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Depuis sa fondation par Steve Harris en 1975, Iron Maiden n’a pas perdu son temps. Avec deux albums studios enchaînés en deux ans, et une notoriété désormais acquise dans de nombreux pays du globe. Le groupe britannique semble enfin disposer des armes pour asseoir définitivement sa marque sur le toit de la scène rock mondiale, et pourquoi pas entrer dans l’histoire.

Cependant les choses ne vont pas exactement selon les visées du roi Harris qui doit se séparer de son vocaliste Paul Di'Anno (alcoolisme oblige), jusque là frontman charismatique du groupe et qui plus est adulé par les très nombreux fans de la formation. Di'Anno emportera avec lui son timbre de rockeur, l’ambiance punk et malsaine des premiers albums et une bonne partie des influences rock/glam du groupe. Qu’a cela ne tienne, Iron Maiden trouvera vite un remplaçant et du même coup un nouveau départ pour sa musique, Bruce Dickinson arrive quelque mois avant l’enregistrement de l’album et incarnera pour de nombreuses années le renouveau artistique de la vierge de fer. Avec son registre aigu, dans la lignée des premières grandes voix du Heavy Metal (Ronnie James Dio, Rob Halford pour ne citer qu’eux), il va contribuer à l’évacuation progressive des influences Hard Rock du groupe, pour le pousser vers un Heavy Metal plus moderne dont il ne va pas tarder a se revendiquer le chef de file.

Le troisième album du groupe est là pour marquer la rupture, on quitte les sordides banlieues londoniennes caractéristiques des deux premiers disques, pour s’orienter vers un second degré vaguement sataniste, certes un brin naïf mais surtout particulièrement efficace. La galette répondra au doux nom de «The Number Of The Beast» et marquera d’une pierre blanche la discographie des anglais. Si le line-up reste quasiment inchangé, la musique marque une profonde évolution. Plus chantante, plus légère, plus envolée et paradoxalement plus agressive, la basse de Steve Harris reste toujours la première instigatrice de mélodie («The Prisoner», «Run To The Hills», «22 Acacia Avenue»), mais le duo de guitare Murray/Smith, après avoir fait ses armes sur «Killers», gagne en importance, et impose des rythmiques beaucoup plus marquantes qu’auparavant (pour ne citer que les tubes «The Number Of The Beast», «Hallowed Be Thy Name», ou encore la méconnue «Total Eclipse»). C’est cependant par la qualité de ses leads que Dave et Adrian vont marquer les esprits, avec des soli pétris de feeling et d’inspirations parsemant l’album (notamment sur «Gangland, «The Number Of The Beast» ou encore «Children Of The Damned») ou encore ces incroyables duels de guitares qui ne vont pas tarder a entrer dans l’histoire («Hallowed Be Thy Name»). Clive Burr signe quant à lui une ultime prestation avec la vierge de fer, qui restera dans les mémoires. Des rythmiques à la fois sobres et imaginatives dans un registre quasiment intégralement mid-tempo, son remplaçant n’aura pas le droit à l’erreur derrière les fûts.

En appliquant une recette plus séduisante et plus ouverte, Iron Maiden a parcouru sans mal les quelques marches qui séparaient son statut de groupe majeur de celui de formation interplanétaire, et les multiples tubes en puissance de «The Number Of The Beast» n’y sont certes pas pour rien. Avec en première ligne les deux singles désormais légendaires et incontournables «Run To The Hills» (sa rythmique martelée, son refrain imparable et son final d’anthologie) et le titre éponyme (qui à valu au groupe les foudres des associations chrétiennes d’Amérique du nord) avec son incroyable intro, ses paroles délirantes et sa rythmique à jamais culte en concert. Au rang des monstres sacrés on retrouve également l’hymne du groupe «Hallowed Be Thy Name», plébiscitée par les fans comme titre référence de la vierge de fer. Et on ne peut qu’approuver ce choix tant le final de l’album en impose par sa classe, ses duels de guitare et son envolée ultra rapide pour aboutir sur un final épique de grande classe. Un titre qui n’a pas du manquer un seul concert depuis 1982.

Les autres titres de l’album, bien que pâtissant de la notoriété des trois précités, valent également le détour, que ce soit «Children Of The Damned», un morceau apparemment sans surprise, ouvert par un doux arpège enchaîné sur un couplet/refrain plutôt classique, avant une reprise et un pont a la fois surprenants et originaux. Au même niveau, on retrouve les titres speeds de l’album, faisant quelque peu office d'ovnis dans ce ciel mid-tempo, et pourtant «Invaders» et «Gangland» sont des petites merveilles chromées littéralement implacables, qui selon moi auraient largement méritées une plus ample mise en lumière. On notera également «The Prisoner» (inspirée de la série du même nom) avec sa rythmique rock’n’roll et son refrain en fer forgé, ainsi que la très surprenante «Total Eclipse» étonnamment différente du reste de l’album. Je conclurai sur l’un des meilleurs titres de l’album «22 Acacia Avenue» qu’on a trop souvent tendance a zapper et qui mérite pourtant largement autant de lauriers que les autres, avec ses paroles décalés, son tempo atypique, et son finish à couper le souffle. Un très grand morceau assurément!

Avec ce disque Maiden ne transcende pas seulement son talent, il le sublime en faisant éclater son potentiel à la face du monde époustouflé, le succès sera à la hauteur de la qualité de l’opus. L’élan prit aujourd’hui par Maiden ne faiblira pas de sitôt, et la série qui suivra en laissera plus d’un sur le carreau. Nous sommes prévenus, ça va faire très mal.

SMAUG...

0 Comments 27 mars 2006
Whysy

Whysy

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