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Certains albums échappent au destin auquel ils pouvaient prétendre. Des groupes pétris de talent se voient continuellement refuser une reconnaissance qui pourtant devrait leur tendre les bras. Il faut dire que la Fortune est une déesse capricieuse et volage (un peu comme la soubrette moldave du Novotel de Nancy), elle n’accorde ses faveurs qu’avec parcimonie, inconstance et arbitraire. Le groupe Kenziner fait partie de ces groupes qui auraient mérité beaucoup mieux qu’une carrière étriquée de deux albums (Timescape et The Proceties) et d’une postérité implacable qui les ignore totalement. Bon en même temps, les Suédois n’ont pas su mettre en valeur leur magnifique album avec cette pochette improbable d’un Rahan priant un griphon-cyclope sur des pyramides aztèques arasées!!. Que dire d’un tel visuel? Heu.? Bon le coup du Z de Zorro en plein milieu du nom ne manque pas d’allure, je le concède mais pour le reste, y’a quand même plus accrocheur…
Quoiqu’il en soit réparons une profonde injustice en jetant la lumière sur cette bible du speed mélodique à clavier, j’ai nommé The Propheties paru en 1999 chez Limb Music, label fin limier dans la découverte de grands groupes de heavy mélodique à tendance épique.

Ce deuxième et dernier disque de Kenziner est un album emblèmatique et décomplexé du retour en grâce du métal mélodique à l’extrême fin des années 90- début 2000 ( dans le sillage de Meduza, Opus Atlantica, Majestic….et tant d’autres). Cultissime et oublié, enterré mais toujours vivant dans mon petit cœur de mélomane enfiévré  à chaque évocation des prophéties kenzinerriennes. Et oui le flot impétueux et exponentiel des sorties ne laisse que peu de temps aux rattrapages, au bilan, à la rétrospection et force est de constater que les pépites du passé ont encore des choses à nous dire.

Quand on a écrit des symphonies des nouveaux temps comme Live Forever, Eternity ou encore Dimensions, on mérite d’être inscrit dans tous les  programmes scolaires des pays commençant par une voyelle ou, au moins, avoir une place de choix dans la discothèque métallique des esthètes chevronnés. Des mélodies imparables, un clavier néo classique, des paroles mystérieuses et vous avez la recette principale qui se décline intensément et avec virtuosité sur les 10 titres de The Propheties.

Mais revenons au commencement,"The Story so far", comme il était de coutume d’intituler les longs paragraphes rétrospectifs des cds best of quand on vendait encore des cds et qu‘internet n‘était pas là pour rappeller les historiques des groupes. Kenziner est né par la volonté de l’as de la six cordes Jarno Keskinen et du vocaliste Stephen Fredrick en 1998. Fort d’un premier album remarqué et d’un changement de batteur au profit de Brian Harris, la formation enchaîne rapidement par un The Propheties plus abouti par bien des aspects.
Tout d’abord la voix qui me fait pencher à Jonas Blum inestimable premier chanteur de Majestic, s’est encore bonifiée: Chaude, rocailleuse, plus grave que la majorité des vocalistes du genre, elle développe une théâtralisation déclamatoire à la Henrick Brockman qui sied comme un gant à des textes ancrés dans le réel mais à forte connotation poétique. Alors que le premier album Timescape était conceptuel et dans un sens assez progressif et réflexif, The Prophecies parle des sentiments du monde réel (envie, regret, avarice, la nostalgie..) et expose une volonté manifeste de condenser les mélodies pour plus d’efficacité tout en conservant une certaine recherche technique… Le résultat est frissonnant d’intensité (The Razor’s Edge, la composition fleuve the Prophéties, Lost in a Fantasy).

Que Jim Courier danse une mambo avec Tatie danielle si on tient pas là le frère jumeau oublié de Visions. L’approche mélodique est en effet tonitruante grâce à la recette magique de l’introduction qui claque: Clavecins (Carry on Tommorow),        riff qui tue (Eternity) ,piano classique avant le déchainement électrique(Live forever, Lost in a fantasy). Le savoir faire est vraiment indéniable, et quand une introduction est réussie, c’est comme une bonne première impression lors d’une rencontre, on ne peut par la suite s’en défaire facilement. L’entame de morceaux est, en outre largement prolongé, flirtant allégrement avec les 30 secondes, 1 minute et est enchâiné par des mélodies rugueuses, heavy mais toujours néoclassiques, lancinantes, hypnotiques. Cette spécificité se décline à chaque titre grâce à Miko Harkin le claviériste. Il  n’est pas n’importe qui, après Kenziner il va directement fairee les beaux jours de Sonata Artica avant d’être un des artisan principaux de Cain’s Offering, aujourd’hui et contribue énormément à la densité néo classique du disque toujours soutenu par les riffs de Keskinen. L’instrumental Dimensions est ainsi une farandole tourbillonnante de mélodies qui se fredonne comme un air de Mozart… Ah les chef d’œuvres sont vraiment immortels.


The Propheties est donc une merveille représentant le haut du pavé du heavy mélodique à tendance néoclassique. Malheureusement la carrière prometteuse de cette formation avorta brutalement après la sortie du disque pour d’obscures tensions entre ses membres et leurs maisons de disques. Restent un héritage à préserver et un plaisir renouvelé à chaque écoute.

0 Comments 30 août 2010
Whysy

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