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La Suisse a toujours opté pour la neutralité que ça soit au niveau historique avec les guerres mondiales, ou sur le plan polotico-économique avec l'Union Européenne. Par contre, musicalement ce tout petit pays morcelé n'est pas en reste. Chacun de nous y trouve son compte quelque soit nos influences majeures. Je citerai les plus connus comme Eluveitie dont chaque album provoque un ras-de-marrée dans le milieu folk/extrême, Samael qui s'est dévié du black métal pour un métal indus bien barré avant de se replanter en beauté en voulant revenir sur ses pas, en enfin (le meilleur pour la fin) Sybreed l'irréprochable, qui est remarquable sur ces dernières années et incroyablement inspiré sur le registre cyber métal/extrême. Bref, je ne vais pas épiloguer sur ce sujet, je veux juste montrer que le pays des Helvètes déploie une force considérable pour toujours rester au devant de la scène métal.

Morrigu est une formation ressortissante du même pays et aurait officié dans un Doom métal atmosphérique. Et oui, je mets ma phrase au conditionnel car je n'ai jamais écouté les précédents albums. Je découvre le groupe avec cet opus, et aussi étrange que cela puisse paraître, on aborde grâce à The Nobium Sky un genre totalement affranchi d'un style unique. Sur ce coup ci, les Suisses ont peut-être décidé de faire dans l'expérimental ? Ont-ils décidé de changer radicalement de registre afin se placer sur une écriture leur convenant mieux et où ils se sentent plus à l'aise ? Quoiqu'il en soit, je démarre donc cet album tout nu, sans historique ou références et ce que je peux affirmer c'est que ça cogne fort au niveau émotionnel. Les musiciens ont posé ici un album à la fois épuré et d'une dense richesse musicale étoffée par des arpèges aux claviers. Dès l'intro « Last Embrace », on est soulevé par cette intensité affective créée par ce vent qui souffle et les quelques notes de claviers décousues. On se sent abandonné.

Ensuite viennent les morceaux plus construits proposant des mélodies incroyablement prenantes comme sur les premières chansons « Black Dust » et « Againt The Sun ». La versatilité des titres font gagner en profondeur et en impact lors des écoutes; d'autant plus que tout est régi par un clavier ultra sensible arrondissant les mélodies. Les nappes de synthé font frissonner tellement les notes peuvent cumuler originalité et vraisemblance (« At The Gathering Of Stars ») ou se montrer lancinantes (« The Heritage Of Mankind »). Néanmoins, les instruments plus conventionnels ne sont pas pour autant dispensables. La batterie (Merlin Sutter de Eluveitie) et les guitares électriques (Severin Binder ex-Eluveitie aussi) endossent leur rôle au sein de la composition et ornementent les orchestrations de manière convaincantes. La batterie joue le jeu de la polyrythmie et des contretemps pour donner ce qualificatif exceptionnel aux chansons. Les guitares parviennent à se détacher tout en restant dans l'originalité. Morrigu est un groupe qui sait comment créer de la musique tout en sachant prendre les idées là où elles se trouvent. Par exemple, « The Great Finding » avec son orientation vocale reposant sur la dualité clair/growl fera inexorablement penser à Amorphis, tandis que « At The Gathering Of Stars » propose une repompe quasi-totale de la mélodie centrale de « Final Frontier » (myGrain).

La formation nous offre ici un album de métal mélodique mais on sait d'où viennent les ascendances sur The Nobium Sky... Et ça vient de la Finlande ! Les Suisses essaieraient-ils d'avoir une approche nordique dans les sonorités ? La réponse semble de plus en plus évidente avec ce constat... Mais l'enrichissement ne s'arrête pas à des emprunts sur ses groupes contemporains, le combo incorpore des monologues vocaux filtrés comme si cela émanait de la télévision pour instaurer le sentiment dramatique que quelque chose d'inéluctable est en train de se produire. La musique du groupe s'articule sur la théâtralité mais surtout sur la notion mélodique avant tout, cela n'empêche pas de faire des petites virées sur le coté sombre de la force. J'ai parlé des growls, et on retient aussi les petites embardées plus virulentes accompagnées de soli de guitares électrisantes.

Finalement, on en arrive au chant qui est donc pour moi ce qui m'a plus ennuyé. Pas qu'il soit mauvais, mais je n'ai pas trouvé de variations intéressantes mis à part sur ce que j'ai dis plus haut. J'ai trouvé que ça manquait de folie pour un univers si carré et riche. L'utilisation du chant extrême est trop sporadique et au final, bien que les mélodies soient variées et intenses, le chant instaure malgré lui une homogénéité très dure à faire passer au fil des quatorze pistes. Heureusement, que l'intermède « Under The Sun » perfore cette continuité et arrive à point nommé pour ne pas décrocher sur la fin. C'est dommage parce qu'on ne peut véritablement pas faire griefs de la globalité de The Nobium Sky. Personnellement, je regrette ce défaut récurrent qui vient entériner cet opus aux qualités pourtant bien présentes malgré tout.


- ȦɭɐxƑuɭɭĦĐ -

0 Comments 10 octobre 2009
Whysy

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