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C’est avec « Antares » que la notoriété de Sybreed a vraiment explosé au niveau internationale. Cette fusion salvatrice d’un métal corsé et brutal couplé à la douceur de certaines fresques vocales et surtout l’enrobage électronique et industriel froid et mélodique n’ont fait qu’affirmer l’énorme potentiel des Suisses. Plus que la musique en elle-même, c’est l’ambiance qui confère à « Antares » cette aura si particulière et l’agencement intelligent de chansons violentes et atmosphériques toutes touchées d’une inspiration constante et de refrains incroyables… Je n’aurais jamais assez parlé de ce disque et beaucoup d’amateurs de métal moderne voient en Sybreed leur nouvelle coqueluche. C’est en partie ce qui explique leur succès critique, mais cela amène également une très forte attente de la communauté quant à la qualité du disque à venir. « The Pulse Of Awakening » arrive à point nommé pour combler notre appétit et malgré le succès d’ « Antares », Sybreed propose quelques nouveautés avec un « The Pulse Of Awakening » tout en contraste.

A première vue le style musical n’a pas considérablement changé. On retrouve avec plaisir tous ces éléments qui ont fait la renommé des Suisses. Le disque débute donc de manière assez classique avec « Nomenklatura » qui illustre la pimpante production de Rhys Fulber à la fois puissante, claire et résolument moderne, à l’image de l’album en quelque sorte. On reste en terrain connu avec ces riffs et rythmiques groovy, mais également ce chant extrême saturé toujours aussi percutant, pour enchaîner très vite sur un pont atmosphérique en chant clair, et enfin le refrain assez réussi mais assez surprenant à la première écoute à cause de la voix de Ben, j’y reviendrais par la suite. La chanson progresse de manière efficace mais sans véritablement surprendre. Il faut attendre la seconde « A.E.O.N. » pour retrouver toute la verve et tout le talent de Drop ici cristallisé en ce qui risque de devenir l’une de ses meilleures pistes. Le groupe déroule sur près de 5 minutes tout ce que j’aime chez eux, c'est-à-dire ces riffs puissants, cette polyrythmie ambiante, ce chant clair superbe et ces refrains de folie. Tour à tour violente, mélodieuse, planante par ce pont atmosphérique qui expose une mélodie sublime et donne du relief à la chanson, « A.E.O.N. » explose telle une supernova et ne laisse que des ruines.

La première très grosse surprise provient de « Doomsday Party » ! Une composition décomplexée et sautillante, véritable hymne à la fin du monde où influences éléctro/dance et métal s’unissent en une joyeuse partouze. Un titre qui possède la qualité d’allier cette rythmique jumpy à des paroles dans l’ensemble tristes et désabusées, en bref un véritable tour de force. Les couplets présentent un chant plus sobre, grave voire « gothique » de la part de Ben tandis que le refrain explosif et débordant d’énergie pénètre directement au panthéon des meilleurs refrains de Sybreed. Mention spéciale également à l’excellent break central soutenu par une impressionnante performance vocale de Ben, encore une fois, avec de superbes lignes de chant et une ambiance à couper le souffle. Voilà un titre qui risque de faire très mal en live. « The Pulse Of Awakening » joue sur les contrastes et sait temporiser ses excès de violences ou de digressions progressives – comme « I Am UltraViolence » (blast à foison, aucune voix claire, saturation des basses, partie affolante de groove à 2:45, bref l’une des chansons les plus impressionnantes du disque), « Lucifer Effect » ou « Meridian A.D. » – par des compositions très calmes, voire atmosphériques sans aucune voix extrême.

« Killjoy » rempli allégrement son rôle de gentille chanson au refrain tellement entêtant qu’il en devient énervant à la longue. C’est dommage car cette piste possède une fibre épique centrale marquée par une exploration vocale exemplaire de Ben sur des lignes de chant inspirées : « … I just look for something you'll never grasp… ». A coté de ça, Sybreed propose avec « In The Cold Light » une superbe composition froide et touchante aux lueurs d’un voyage intersidérale. Cet interlude salvateur prépare à deux surprises de taille ! Tout d’abord l’intégration d’éléments symphoniques surprenants à la fois en introduction de l’épique « Lucifer Effect » mais également en guise de bouquet final pour la ballade « From Zero To Nothing » et il avouer que ça fonctionne autant en terme d’ambiance que de composition. D’ailleurs des titres comme « Lucifer Effect » et « Meridian A.D. » déconcertent l’auditeur par leur dimension progressive. Ces deux chansons oublient d’être catchy et tendent à présenter un Sybreed plus mature et entreprenant. De plus cet aspect compliqué et parfois hermétique empêche de pleinement apprécier ces brûlots d’un point de vue purement mélodique, malgré une richesse d’écriture évidente. Ainsi « Lucifer Effect » présente des riffs aux couleurs parfois assez inattendues comme ces influences pratiquement issues du black métal lors des couplets. Si « Lucifer Effect » sait se laisser dompter et apprécier au fil du temps, il n’est pas aussi simple d’apprivoiser « Meridian A.D. ».

« The Pulse Of Awakening » fait preuve de quelques lacunes et faiblesses. Outre « Killjoy » au refrain très vite ennuyeux, c’est « Human Black Box » qui déçoit rapidement par son refrain simpliste et fade car seule la partie centrale (3:02 – 4:15) « groovy as hell » sauve la chanson du naufrage. Un autre point que je tiens à souligner, et pas des moindres, concernant la voix claire de Ben. Il n’est pas aussi magistral et constant qu’au temps de « Slave Design » et surtout d’ « Antares » car à certains moments il possède une voix nasillarde (comme si chantée par le nez) assez désagréable qui gâche carrément l’expérience de certains refrains notamment « Nomenklatura », « Human Black Box » ou « Meridian A.D. » qui aurait gagnés en puissance autrement. C’est assez surprenant mais c’est le sentiment que j’ai. S’il sait se montrer impérial et parfait sur « Doomsday Party » ou « From Zero To Nothing » on ne peut qu’être déçu quant à sa prestation ailleurs. Un mot sur « Love Like Blood » qui est en faite une reprise des Kiling Joke et ne dépareille pas au sein de l’album, mais s’avère toutefois être l’une des chansons faibles du disque par sa simplicité et son refrain trop redondant.

« The Pulse Of Awakening » reste un album solide qui montre un Sybreed en train d’évoluer en incluant des influences de toutes parts ainsi qu’un intérêt pour les longues fresques progressives. Même si l’essai n’est pas transformé, les Suisses savent composer d’excellentes chansons comme « A.E.O.N » , « Doomsday Party », l’ultra violente mais jouissive « I Am Ultraviolence », « Electronegative », la jolie ballade finale « From Zero To Nothing », « In The Cold Light » ou même « Lucifer Effect » lorsqu’on parvient à la dompter. Malheureusement le sentiment final illustre un album assez inégal où les bombes atomiques côtoient quelques titres plus faibles et moins percutants.

…TeRyX…

0 Comments 10 novembre 2009
Whysy

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