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La période John West de Royal Hunt peut sembler, aujourd’hui avec le recul, comme une période intermédiaire de la carrière des Danois. Le chanteur américain a certes eu la très lourde mission (sans jeu de mot) de succéder à DC Cooper parti fondé Silent Force après l’énormissime Paradox et on peut légitimement se demander si faire oublier cet immense frontman n’était pas une mission impossible pour le leader d’Artension. La difficulté de reprendre le micro à la suite d’une figure emblématique est une tâche ardue amenée à l’échec si l’on en croit le syndrome Blaze Bailey repris par Ripper Owens, et même, pour certains par Andi Deris. Cependant, l’option John West fut un choix judicieux, ce vocaliste apportant un timbre puissant teinté de Hard Fm mais si ses capacités vocales ont révélé son talent dès Fear (1999), les fans de hard Rock mélodique à clavier racé pouvaient attendre beaucoup mieux que cet honorable album. Asseoir véritablement le nouveau chanteur et tourner la page de l’ère DC Cooper, voilà le véritable objectif de cet album, paru en 2001.

Sans rejoindre l’audace des Paradox, Mission est une entreprise conceptuelle et cet exercice magnifie le type d’écriture du claviériste André Andersen. Cet album présente une série d’expéditions fictives sur la planète Mars entreprises au début du XXIième siècle. Inspirées des Chroniques martiennes de Ray Bradburry, Mission relate l’expédition et les aventures de la colonisation de la planète rouge autour de 7 titres longs reliés entre eux par 6 morceaux de liaisons (introductifs, intermédiaires).

Dès le deuxième titre on retrouve un morceau type de la griffe Royal Hunt avec des mélodies finement élaborées par la patte Andersen avec ces accélérations, ces crescendo, si typiques du danois. L’introduction de Surrender évoque ainsi un tantinet l'exceptionnel Tearing down the world du mythique Paradox et ce n’est pas sans délices que l'auditeur retrouve les mélodies sophistiquées du claviériste. Les événements foisonnants du concept sont dépeints avec finesse : L’intensité du décollage est ainsi magnifiquement retranscrite par ce compte à rebours (take Off), la sensation vertigineuse qui se dégage de Exit Gravity matérailise bien la fuite de la pesanteur et l’introduction de Surrender l'entrée dans le cosmos.

Surrender, The Mission ou World Wide War emballent ainsi l'écoute par leur efficacité même si elles sont assez calibrés ou typiques pour du Royal Hunt: on navigue à vue sans véritablement se lâcher. Ca reste agréable mais la père Andersen débride son sens de la composition sur l’instrumental gargantuesque de Fourth Dimension, un des plus réussis de l’histoire des Danois. Total Recall termine aussi l’album en beauté car sa fougue est aussi plaisante que le célèbre film d’anticipation du même nom début des années 1990 qui a révélé une mythique poitrine féminine de trois seins (et là certains se demandent à quoi cela peut ressembler :p)
La basse de Steen Morgensen est une nouvelle fois bien présente et sensible, fait suffisamment rare pour être mis en exergue. On ne répétera jamais assez combien ce bassiste savait souligner les mélodies et les rythmes de Royal Hunt à l’instar d’un Markus Grosskopf sur les vieux Helloween.

Les morceaux intermédiaires sont par contre assez inégaux : si les introductions sont bien menées (Take Off, Exit gravity) et l’interlude au piano Metamorphosis éclabousse du talent d’André Andersen, on ne peut cependant les appréhender comme de véritables titres et c’est toute la limite d’un tel découpage, force et à la fois faiblesse de Mission.

Mission est un album assez homogène et selon moi le point d’orgue de l’ère John West de Royal Hunt (à égalité avec Paperblood cependant). Complété à sa sortie par un mini album baptisé InterMission, il s’écoute encore avec plaisir aujourd’hui d’un seul tenant grâce à la qualité et au liant de son histoire. La mission est donc presque remplie pour John West.

0 Comments 22 septembre 2009
Whysy

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