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The Open Door aurait pu être un bel échec. Ça aurait pu. Après tout, ce n’était pas très compliqué, il suffisait de reprendre les recettes de Fallen, en simplifiant encore plus les structures des morceaux, en ajoutant des petites touches pop de-ci de là histoire d’achever de séduire les midinettes fashion qui trustent désormais les concerts du groupe, en baissant la distorsion pour ne pas importuner les oreilles sensibles des auditeurs de radios mainstream. Si l’on ajoute que Ben Moody, l’ex-guitariste du groupe qui était le principal pourvoyeur d’influences métal (de Iron Maiden en passant par Metallica) dans le processus de composition, a fait ses valises depuis le succès médiatique de l’album précédent, il y avait quand même de quoi s’inquiéter.

Pour dire vrai, j’avais bien apprécié Fallen, adoré Origin et regardé Anywhere But Home avec grand intérêt, constatant avec plaisir que le groupe en live ne lésinait pas sur les efforts, en particulier le son qui était un vrai son métal. Et c’est ce live qui m’avait un peu remis l’eau à la bouche, car le départ de Ben Moody me laissait quand même très perplexe par rapport au futur créatif de Evanescence. Et je dois reconnaître que je me suis trompé sur ce point.

Avec la chanteuse Amy Lee seule aux commandes du navire, force est de constater qu’il est bien loin de sombrer dans les abysses de facilité auxquels on aurait pu penser. Au bout de deux ou trois écoutes, The Open Door semble être la version « pour les grands » de Fallen : même si certaines grandes lignes restent d’actualités, comme les gros coups de guitare aux accents néo métal, les évolutions rythmiques, mélodiques et harmoniques sont évidentes, les arrangements foisonnent, les progrès sautent aux oreilles. A commencer par les lignes vocales : l’ascension technique de Amy Lee est réellement impressionnante, elle semble moins se précipiter, elle pose beaucoup mieux sa voix, qui d’ailleurs s’étoffe pour quelques envolées en chant lyrique de haute volée. En maîtrisant mieux son vocal, elle s’impose comme le chef d’orchestre de The Open Door, avec autorité, justesse et émotion.

Car il est toujours question d’émotion dans la musique de Evanescence : on retrouve les ballades qui ont fait la renommée du groupe, notamment avec les sublimes Lithium et Good Enough, suintantes de tristesse et de beauté. Plus généralement, les chansons deviennent plus travaillées, plus complexes, le groupe a fait un effort particulier sur les ambiances, les arrangements sont bien trouvés, entre électronique et sonorités plus organiques (piano, djembés à l’occasion). Le son suit la tendance de Anywhere But Home, c'est-à-dire très direct, puissant, très métal en somme. Sweet Sacrifice, la symphonique et torturée Lacrymosa ou encore la destructrice All That I’m Living For, autant d’exemple probants pour étayer le fait que The Open Door se démarque nettement de son prédécesseur, par une complexité plus grande, des arrangements riches, et plus globalement une liberté retrouvée depuis Origin dans la composition, dans l’interprétation, et ce nouveau costume de groupe plus mature, plus sensible, plus autoritaire quand il le faut, sied parfaitement à Evanescence.

Alors évidemment, Evanescence restera toujours aux yeux de certains un pseudo groupe pratiquant un pseudo métal pour adolescents turbulents adeptes de néo de bas étage. Cette étiquette ne se décollera probablement jamais du combo américain. Cela dit, ceux qui feront l’effort d’écouter The Open Door avec application et sans préjugés se rendront bien compte d’une chose : en plus d’être une des meilleures chanteuses de la sphère métal, Amy Lee se révèle comme une redoutable compositrice. C’est puissant, rageur à certains moments, mélancolique à certains autres, mais tout reste maîtrisé, réfléchi, interprété avec une grande justesse. On pourra toujours arguer que le format des titres (entre 3 et 4 minutes) semble étrangement taillé pour le passage en radio, mais cela n’empêchera pas The Open Door d’être une franche réussite doublé d’une belle confirmation pour un groupe que l’on croyait perdu dans les affres et les vicissitudes du billet vert. A méditer.

0 Comments 03 octobre 2006
Whysy

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