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L’histoire du Lord of Steel est clairement semée d’embuches, mais le film touche à sa fin avec la sortie de cet album dans les bacs, quelques mois après la sortie plutôt confidentielle (même si, à l’époque d’internet, ce mot devient obsolète) de la Hammer Edition (en mp3, et en CD avec le magazine Metal Hammer).

Ainsi, comme dans tout bon livre dont vous êtes le héros, je vous propose un embranchement :
- soit vous découvrez pour la première fois ce disque et cette chronique. Je vous propose alors d’aller à la seconde partie de cette review, afin de lire mon avis sur la «1ère édition» du disque, puis de revenir à la première partie, afin de compléter le tout par mon opinion sur la version définitive.
- soit vous êtes un fidèle lecteur du site ou un fan du groupe, et vous avez bien entendu déjà lu mon avis sur la première version du disque. Je vous laisse donc tout simplement continuer la lecture de ce modeste texte...

Abordons donc ensemble les larges écarts qui caractérisent la sortie «en bacs» de l’album. Et je réponds d’emblée à la question posée sur ma première chronique : oui, Joey a cédé. Oui, le mix de l’album a été intégralement refait. Non, vous n’aurez plus le son de basse typée «essaim d’abeilles» tout au long du disque. Clairement, cet aspect jusqu’au boutiste a été mis au placard pour contenter les fans, largement mécontents du premier mix... Nous pouvons donc mettre cet aspect de coté : la production de ce nouvel album de Manowar est excellente, puissante, et dans les critères classiques que nous pouvons attendre de ce groupe.

Mais quitte à refaire le mix et à laisser sa fierté de coté (car on ne peut imaginer, en connaissant le personnage, que Joey ait pu le faire de gaité de cœur), il a aussi répondu à TOUTES les principales critiques qu’ont pu formuler les fans sur le forum officiel du groupe.
Eric ne crie pas suffisamment ? Ok, maintenant, vous avez des screams (caractéristiques du bonhomme, et franchement jubilatoires, il faut bien l’avouer) parfaitement bien disséminés sur l’album.
Touch the Sky est trop répétitif ? Ok, maintenant, vous avez un solo et un break qui viennent se rajouter et rééquilibrent parfaitement la chanson.
Le fade out de Righteous Glory est une honte ? Ok, maintenant, vous avez droit à une fin ultra épique, dans la lignée des meilleurs moments de Gods of War.
Et quasi toutes les chansons ont ainsi leurs petites retouches (intro de Born in a grave, solo de El gringo, Black list, etc.)

Alors soyons clairs : ceux qui avaient réussi à faire abstraction du mix initial et qui n'aimaient pas intrinsèquement les chansons ne les adoreront pas maintenant. Cependant, il faut bien reconnaitre que quasi tous ces ajouts sont les bienvenus, et que les morceaux cités n’en sont que bien meilleurs. Il faut voir cet album comme une vraie version FAN SERVICE. Alors certes, il s’agit d’une réelle concession du meneur De Maio, mais le principal reste tout de même le produit final, qui n’en est que meilleur...

Passons maintenant au morceau de choix : le réel ajout de l’album, ce morceau inédit qui change largement la vision qu’on aura au final de l’ensemble : The Kingdom of steel, positionné en toute fin de disque, dépassant les 7 minutes....

Si on pouvait reprocher une chose à cet album période Hammer Edition, c’est bien sa grande linéarité dans des morceaux metal ultra classiques pour du Manowar, ce qui rapprochait d’ailleurs cette œuvre d’un autre album du groupe : Louder than Hell. Oui, mais voilà, ce morceau additionnel vient rompre totalement cette trop grande homogénéité par une touche épique en fin de disque. Ce titre lent et mélodique est tout simplement magnifique. Une vraie bouffée d’air frais mélancolique qui vous prend aux tripes... Instantanément, ce morceau devient un des points forts du disque.

Vous l’aurez compris, cette version définitive est en tout point supérieure à la précédente : il n’y a même pas débat. La meilleure production, les quelques ajouts et le titre supplémentaire transforment littéralement la Hammer Edition qui prend alors des airs de démo de luxe... Et le 9 donné initialement (sur la base de la qualité intrinsèque des morceaux) reste amplement mérité.

Malheureusement, il est à craindre que l’immense majorité des personnes qui ont écouté et détesté la première version du disque ne laissent même pas sa chance à ce disque. Il s’agit donc clairement d’une énorme erreur stratégique de la part du groupe. Cette Hammer Edition, vue au début comme une préversion pour les fans (la sortie mondiale était déjà planifiée sur la rentrée, avec l’artwork du génial et habituel Ken KELLY), est devenue un boulet qui restera ancrée dans la mémoire collective des amateurs de metal quand on évoquera le titre «The lord of steel».

Mais ne divaguons pas d’avantage, profitons de cet album version «director’s cut» qui n’a clairement jamais été aussi magnifique qu’il ne l’est aujourd’hui...


Retour en arrière vers la chronique originale de la HAMMER EDITION :



MANOWAR est un groupe et un cas unique dans le monde du heavy metal depuis plus de 30 ans. Impossible en effet de trouver un groupe qui attire à ce point l’adulation chez les uns et le rejet immédiat chez les autres. Et il faut bien avouer que les choix du maitre à penser Joey DeMaio ont de quoi surprendre, agacer, ou fasciner au fil des années...

Ce nouvel album, disponible en version digitale depuis mi juin (suivi d’une version cd spécifique livrée avec un numéro de Metal Hammer qui lui est consacré), mais qui ne sera dans les bacs qu’à la rentrée prochaine a en effet déjà déchainé plus que de raison les forums metal du monde entier.

Et avant même de se tourner vers le fond, nous ne pouvons taire le choix de la forme, personnalisé par une production qui ne pourra sans doute que vous interpeler (au mieux) ou vous dégouter (au pire) lors de votre première écoute : le son de basse de Joey... C’est bien simple, ce dernier s’apparente tout simplement à un essaim d’abeilles qui viendrait tourbillonner autour de vous pendant quasiment toute l’écoute du disque. Je pense sincèrement que l’idée de départ était d’impacter physiquement l’auditeur (et c’est objectivement le cas), mais la gène auditive associée pourra vraiment en rebuter plus d’un, même si les écoutes successives rendent cette gène quasi secondaire avec le temps. Notons par ailleurs que ce choix très «true» dans l’esprit (l’idée de faire ce que bon lui semble, sans tenir compte à aucun moment de la manière dont la décision sera perçue), n’est pas assumée jusqu’au bout, la chanson «El Gringo» retrouvant une production tout à fait «normale»... Hors, quand on sait qu’il s’agit là du single de l’album, apparaissant sur la BO du film du même nom, on peut imaginer la concession commerciale qu’a dû faire Joey pour mettre en avant le morceau, au détriment du choix général de l’album.
Reste cependant à voir si cette production restera intacte d’ici la sortie «officielle» du disque dans quelques mois, cet état de fait mettant de toute façon le groupe en porte-à-faux (si la production ne change pas, j’entend déjà les hurlements de trahison des fans qui se déclareront peu écoutés ; et si elle change, on reprochera au groupe de s’être trahi lui même en suivant la pression populaire... pas simple donc).

Bref, passé cette mauvaise surprise, on rentre dans un album qui se veut extrêmement classique dans sa construction et son contenu, similaire à plus d’un titre au LOUDER THAN HELL de 1996. Souvenons nous que cet album constituait un vrai retour du groupe à plus de simplification. En effet, et même si THE TRIUMPH OF STEEL (1992) est aujourd’hui considéré comme un chef d’oeuvre, il s’était tout de même pris une volée de bois vert par beaucoup à l’époque (Cf. le célèbre solo de batterie interminable), ces derniers regrettant les chansons simples, immédiates et addictives de FIGHTING THE WORLD et KINGS OF METAL.

