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Qui n'a jamais rêvé de s'évader vers un pays lointain? Alors que de noirs sentiments s'invitent dans notre quotidien, alors que tout va mal et que le seul paysage qui s'offre à nos yeux n'est que ruine de l'âme, le froid et la destruction sont proches. Rien ne va plus, le coma se fait plus profond, toute notion de réalité se perd dans un flot de notes ininterrompues dans lesquelles tristesses et désespoir ne forment plus qu'un tout, imposant et fatal. Je parle évidemment de doom métal, car la perle dont je vais m'occuper ce soir se nomme The Morning Never Came, premier album d'un groupe au potentiel incroyable... Swallow The Sun.

La pochette en dit long, le titre est explicite (Le matin ne vint jamais) et ce groupe originaire de Finlande persévère dans un métal plus subtil qu'il n'y parait lorsque l'on est étranger au style. Sans trop puiser dans un funeral doom, la musique de Swallow The Sun en présente de fortes influences et le tout couplé à un death métal lent tend à rendre cette musique unique. Sans être un véritable expert dans ce style, les qualités d'un album ne trompent pas: nous avons ici à faire à une très grosse pointure en devenir.

Swallow The Sun mélange donc habilement doom métal et death métal et il parvient à créer un son personnel rempli de tristesse où toutes idées positives sont écartées dès le début. Il ne subsiste ici qu'un incroyable sentiment de désespoir. Il s'agit certainement de l'album le plus désespéré que je connaisse, et paradoxalemennt, l'un des plus beaux. Swallow The Sun oeuvre à la création d'ambiances crédibles, incroyablement dépressives et le malaise ressenti à l'écoute de ces quelques notes, de ces riffs superbes est palpable et parvient à me toucher profondément.

Comment réussissent-t-ils ce véritable tour de force? La matière première du groupe est évidemment la mélodie. Présente et insistante, la mélodie est la clé; cette clé qui éloigne toute lumière, cette clé qui installe cette atmosphère exécrable où la dépression devient un mode de vie. Tout d'abord, la production est lourde et oppressante. Les guitares sont accordées six pieds sous terre et nous gratifient d'accords tous plus superbes les uns que les autres. (Swallow parvient à me tirer les larmes). Aidés de claviers discrets et incroyablement dévastateurs dans leur rôle, ils épaulent les guitares et étoffent considérablement la musique, autant en richesse qu'en ressenti (l'introduction de Through Her Silvery Body est un exemple du genre, et surement l'une des plus belles mélodies qu'il m'a été donné d'entendre).

Parlons de la voix maintenant. Forcément gutturale, elle exclut dès le départ toute idée de violence. Sa raison d'être? Renforcer ce sentiment de malaise omniprésent par un phrasé lent, des paroles incroyablement tristes, une voix qui provient des entrailles. Elle fait preuve d'une puissance incroyable et contraste efficacement avec ces riffs aux milles mélodies. Une voix qui se diversifie au fil de l'album, flirtant avec les screaming écorchés propres au black, le chanteur s'illustre efficacement lors de passages atmosphériques sur fond de piano où il se laisse aller en voix claire. Fragile, timide, elle enrichit considérablement Hold This Woe de son timbre délicat et encore une fois, déséspéré. On se demande alors si le plus triste provient de la voix claire, ou de l'extrême. Un album entièrement en voix claire se montrerait-il insoutenable émotionnellement? Déjà que la limite du supportable est souvent atteinte au long de ce The Morning Never Came.

L'album fait preuve, comme beaucoup d'album de doom, d'une intelligence rare au niveau de la composition, et évidemment du songwriting. Le doom est une musique incroyablement lente et forte en émotions. Et lorsque l'album dure près d'une heure, il est difficile de ne pas se lasser. Hé bien Swallow The Sun réussit efficacement son pari, dès le premier album. En effet, il alterne les ambiances, les voix, les breaks au piano sont superbes, les longues fresques instrumentales sont d'une beauté rare, les influences death métal apportent une dimension supplémentaire et tout cela mis bout à bout... l'ennui est impossible (bien sûr il faut être amateur de musique dépressive).

Tous les titres sont dignes de louanges et je vais m'empresser de tous les citer. Through Her Silvery Body, Deadly Nightshade (le refrain est incroyable), Out Of This Gloomy Light, Swallow (ce riff est d'une tristesse et d'une mélancolie infinie), Silence Of The Womb, Hold This Woe, Under The Waves, et le final en guise d'apothéose The Morning Never Came. Un exercice de style remporté haut la main, je vous salue Swallow The Sun!

Il est incroyablement difficile de rendre compte d'un album pareil tant le flot d'émotions sombres et si belles est impossible à retranscrire à l'écrit. L'écoute de cet album se vit, elle ne se raconte pas, et je ne saurais trop vous conseiller de vous pencher immédiatement sur le cas Swallow The Sun, car le talent, ces bonhommes en sont remplis ! Croyez-moi, il mérite amplement sa note maximale, car un premièr album de cette qualité dans un art aussi fin et abstrait, est une chose très rare, nous en avons ici la crème des crèmes, la perle rare, le bijou... la perfection?

...TeRyX...

0 Comments 17 août 2005
Whysy

Whysy

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