Vous recherchez quelque chose ?

A peine un an après la sortie d’un Evernight d’excellente facture qui voyait le groupe bifurquer légèrement de son style originel pour explorer avec plus de libertés l’obscurité de territoires plus menaçants, voici que l’on nous annonce déjà l’arrivée d’un cinquième opus, conçu avec un nouvel objectif des plus ambitieux ; réunir l’aspect accrocheur et hymnique de l’immortel Sword’s songs avec la pénombre et la qualité rythmique typiques d’Evernight. Mais l’exercice risque de s’avérer plus ardu qu’il n’y paraît…. Car autant Evernight s’imposait directement à nos oreilles comme un coup de maître, autant cet album, qui voit enfin Battlelore revenir au chant clair masculin qui manquait cruellement aux deux opus précédents, met plus de temps à trouver sa place dans nos esgourdes.


Brisons tout net le suspense sur un point cependant : le chant clair masculin, conforme aux promesses des performances de Tomi sur scène, qui s’était déjà approprié les vieux morceaux avec brio, est vraiment de bonne qualité. Tomi possède un timbre assez particulier, qui nécessite qu’on s’y adapte, mais grâce à lui et à ses interventions très pertinentes (le refrain de « Exile the Daystar », par exemple, très prenant), l’album revêt des couleurs plus chaleureuses, et Battlelore retrouve un peu de la dimension magique et théâtrale qui le caractérisait à ses débuts.

Cependant, plusieurs déceptions attendent les fans qui, comme moi, attendaient impatiemment cette sortie. Déjà, les titres semblent manquer de profondeur ; si l’on peut s’enthousiasmer sur quelques riffs, refrains ou parties rythmiques bien pensées, les écoutes répétées apportent plus de lassitude qu’autre chose, contrairement aux « grands » albums de la formation, qui recelaient pas mal de trésors cachées et passages vraiment nuancés et classieux. Et puis, si les guitares sont beaucoup plus claires, moins plombées et sous-accordées que sur « Evernight » (j’apprécie que le groupe ait fait l’effort d’autant renouveler son son), les claviers eux… ne varient pour ainsi dire jamais d’une piste à l’autre ! Par rapport à l’album précédent (encore et toujours), les orchestrations manquent totalement d’envergure, et l’effet est moins prenant que ce que l’on pouvait escompter, avec un son certes sympathique, mais qui confère à « The Last Alliance » une triste uniformité.

Ceci étant dit, impossible de le nier, sur pas mal de points, Battlelore continue de frapper fort et de nous enchanter. Synthèse improbable de sa carrière, « The Last Alliance » propose toujours des influences extrêmes parfaitement digérées et maîtrisées (le jeu de batterie est d’une finesse rare, et les rythmiques vont parfois jusqu’aux blasts, comme sur l’extraordinaire introduction de « Guardians »), des passages plus délicats mieux maîtrisés qu’auparavant (« Daughter of the sun » est une semi-ballade plus réussie que ne l’étaient celles des albums précédents), et retrouve un charme hymnesque qui semblait appartenir à un passé révolu. Et puis Kaisa chante toujours aussi bien, on a même l'impression qu'elle a encore progressé et pris de l'assurance, à moins que ce ne soit le mix, très propre et équilibré, qui ne l'avantage...

« Third Immortal », à cause de ses couplets, m’apparaissait au premier abord comme une pale copie de « House of Heroes », mais en réalité, elle a ses propres qualités et s’impose finalement comme une bonne ouverture. Et que dire du charme plus guerrier de « The Great Gathering » (écho à « We are the legions ») avec ses chœurs, de la majesté de l’introduction de « Voice of the fallen », ou du sublime refrain de la planante « Star of high hope » ?


Me voilà au final bien embarrassé pour noter cet album. Bien meilleur que « Third Age of the Sun », qui avait pourtant reçu la même note, d’ailleurs. Coloré, chaleureux, toujours épique et inspiré de Tolkien, très prenant par instants… Mais qui passe à côté de l’excellence que nous espérions. Pourtant, dans une certaine mesure, le groupe a réussi son pari ; le parfait compromis entre « Sword’s songs » et « Evernight ». L’aura et l’inspiration en moins, malheureusement. Un bon album, avec de (très) bons moments, mais indéniablement, un petit quelque chose me manque. Espérons que Battlelore le (re)trouve pour son prochain opus !


Gounouman

0 Comments 07 décembre 2008
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus