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Je ne vais pas y aller par quatre chemins, The Masquerade Overture est probablement l’album le plus emblématique de Pendragon. Nous sommes en 1996, le rock progressif est, il faut le dire passé de mode, mais certains groupes résistent encore et toujours à l’envahisseur, Marillion en tête, qui signera un an plus tard l’un de ses meilleurs albums, This Strange Engine. Nick Barret a déjà à son actif plusieurs œuvres de qualité, notamment The Jewel (avec des classiques comme The Black Knight) ou encore The Window Of Life, qui est excellent du début à la fin. Et cette année, il a décidé de récidiver. Mais bien. Pas le genre de récidive sur laquelle ces messieurs de la maréchaussée pourraient éventuellement fermer les yeux s’ils étaient complaisants. Non là je parle d’une récidive, sévère, compacte et sans fissure. Car The Masquerade Overture, c’est avant tout ça, un album exempt de défauts, qui réussi à viser juste à chaque fois tout en proposant une grande variété d’ambiances au fil des titres et une quête presque malsaine de la mélodie parfaite. Mais entrons sans plus attendre dans le vif du sujet.

Si Nick Barret a réussi l’exploit de sortir deux albums parfaits à la suite – et encore je ne compte pas Not Of This World qui viendra quelques années plus tard et qui est lui aussi superbe – c’est en partie grâce à ses acolytes de toujours, ou presque, à commencer par Clive Nolan, ce claviériste de talent qui a évolué dans de nombreuses formations de rock progressif, on a par exemple pu l’entendre le temps d’un solo sur Flight of the Migrator d’Ayreon. A la basse, on retrouve l’inamovible Peter Gee, qui, tel un Pete Trewavas, sait rester discret tout en accompagnant la musique de Barret d’une main de maître. Car les bons bassistes ne sont pas tous des Chris Squire, des Jaco Pastorius ou des John Myung ! Et enfin, derrière les fûts, Fudge Smith, qui officie dans Pendragon depuis KowTow, donne un dynamisme certain à toutes ces jolies compositions néo-progressives. Son départ après avoir enregistré Believe est une sacrée perte pour Pendragon, mais Scott Higham est finalement très compétent lui aussi.

Alors qu’en est-il des compositions en elles-mêmes ? Je me dois de vous avouer que je ne suis pas à même de vous donner ma préférée, tant elles sont toutes excellentes, mais on va quand même essayer d’analyser tout ça du point le plus objectif possible. L’album débute par une introduction grandiloquente, bien dans le thème du carnaval vénitien, dont la sublime pochette s’inspire d’ailleurs. Les chœurs ont été dosés parfaitement pour donner une impression d’epicness, tout en restant proche de l’auditeur. Mais tout ce barnum ne dure pas bien longtemps, et c’est alors que commence la véritable première chanson de l’album. As Good As Gold est un tube, une légende, le groupe ne se lasse pas de la jouer en concert, et nous ne nous lassons pas de les voir (et surtout de les entendre !) faire. Le refrain est enchanteur, la section rythmique au taquet et on ne s’ennuie pas un instant. C’est bien ça le point fort de Pendragon : faire aimer la musique progressive à ceux et celles qui n’en sont pas nécessairement adeptes à la base. On retrouve un peu les influences Genesis, voire Yes de ci de là dans la musique ici proposée par Nick Barret – oui, c’est un gage de qualité, si vous vous le demandiez encore. On enchaîne sur Paintbox qui est encore plus facile d’accès qu’As Good As Gold, avec son refrain imparable et sa mélodie sublime. Je ne pense pas me tromper en affirmant que ce titre est le plus connu du groupe.

Et c’est là que nous avons droit à un petit interlude aux paroles touchantes, qui repose presque uniquement sur la belle voix de Barrett, assisté des claviers de Nolan : The Pursuit Of Excellence. Un bien beau titre, qui augure du meilleur pour la suite, car ce ne sont pas moins de trois morceaux de proportions épiques qui nous attendent. Guardian Of My Soul, pour commencer, est assurément la composition la plus rock de tout l’album, avec un solo qui casse la baraque comme on les aime. On continue avec The Shadow et son final magistral, qui prouve encore une fois que le rock progressif ce n’est pas que des soli de guitare sans fin sur fond d’arythmie généralisé, c’est aussi de belles lignes de chant, écrites avec talent et amour. Enfin, Masters Of Illusion, à mon sens l’un des plus morceaux les plus travaillés de l’œuvre de Pendragon. Un refrain imparable et très punchy, un break qui laisse rêveur, et une reprise encore plus pêchue qui doit beaucoup aux qualités techniques et au feeling des musiciens.

A tous ceux et celles qui ont découvert le groupe avec Pure et qui ont adoré Passion, je ne saurais que trop vous conseiller de vous pencher sur les premiers albums de Pendragon, notamment celui-ci, qu’il s’il ne révolutionne sans doute pas les canons du rock progressif, à au moins le mérite de faire passer un bon moment au cœur de sonorités que l’on entend plus beaucoup ces derniers temps. Notez que la réédition de 1999 comprend également le sublime The Last Man On Earth de l’album The Window Of Life, soit plus d’un quart d’heure de bonus bien loin des inutiles b-sides habituelles. J’espère vous avoir donné envie d’écouter Pendragon, si ce n’est pas déjà fait, et avoir rendu justice à cet album qui restera mon préféré de ce sympathique groupe britannique.

0 Comments 11 décembre 2008
Whysy

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