteau est pour « A Thousand Falling Skies ». Comment ne pas tomber sous le charme de ce titre? Le riff d'intro est non pas envoutant mais hypnotisant, les beats entrainants et les mélodies de véritables hommages au Métal, les leads menés généreusement. Ce morceau montre combien la formation est appliquée et professionnelle.

A la fin de The Inside on comprend que Destinity a réalisé un album absolument magnifique, inspiré, d'une richesse époustouflante. La production a fait le pari de mettre l'accent sur les guitares, du coup la batterie est relayée en second plan (petit reproche que l'on peut opposer) mais n'a pas vraiment d'incidences désastreuses. The Inside offre un fabuleux voyage au cœur du death/thrash mélodique avec de nombreux points forts. Les Français nous laissent sur le cul (y a pas d'autres mots) de par l'intelligence de la composition qui reste jouissive et inspirée. Pour moi pas de doutes possibles, Destinity, une référence dans le métal français et dans le genre ! L'exploration s'achève ici, mais si comme moi vous avez trouvé le voyage trop court (47 minutes), il reste plus qu'à relancer l'album pour de nouveau pénétrer à l'intérieur ...

0 Comments 09 mars 2008
Whysy

Whysy

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