Souffrant incontestablement d’un cruel manque de nouveauté malgré d’incessantes sorties, la scène heavy mélodique accoucha ce 12 mai 2006 d’un énième rejeton qui, je le crains, risque bien de terminer comme pâture pour grands groupes et de tomber dans l’oubli assez rapidement !
Pourtant ce n’est pas l’expérience qui manque à Empire ! En effet, même si ce groupe de heavy mélodique n’a à son actif que trois albums en comptant ce Raven Ride, ses musiciens ne sont pas nés de la dernière pluie et possèdent un certain bagage. Je m’explique : le chanteur, Tony Martin, a fait partie, entre autres, de Black Sabbath. Le guitariste et fondateur du groupe, Rolf Munkes s’est vu décerné le German Rock Prize de la catégorie « Best instrumentalist ». Le bassiste, Neil Murray est lui aussi passé par Black Sabbath, ainsi que par WhiteSnake et a accompagné en live Steve Vai, Gary Moore et j’en passe. Enfin, le batteur, André Hilgers fait également partie d’Axxis, de Silent Force et de bien d’autres. Bref, tout ça pour vous dire que Empire regroupe des artistes possédant un certain vécu en matière de scène metal et que ce n’est pas le manque d’expérience qui pourrait expliquer le niveau moyen  du groupe.

  Bon niveau mélodique, c’est pas trop mal : c’est accrocheur mais pas suffisamment pour marquer l’esprit. En effet, portées par des riffs bien trouvés mais déjà entendus mille fois, ou par des lignes mélodiques ressemblant à s’y méprendre à celles de Narnia par exemple, les mélodies de The Raven Ride, bien que sympathiques à la première écoute, ont bien du mal à sortir du lot et à porter le groupe au dessus des autres. C’est agréable mais conformiste à souhait et par conséquent, vite ennuyeux ! Par exemple, ils ont cherché la pointe d’originalité avec l’orientale Al Sirat - The Bridge To Paradise, comme le veut la mode du moment. Non mais c’est vrai… Le metal oriental c’est bien et ça sonne mais on n’a vu que ça cette année ! Prenez aussi la ballade What Would I Do ?, qui correspond vraiment au stéréotype de la ballade actuelle, avec guitare sèche et clavier mode violons en fond, et un chant limite pop-rock. Elle est réussie mais sans plus et je la trouve même en dessous de Fade Away des jeunes de Dreamland.
  En ce qui concerne la technique, même remarque : c’est bien, le niveau n’est pas mauvais, mais ces messieurs se contentent de faire ce que demande la tendance actuelle. Pas trop de démonstrations techniques sinon ça fait DragonForce mais un minimum de soli d’une technicité raisonnable pour montrer que quand même, «on-est-des-métalleux-et-on-assure-à-la-guitare ! ». Le chant lui, est un des points forts du groupe (et oui, il faut le dire !). Tony Martin assure et possède une voix aigue puissante, bien que typique du genre. Mais elle colle à la musique et relève même le niveau de l’album.
  Que dire des morceaux ? Les refrains sont sympa, comme en témoignent The Raven Ride ou Changing World, mais sont loin d’être hymnesques ! La production, elle, est plutôt bonne, chaque instrument est bien mis en valeur et la voix ne reste pas en retrait des instruments. Le meilleur de The Raven Ride ? Changing World qui est pour moi, le morceau le plus travaillé, le plus puissant et le plus marquant. J’aime beaucoup également la très heavy Maximum, la seule qui soit vraiment énergique. Le titre éponyme est également réussi, bien qu’il soit très classique.

  En conclusion, Empire signe ici un album de heavy mélodique basique, qui ne risque pas de se démarquer et qui, à moins d’être un puriste du genre, se révèle pauvre et vite lassant. Bonne écoute quand même !

~ La Dame à la Licorne ~