Hors, avec WARRIORS OF THE WORLD (2002) et surtout GODS OF WAR (2007), MANOWAR était revenu à une démarche avant gardiste jusqu’au boutiste propre à la personnalité de son leader, le premier multipliant les ballades osées pendant que le second développait un album conceptuel blindé d‘interludes (rendant l’ensemble indigeste pour certains, ou fabuleux pour d’autres, dont je fais partie). Bref, nous avions au bout du compte des multitudes de critiques assassines de la part d’une grande partie des fans qui se déplaçaient pourtant toujours en masse pour les concerts du groupe.

De part cette volonté de resimplifier la musique, les textes, et les ambiances, on ne peut ainsi pas cacher l’énorme similarité musicale et conceptuelle de ce THE LORD OF STEEL avec le LOUDER THAN HELL précédemment cité. Et cette ultra simplification handicape clairement certains morceaux du disque qui ne font que passer d’un cliché à un autre («Manowarriors» en tête, pas aidé par un refrain manquant clairement d’imagination, ou «Hail Kill and Die» pas mauvais en soi, mais qui se retrouve handicapé par un concept repris sur le classique «Blood of the kings» qui lui reste infiniment supérieur...).

Cependant, c’est bien dans cet aspect naïf et classique qu’il faut chercher le plaisir sur ce disque... et du plaisir, il y en a, et pas qu’un peu !

En effet, en ne cherchant aucunement le critère d’originalité, MANOWAR a tout simplement proposé un best of de ce qu’il sait faire de mieux... On retrouve ainsi des tubes totalement addictifs et profondément 80’s («Touch the sky» et son refrain final éblouissant, «El gringo»), la ballade épique («Righteous glory», classique mais toujours efficace), les morceaux purement metal appelant instantanément à lever les bras en faisant le signe du marteau (l’excellent «Annihilation», «The lord of steel» et son riff vraiment bien trouvé), la chanson ambiancée ultra mélodique («Born in a grave» rappelant d’ailleurs très fortement «Brothers of metal»), et la chanson ultra lourde rappelant instantanément le grand BLACK SABBATH («Black list», dans la lignée d’un «Hatred» ou d’un «Demon’s Whip»).

Les musiciens, eux, sont toujours au top, même si on peut légèrement regretter que l’aspect plutôt sombre du disque nous prive de quelques envolées d’Eric ADAMS dans les aiguës, ce dernier se contentant de maitriser parfaitement (comme toujours) ses lignes de chant, avec conviction, mais sans en rajouter...

Bref, rarement un album ne m’aura autant fait passer d’un extreme à un autre (le rejet immédiat de la production de la première écoute à l’aspect totalement addictif d’un disque que je ne peux plus arrêter d’écouter).

Alors oui, comme pour LOUDER THAN HELL, THE LORD OF STEEL n’apporte rien à la discographie de la légende MANOWAR (contrairement à l'ensemble des autres albums du groupe), si ce n’est le plaisir naïf de retrouver le type de chansons pour lesquelles on a aimé ce groupe, il y a déjà tant d’années... Et même si on ne peut s'empêcher de penser qu’il s’agit d’un «sur place» artistique (voir d’un pas en arrière), je pense sincèrement qu’il est urgent d’appliquer la locution latine «carpe diem» : profitons du jour présent et de ce nouvel album... (le conceptuel «HAMMER OF THE GODS», laissé de coté à la mort de Scott COLOMBUS, n’est d’ailleurs peut être pas totalement enterré).

Nous verrons bien de quoi demain sera fait, au milieu de tous les futurs débats qui continueront indéfiniment de tourner autour d’un groupe qui demeurera quoi qu’il arrive totalement unique, inimitable et insurpassable.... HAIL !

0 Comments 26 octobre 2012
Whysy

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