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Paru en 1998, The Kindness Of Strangers est définitivement les meilleur album des californiens de Spock's Beard, période Neal Morse. Et pour l'instant, malgré leurs louables efforts, les membres restants du groupe ne sont pas parvenu au niveau de ce chef d'oeuvre, à mon humble avis. C'est l'album archétypal du style Neal Morse, qui sur l'ensemble des sept morceaux présents ne commet pas la moindre faute de goût. Il faudra attendre plus d'une décennie pour revoir le saint homme atteindre une telle maestria, par le biais du troisième album de Transatlantic, The Whirlwind, ainsi que son dernier opus solo, Testimony 2.  Kindness démarre pourtant en douceur avec The Good Don't Last, que l'on aurait pu placer entre Nursery Crime et Foxtrot en termes de son et d'intentions mélodiques, même s'il en est loin au niveau qualité de composition, faut pas déconner quand même. C'est avec In The Mouth Of Madness que les choses sérieuses démarrent: virtuose, agressif/planant, et surtout concis, Spock's Beard a laissé fermée l'armoire à gimmicks prog et envoie du bois dans les grandes largeurs. Comme si, miraculeusement, Neal avait soudain compris ce qui avait fait la réussite des grands du prog d'antan: bien sûr, de la virtuosité et des solos qui claquent; évidemment, de longs développements progressifs, en termes d'ambiances et de mélodies; mais avant tout, en premier lieu, une capacité directement héritée des sixties à écrire des belles chansons, facilement identifiables grâce à des mélodies légères et une harmonisation riche mais efficace.  C'est simple, y a qu'à voir le maître à penser de tout ce petit monde, à peu de choses près le maître à penser de la Terre entière: Wolfgang Amadeus Mozart. Faites disparaître ce sourire narquois de votre visage, cachez-moi ces yeux ébahis, non vous ne rêvez pas je parle de Mozart sur un site de metal. Explications. Est-ce qu'il faut à Mozart vingt-cinq minutes de développements et un orchestre de 150 personnes pour vous exploser la tronche? Pas du tout, un piano, un orchestre de chambre, quelques lignes de mélodie et le tour est joué! Tout est dans l'efficacité, c'est ce qu'ont très bien compris les plus grands génies de la musique populaire moderne, Lennon et McCartney en premier, et après, pour ne citer qu'eux, Gabriel et Banks. En bon connaisseur, Morse applique cette méthode et ça marche d'enfer. Par exemple, sur Strange World, une intro agressive de trente secondes suffit à mettre dans le bain, et la cassure du thème principal joué au piano et chant est saisissante. Mais ce n'est que le début, car sur le deuxième couplet le groupe joue à l'économie: rythme martial de batterie, accords simples de piano en doubles croches, et des interventions jumelées de basse et de guitare. Tout simplement magique. L'intervention brutale d'Alan Morse annonce un refrain enlevé et franchement metal, tout en puissance et dextérité, et le morceau continue à ce rythme alternatif, avant un solo de larsens du meilleur effet. Une merveille.  La variété des ambiances sert grandement Kindness, chaque morceau étant une touche de fraîcheur tranchant avec la chanson précédente: grosses guitares sur Cakewalk On Easy Street, belle balade acoustique avec June. Le groupe n'en oublie pas pour autant son identité prog, et les deux pièces qui viennent clore l'album nous le rappellent avec majesté. Festival de solennité et de technique, porté par une suite d'accords ébouriffante, Harm's Way s'impose comme un des grands moments de l'album. Les cinq californiens The Kindness Of Strangers terminent en beauté avec Flow, qui rappelle à nouveau très fortement Genesis, mais cette fois pour le meilleur.  Gorgé de mélodies splendides et de nombreux moments de bravoure technique, The Kindness Of Strangers est un incontournable du prog moderne, et place en 1998 Spock's Beard au sommet. Ils ne quitteront plus ces hautes sphères sur leurs deux prochains albums, et sauront varier la forme de leur art sans perdre leur âme ni leur identité. Cette méthode arrivera à son terme au début du siècle et ce ne sera pas sans conséquences sur l'avenir du groupe, mais ça, c'est une autre histoire.

0 Comments 29 juin 2011
Whysy

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