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Il y a maintenant trois ans, un groupe hollandais faisait son apparition dans le monde du metal et s’était rapidement fait une place parmi les plus grands groupes de metal à voix féminine. Il s’agissait d’Epica, mené par Mark Jansen l’ancien guitariste d’After Forever, et la sulfureuse mezzo-soprano Simone Simons. Leur premier album The Phantom Agony avait frappé fort et avait été salué par la presse, tant le niveau était excellent et tant il sortait du lot.
Et c’est vrai qu’Epica a su tirer son épingle du jeu grâce à un certain nombre d’atouts : une chanteuse lyrique qui maîtrise parfaitement sa voix, des mélodies riches et puissantes et pourtant jamais entendues jusque là, une technicité irréprochable de la part des musiciens, un metal dans l’ensemble très poignant, une production excellente (assurée quand même par Sascha Paeth)… Bref tout est là pour rendre cet album unique et d’une puissance rare ! L’expérience de Mark Jansen a permis à Epica d’éviter les déboires des premiers albums débutants et d’accéder au rang de grand groupe en un laps de temps record.

Entrons dans le vif du sujet et commençons par l’aspect musical de la chose. D’abord, sachez tout de même que toutes les orchestrations que vous entendez tout au long de l’album ne sont pas le fruit d’un synthétiseur dernier cri mais bien le labeur de huit musiciens (trois violonistes, deux violistes, deux violoncellistes et un contrebassiste). En harmonie parfaite avec les autres membres du groupe, ces musiciens contribuent grandement à la profondeur et à la puissance qui se dégagent de The Phantom Agony. Ils apportent une richesse authentique aux morceaux et mettent également en valeur la formation metal, sans jamais la cacher et sans être noyés sous elle. L’alliance du metal et de la symphonie atteint avec Epica son équilibre parfait et le meilleur des deux parties se combinent entre eux pour donner naissance à un son qui avait été cherché mais encore jamais trouvé jusqu’ici. Un mot quand même sur la prestation des musiciens du groupe : mention spéciale pour Jeroen Simons le batteur qui fait preuve d’une rapidité époustouflante et qui maîtrise à merveille la double pédale ; à la basse, Yves Huts qui reste assez discret ; aux guitares, Ad Sluijter et Mark Jansen, qui agrémentent leur musique de riffs carrés, vigoureux et bigrement puissants (par contre si vous cherchez des soli, ce n’est pas avec Epica que vous en trouverez car le groupe préfère donner la part belle aux musiciens lyriques) ; et enfin au clavier Coen Janssen.
Les mélodies sont puissantes, belles et très touchantes, que ce soit sur les ballades Feint ou Run for a Fall dans lesquelles l’émotion se trouve à fleur de peau, quasiment palpable, ou sur des morceaux plus rapides et plus lourds comme Sensorium ou Façade of Reality, qui saisissent aux tripes et feraient headbanguer un chauve tellement c’est bon et tellement c’est puissant. Les refrains sont très accrocheurs (difficiles à chanter certes) mais vraiment efficaces, emplis d’une énergie débordante et très facilement mémorisables.

En ce qui concerne les parties vocales, elles sont tout simplement irréprochables. Le contraste qu’apporte le duo mezzo-soprano et chant death est incroyablement efficace car chacun met en valeur la voix de l’autre, les deux parties étant en alternance permanente. Simone a choisi d’officier dans le lyrisme, ce qui n’était pas chose aisée étant donné la prédominance de Tarja Turunen dans le domaine, mais elle y réussit admirablement bien et sa voix se voit dotée d’une pureté et d’une douceur que ne possède pas la dame précitée.
Les chœurs quasiment omniprésents, sont assurés par une basse, un ténor, deux alto et deux soprano. Ils font partir intégrante de ce qui différencie Epica des autres groupes car ils occupent une place aussi importante que l’orchestre ou la formation metal et ne se contentent pas d’être reclus en arrière-fond sonore, sans qu’on comprenne un traître mot de ce qu’ils chantent. Bien au contraire, ils forment avec Simone et Mark un triangle vocal et chacun chante à son tour. Niveau technique, ils sont puissants, forment un tout harmonieux tout en conservant juste ce qu’il faut d’hétérogénéité pour que l’on puisse distinguer les différents timbres.

L’album est dans son ensemble homogène bien que certains morceaux, notamment Seif al Din ou Illusive Consensus ne soient pas à la hauteur globale de l’album (mais bon ça c’est normal). Pour ma part, j’aime beaucoup le titre éponyme The Phantom Agony, que je trouve d’une incroyable sensibilité mêlée à une puissance bouleversante rendue par les chœurs. Il y a également, dans un registre un peu moins recherché, Cry For The Moon ou Sensorium, avec leur tempo rapide, leur refrains ravageurs et leurs paroles criantes de vérité. Mais le bijou de cet album selon moi c’est quand même Run for a Fall. Le début calme et doux, un peu mélancolique, puis l’arrivée fracassante de Mark… on ne s’en relève pas, tellement la puissance de ce morceau et sa beauté sont extraordinaires !

En bref, Epica a frappé fort avec ce premier album de qualité exceptionnelle et qui révèle tout le potentiel que ses membres possèdent et qui les a propulsés au premier rang des jeunes espoirs du metal. Un album plutôt accessible et à découvrir à tout prix !
Bonne écoute !

~ La Dame à la Licorne ~



0 Comments 23 avril 2006
Whysy

Whysy

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