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Les seuls bruits que j’entends sont ceux des sabots de mon beau poney Shetland cognant sur la rocaille qui tapisse ce foutu bon dieu de désert. Sous un soleil mangeur d’homme, l’ombre prodiguée par mon stetson ne vaut guère mieux que celles  des quelques candélabres plantés avec parcimonie par une Nature bien fainéante. Dans la torpeur ambiante, c’est à peine si je dérange deux ou trois crotales qui filent, ondulations mortelles, sous l’abri de rochers chauffés à blanc. Autant que cette ligne d’horizon qui me masque encore le terme de mon voyage solitaire : Tombstone. Nous sommes le 20 avril 1881, et bien sûr j’ignorais qu’une page de l’histoire du Far West allait s’écrire.
THE LEGEND AND THE TRUTH, titre éponyme, va d’emblée planter le décor. Harmonica lancinant, orchestre et guitare dans la plus pure tradition «  Ennio MORRICONE », voilà de quoi vous coller le goût de la poussière dans la bouche. Bienvenue dans l’album concept concocté par les quatre desperados Alex KRAFT, Dennis WARD ( à qui je pardonne de tarder à donner un successeur au THUNDERDOME de PC69 après l’écoute de cette galette) Alex  WEINGAND et Sascha TILGER (TYRANT EYES). En quinze titres ces quatre fines gâchettes nous retracent l’un des plus célèbres épisodes de la grande épopée du Far West : l’attaque de la diligence de TOMBSTONE qui devait trouver son épilogue dans le non moins fameux Règlement de comptes à OK Corral !
DUST OF HISTORY déboule ensuite. Une rythmique de forgeron speedé et des guitares sculptant leurs notes dans un mur d’acier, de sueur et de sang, histoire de nous rappeler qu’à cette époque, le grand ouest américain n’était pas fait pour les pieds tendres. En tout cas, ce DUST OF HISTORY,autant heavy rock que burné, et au refrain qui ne l’est pas moins, fait mouche et nous installe illico dans un panavision  technicolor particulièrement viril.
FIRST BLOOD s’enchaîne tout naturellement, reprenant les mêmes ingrédients, auxquels il conviendra de rajouter un refrain fédérateur qui vous fera lever bien haut vos chopes de bière dans le saloon de Red Neck Patterson. Si, à ce stade de l’écoute de ce cd, vous n’avez pas déjà sanglé votre cheval et bouclé votre ceinturon, alors passez votre chemin. Vous ne serez pas les bienvenus à Tombstone, sauf à vous y installer dé-fi-ni-ti-ve-ment.
La voix de Alex KRAFT est parfaite. Très typée heavy hard rock, elle peut être agressive ou charmeuse et passer par tous les registres entre ces deux extrêmes avec la même réussite.
L’ambiance de chaque titre lui doit beaucoup et contribue à la grande variété de cet album.
Avec son intro tranquille très «  western guitar » et une mélodie qui démarre comme celles que l’on pouvait entendre autour d’un feu de camp entre deux chariots, DEADMAN WALKING va rapidement vous ravir et vous prendre aux tripes. Mid tempo, son superbe refrain est de ceux qui vous font brandir votre briquet, pardon, votre lampe-tempête lors d’un concert.
Les titres se suivent sans jamais lasser, jouant à fond la «  western touch » pour certains, tels que les trépidants RAWHIDE et HELLBILLY SQUARE, parfaits pour s’encanailler au saloon, et où violon, banjo et gratte sèche se taillent la part du lion. Où encore l’irrésistible MARCH OF DESTINY aux allures de marche triomphale ponctuée de slide guitar.
Retour à la case heavy avec OK CORRAL, EARP’S VENDETTA ou encore BARREL OF A GUN qui, chacun à leur manière, nous délivrent le message sans équivoque de guitares aussi promptes que les colts « pacificateurs » à nous truffer de plomb.
FRIENDS TILL THE END et son refrain qui vous décollera le cul de votre selle et fait écho à celui de MARCH OF DESTINY précède l’instru ECHOES OF DESTINY qui conclut avec  panache un album qui permet au label AFM de faire un bloody hell doublé du feu de Dieu avec le BEAUTIFUL SIN de Uli KUSCH.
Avec un habillage réussi et variable selon les titres qui  puise sans vergogne dans le trip Wild West, ce THE LEGEND AND THE TRUTH réussit le difficile exercice du concept album, sans redondance aucune et sans sombrer dans la facilité, le tout avec un enthousiasme et une verve extrêmement rafraîchissants.
Bref, si vous êtes du genre à avoir peur de votre ombre, cet album n’est pas pour vous. Aucune place pour les foies jaunes dans l’univers impitoyable des frères Earp ! PapaDuck

0 Comments 18 mai 2006
Whysy

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