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Quand j’entends Thrash moderne, mes poils s’hérissent, mon front se plisse, mes poings se ferment. En résumé c’est loin d’être ma tasse de thé. Mais en tant que grand professionnel je vais mettre mes (dé)goûts personnels de côté pour emettre un jugement impartial et objectif. Si si je vous promets. Et le moins que l’on puisse dire c’est que sous ses aspects modernes et pas forcément très engagement The Prodigal Child va se révéler pleins de surprises et au bout du compte un disque mature et très bien composé.

L’étiquette de ce second opus des lorrains de Deficiency est loin de rendre justice à la musique des mosellans. On peut noter des influences progressives, un peu de Djent par ci par là et quelques touches de old school pour peaufiner le tout. Bref il y en a pour (quasiment) tous les goûts si on goutte de près ou de loin à une des franges extrême de votre style préféré. Riffs rapides modernes (“The Prodigal Son”, “The Flaw”) succèdent à des solis efficaces (“Unfinished” ,”The Introspection Of The Omnipotent”) le tout porté par une section rythmique omniprésente sans être étouffante. Bien sûr les plus réfractaires au son moderne et aux riffs épurés pourront passer leur chemin mais les amateurs de metal moderne burnés y trouveront leur bonheur.

Les compositions sont loin d’être aussi “bas du front” qu’il n’y parait et même si dans la globalité on reste sur du Thrash moderne somme toute assez classique les talents des musiciens permettent quelques fantaisies avec des variations ou des cassures de rythme bien amenés et efficaces (“A Prospect Of Traveling Beyond”, “Those Who Behold”, “A Way Out of Nowhere”). Par moment on est pas loin du Thrash Progressif d’un Mekong Delta par exemple. Le groupe utilise même un piano sur “The Introspection Of The Omnipotent” ou “Stronger Then You”. Cette impression que Deficiency a mis les petits plats dans les grands se poursuit tout au long de l’écoute et créé une oeuvre homogène.

Bien aidé, il est vrai, par une production lisse et propre qui donne à l’ensemble une cohésion bienvenue et met en avant le chant au détriment notamment de la basse (comme c’est étonnant), même si la fin de l’album est plus accès autour des guitares que le début. On y perd donc en assise rythmique ce qu’on y gagne en puissance. A vous de choisir votre camp.

Si l’oeuvre dans son ensemble est réussie on peut quand même regretter quelques petites choses qui peuvent, à force, gêner l’écoute. Tout d’abord la voix de Laurent Gisona qui est bien trop impersonnel pour marquer l’auditeur, son timbre crié est trop moderne et sans âme et sa voix claire manque de coffre. On sent bien que le bougre y met toute son énergie mais cela reste insuffisant pour supporter l’ambition des compositions du groupe. De plus ses changements de timbres sont bien trop téléphonés pour être efficaces (“The Flaw”). Sans oublier le fait que l’album est un peu trop long et même si l’ensemble est bien ficelé on pourra regretter des longueurs sur certaines compositions.

The Prodigal Child est donc un disque correct et relativement mature. Si les compositions se révèlent intéressantes, les lignes de chants en revanche sont moins réussies. Toujours est-il que Deficiency semble avoir ce qu'il faut en terme de musicalité et de talents de composition. Il ne reste plus qu’à balayer ces quelques mauvaises idées au niveau vocale et le groupe pourra se faire une petite place dans la scène française. Les amateurs de Sodom ou Slayer n'en auront pas pour leur argent mais si les voix et les riffs modernes ne vous effraient pas vous pouvez y aller les yeux fermés.

Balin

0 Comments 07 février 2014
Whysy

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