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The King Of Hell c’est le genre de disque qui s’écoute tous décibels dehors pour le plus grand bonheur des voisins. Grand généreux que je suis (en témoigne mon titre caché très facile du dernier HeavyBlindTest), j’aime partager en période de fêtes. Tenez, l’an passé à pareille époque, j’avais fait retentir le dernier Kragens dans tout l’immeuble. Cette année, pour consolider mes relations de bon voisinage, j’ai donc choisi le dernier Helstar pour étrenne envers tous les êtres pourvus d’oreilles situés de part et d’autre de mon appartement. Cet album de Thrash V.S.O.P. (Thrash Very Special Old-school Power) est en effet idéal pour combler votre entourage comme il se doit, en toute élégance métallique.

Il eut en effet été dommage de passer à côté du premier titre, The King Of Hell, tout trouvé pour introduire cet album qui se veut un véritable passeport pour l’enfer. Le chant de James Rivera sur ce titre ne laisse à l’auditeur aucune autre échappatoire que de le suivre dans les bas-fonds du royaume des ténèbres, son refrain puissant annihilant tout espoir d’en réchapper. Je vous avoue, à ce moment-là, avoir eu quelques craintes sur la réceptivité de mes voisins à ce genre de musique. Mais c’était sans compter sur l’esprit de Noël, sur cette convivialité chaleureuse qui anime les gens d’une grande sensibilité à l’égard de leur prochain. Et oui, je vous prie de croire qu’ils ont adoré Helstar.

Pourtant j’avais peur pour la vieille dame d’à côté, dont la surdité risquait de la priver d’un tel plaisir. Mais dès le second titre, The Plague Called Men, j’ai su qu’elle entendait. Tout du moins percevait-elle les vibrations de la grosse caisse. Oui, j’étais rassuré car ma voisine accompagnait le batteur en tapant elle-même sur notre mur mitoyen. Je l’imaginais, headbanguant de joie et faisant taper son déambulateur entre le portrait du petit-fils et la photo de Patrick Sébastien découpée dans Télé7Jours. Comme quoi, le bon Heavy-Power-Thrash, ça a son petit effet revitalisant. En plus, les coups de la dame apportèrent un peu de folie à ce titre sur lequel la batterie accomplit son labeur avec une monotonie mortelle.

Le voisin d’à côté, célibataire sympa mais un peu lourd, eut également une réaction qui dépassa mes attentes. Je craignais que le troisième titre, Tourmentor, ne le tourmente un peu, mais pas du tout ! Point effrayé par les lignes de chant ressemblant à un sermon qui serait prononcé par le diable en personne, il sortit dans le couloir pour venir frapper jusqu’à ma porte. C’est ça aussi l’esprit de Noël ! Le titre suivant, When Empires Fall, fit empirer son état d’allégresse : il se mit à crier et tambouriner de plus belle. Je n’eus pas besoin de comprendre ses dires (impossible à cause du volume de la musique) pour savoir qu’il me remerciait de lui faire partager ce titre influencé Thrash d’époque à la Overkill, que les connaisseurs apprécieront pour son chant démesurément criard et ses guitares incessantes et enserrantes.

L’album enchaîna sur un morceau dont les mélodies simplistes se résument à de grossières sinusoïdes vocales témoignant d’une inspiration défaillante. J’ai alors craint de mettre le reste de mes voisins en mauvaise disposition avec ce titre intitulé Wicked Disposition. Mais je n’eus plus l’ombre d’un doute quand j’aperçus le concierge de la résidence par la fenêtre, m’adressant des grands signes, de reconnaissance certainement. Moi qui croyais qu’il me voyait comme un attardé infréquentable, avec ma veste à patchs Spinal Tap et mon poster Wayne’s World scotché à ma porte !

Je pourrais vous dire que j’ai aimé Caress Of The Dead, bien puissant, très prenant, aux vertus headbanguarisantes affirmées. Je pourrais aussi vous causer du dernier titre Garden Of Temptation, étonnant par son côté novateur vis-à-vis des autres titres car il s’éloigne (un peu) du carcan Heavy Thrash old-school pour s’enrichir d’une intro acoustique, de riffs plus modernes et d’une outro presque atmosphérique, qui lui confèrent une ambiance particulière et particulièrement réussie, bien sûr toujours très sombre. Je pourrais aussi conclure en disant que The King Of Hell contient d’excellents titres, mais que c’est trop peu devant l'aspect général bien trop répétitif du disque, surtout quand on sait que les deux meilleurs morceaux sont des ré-enregistrements figurant sur d’anciens albums.

Mais tout cela est bien peu de choses comparé à cette fraternité humaine engendrée par l’esprit de Noël, dont ce disque ne fut que l’anecdotique déclencheur. Bonne année à tous !
[right]Chris[/right]

0 Comments 18 janvier 2009
Whysy

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