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Après un premier album qui n'avait pas vraiment percé en France, malgré un joli casting, Echoterra revient en force en Europe grâce à leur nouvel atout de charme : Melissa Ferlaak Koch, bien connue sur le vieux continent pour sa participation à l'album Trinity des autrichiens de Visions of Atlantis.

Suite à ces considérations marketing, parlons musique, puisque c'est bien de ça qu'il s'agit, malgré la pochette ressemblant à une boite de bonbons très sucrés. Très sucrée, la musique l'est aussi, puisqu'on retrouve assez peu d'éléments agressifs, dissonants ou trop complexes dans les mélodies. Comprenez que The Land of the Midnight Sun sera tout sauf désagréable (ou presque). Le côté obscur de cette qualité, c'est évidemment qu'on a l'impression d'entendre des mélodies, des riffs, des morceaux entiers qui ne surprennent pas beaucoup.
La piste d'ouverture After the Rain est symptomatique de ce constat : même si elle se laisse écouter, on dirait un morceau sorti d'un album de Visions of Atlantis à l'époque où ils calquaient la recette de Nightwish. Heureusement, cette impression de musique de troisième main s'atténue ensuite, et même s'il est toujours difficile de trouver de l'originalité dans cet album, il a le mérite de sortir un minimum du lot. Sans vraiment de surprise, ce qui distingue le groupe d'un certain nombre d'autres officiant dans le même genre, c'est sa chanteuse.

En effet la voix de Melissa est chaude, douce, enveloppante. Son timbre et sa tessiture ne sont pas sans rappeler ceux de Tarja, et sur certaines lignes de chant, cette ressemblance est vraiment frappante. La réussite n'est pas toujours au rendez-vous, quand elle s'aventure dans des registres moins lyriques par exemple : sa voix, si elle est toujours juste et bien placée, est moins agréable. Si ça fonctionne très bien sur certains morceaux dont on parlera plus tard, sur d'autres on a rapidement envie qu'elle revienne en chant lyique (certaines parties de After the Rain sont carrément désagréables). Malgré cette limite, ces différentes utilisations de son instrument permettent d'apporter un brin de diversité bienvenue, et même d'émotion puisque, contrairement à son illustre modèle, Melissa ne fait pas toujours vibrer avec son chant lyrique.

Echoterra a bien compris que leur nouvelle chanteuse était leur plus bel atout, et ont produit en (in)conséquence : c'est moche. La production est le plus gros point noir de ce Land of the Midnight Sun, où l'on entend systématiquement Melissa par dessus tous les autres instruments, qu'on arrive parfois difficilement à distinguer. Par exemple, the Ghost Within my Heart aurait certainement été bien meilleur avec une production à la hauteur, et se contente ici de n'avoir aucune puissance. Cette erreur est surprenante pour un groupe composé de musiciens expérimentés, et dont c'est déjà le troisième essai (après un album et un EP). Difficile d'avoir envie de leur pardonner.
Les seuls morceaux où la guitare est un tant soit peu mise en avant, c'est sur Memories of Another Time et All the Lies (et c'est bien leur seul intérêt).  

Dernier défaut de l'album donc : c'est sucré, voire mielleux. Ca dégouline d'optimisme, le monde est beau. Alors d'accord, le metal n'est pas nécessairement un univers plein d'hommes des cavernes s'éventrant dans le sang, détruisant les églises, et violant les vierges après les avoir sauvées des griffes du dragon. Mais quand même : les chansons sont bien aussi niaises que le laissent présager leurs titres : After the Rain (Après la pluie), The Best is Yet to Come (Le meilleur reste à venir), From the Gutter to the Throne (Du caniveau au Trône) ... Même les chansons qui a priori semblent moins optimistes sont empreintes d'une aura si positive que c'en est presque écoeurant.

Alors pourquoi une note au dessus de la moyenne ?
Parce que malgré tout, l'album n'est pas à jeter. Comme déjà dit plus haut, il est tout à fait agréable à l'écoute (et le sera certainement un peu plus dans une version non-promo qui ne répète pas en voice-over au moins deux fois par morceaux que "you are listening to Echoterra - Land of the Midnight Sun". MERCI JE SAIS KTHXBYE).

Pour revenir aux points fort du combo sur cet album, ils ne se résument pas à la voix de Melissa Ferlaak. En effet, grosso modo tout se laisse écouter sans difficultés. Ca passe bien quoi. Sinon, certaines mélodies sont carrément accrocheuses, et méritent qu'on s'y arrête. C'est le cas par exemple de Midnight Sun, dont le refrain reste en tête longtemps après l'écoute, et qui arrive à éviter l'écueil de la mièvrerie, malgré un clavier très présent et des guitares plutôt en retrait. Ce potentiel accrocheur permet de ne pas s'ennuyer, alors que le genre se prête facilement au syndrome d'ennui au bout de trois titres.

Trois autres morceaux tirent leur épingle du jeu. From the Gutter to the Throne jouit d'un rythme plus rapide, plus entraînant, et d'un refrain qui monte à des hauteurs impressionantes. Genes of Isis, morceau le plus long de l'album, dispose de très jolis choeurs, assez rares sur le reste de l'album, de l'apport d'une sorte de clavecin et de nombreuses ruptures de rythme qui rompent la routine. On clot l'album sur une touche de majesté un peu obscure (pour une fois) puisque le morceau joue sur la dualité entre la voix pure de Melissa, et des passages trafiqués (un peu à l'image de la voix de Sharon sur le morceau Murder, issu de the Unforgiving).
Enfin, Unleash the Flood se démarque assez puisque bien plus lent, plus agressif, voit Melissa chanter avec sa voix lyrique la plus grave pour notre plus grand bonheur.

L'album se révèle finalement être une semi-déception. Seulement semi parce que, déjà, il n'y a pas de ballade, qui, vu le reste, aurait été un monument de mièvrerie. Fin de la parenthèse balladophobe. Tout n'est pas à jeter, mais on attendait plus de l'arrivée de la jolie américaine dans une formation représentant un genre peu goûté de nos amis transatlantiques, puisqu'on ne retiendra finalement de l'album qu'une sélection restreinte de pistes.

0 Comments 11 août 2011
Whysy

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