Vous recherchez quelque chose ?

Je me fait chier, il pleut, je viens de me casser un ongle, bref c'est l'horreur et la pauvre chroniqueuse est de très mauvaise humeur. Elle sort sa liste de promos, elle regarde ce qu'elle pourrait bien massacrer comme album pour se calmer les nerfs, et pour créer un peu de sensation en faisant bien poiler ses collègues qui aiment bien quand BubbleJune elle fait la peau à un album qui ne vaut pas grand chose.

La victime du jour s'appelle Clandestine. Déjà, rien que le nom du groupe, en plus d'être moche, il est passe-partout, et sans même avoir inséré le CD, si ça se trouve, l'album il est du même calibre et ça donne déjà envie de le jeter. Et ça m'évitera d'être crispée si c'est trop nul et de me mettre du rouge à lèvres complètement à côté. En plus, vu le genre dans lequel il évolue, le metal progressif (vu les minutes attribuées à chaque titre c'est un bien grand mot), ce groupe-là possède toutes les cartes en main pour se planter. C'est bien ma veine tiens. Et hop, en plus, y'a une chanteuse. Déjà que les groupes à vagins sur pattes, ça court les rues, alors là ça sera encore plus passe-partout qu'avec un mâle viril et à la chemise au col en V pour bien montrer ses poils et ses pectoraux tellement c'est un homme, un vrai, vous voyez le genre ?

Et la pochette dans tout ça ? Pas terrible non plus, trop décousue, j'aime pas ça du tout. Alors là c'est bon, tout est réuni pour passer un mauvais moment qui deviendra jouissif tant ça va être sadique, ce cassage en règle. Et l'opus il s'appelle comment ? «The Invalid». Les américains auraient peut-être pu se fouler un peu plus pour avoir un nom sympa. Y'a bien un titre du nom de «Disappear in You», ça aurait pu faire un titre moins banal, et une jolie pochette, tiens je l'imagine déjà d'ici et ça me frustre encore plus. C'est fou ce que ça peut être irritable, une chroniqueuse, parfois.

Si vous êtes de mauvaise humeur et que vous voulez casser un groupe, un conseil, évitez donc Clandestine, car non, ce premier essai n'est pas mauvais du tout. D'autant plus qu'il sait être plutôt diversifié et accrocheur sans être passe-partout. Rien que l'enchainement des morceaux est assez révélateur de cette tendance à ne pas faire la même chose à chaque fois, les touches electro de «Fearless» n'ont rien à voir avec «Silent Sin», une ballade dans un registre très pop. L'ensemble est moderne, notamment par les riffs, mais aussi par le chant de June (la copieuse !), tantôt hurlé, tantôt plus en hauteur, presque dans le lyrique, mais bien plus souvent, c'est dans un registre plus naturel que la chanteuse évolue, avec un timbre typiquement asiatique, alors de ce côté, soit on aime, soit on aime pas, et si vous êtes plutôt dans la seconde catégorie, tentez de faire abstraction de la voix pour vous concentrer sur la richesse mélodique, très bien amenée par l'excellente production de ce «The Invalid».

Du metal prog, dites-vous ? Une dénomination qui se révèle plutôt exacte, malgré la durée généralement plutôt courte des 10 pistes qui composent cette offrande. Déjà, un mauvais travers du groupe, c'est de tomber dans le cliché récurrent du prog, à savoir celui de montrer que ces jeunes gens possèdent de la technique et savent se servir de leur instrument. Et, malheureusement, parfois on assiste à du démonstratif qui, s'il n'est ni maladroit, ni amateur, voir totalement professionnel, est inutile et ennuie plutôt que ne captive. Heureusement que le quatuor outre-Atlantique sait varier le propos, et propose ainsi moult changements de rythme au sein d'un titre même, restant relativement solide et cohérent. Et en plus, les refrains sont souvent bien énergiques et puissants, du coup, il est bon de s'attarder sur «Disappear in You» qui est une bombe, ou «Fracture», avec une ambiance plus glaciale mais terriblement envoûtante, ce qui vaut le titre de meilleure piste proposée ici. Si la synthèse doit être faite sur la musique délivrée, alors, elle se situe entre Dream Theater pour le côté progressif, et Lacuna Coil pour les tubes et la facilité d'accès. Une bonne porte d'entrée pour convaincre les sceptiques que le prog, c'est pas si mal que ça en a l'air.

Tout n'est pas non plus tout rose en parlant des morceaux, et parfois, ça cloche un peu de ce côté-là. Comment ne pas être déçu sur «Silent Sin», qui aurait pu être jolie si un peu plus originale et travaillée, car du travail, c'est certain, le groupe sait en accomplir et ne semble pas avoir rechigné à la tâche pour avoir composé cette première mouture. De même, «Phantom Pain» a des allures de demo, et «Dead to the World» n'est pas si marquant que ça, on sent que la formation aurait pu faire bien mieux, mais s'est visiblement reposée sur ses lauriers au lieu de reprendre ce qui ne va pas, à savoir un refrain trop plat. Pour le reste des morceaux, la qualité est bien présente, et les quelques pépites viennent faire oublier bien vite le moins utile.

Je suis furax, mais vraiment, vraiment très furieuse. Moi qui voulait pouvoir descendre, massacrer, humilier (+ encore des -er) ce «The Invalid», je suis devant un constat : cet opus est bon, et même s'il comporte quelques travers, la musique est finement recherchée, alliant efficacité et solidité. Bon, pas le choix, pour me calmer les nerfs, je vais aller me défouler sur quelque chose de vraiment mauvais, autrement je risque d'exploser ...

note réelle : 7,5

0 Comments 01 mai 2011
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus