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Ce qu'il y a de plus ennuyeux dans la vie d'un chroniqueur c'est de faire l'écoute des EP. On en a le sentiment d'inachevé puisque par définition l'album proposé est un exemplaire réduit et dont le but est de faire découvrir soit les prémisses d'un nouveau groupe, soit pour annoncer un intermède à une sortie pour les combos plus connus. La frustration première vient du travail effectué en amont puisqu'il faut fournir malgré tout une impression de qualité égale aux albums de durée normale. Peu importe la longueur du cd, il faut s'atteler à l'écoute de telles productions et rendre un avis. C'est, comme je le disais, assez rébarbatif puisque au final, de telles sorties ne cristallisent que très peu d'intérêt autour de l'œuvre. Néanmoins, par moment il arrive que cette tache se déroule dans une espèce d'excitation, celle d'avoir été un des premiers à s'être penché sur le sujet de tel ou tel groupe et pour ma part, c'est que je ressens sur Cinders Fall. Leur deuxième EP intitulé The Reckoning se lance dans le death mélodique aux allures de Thash moderne... « encore un ! » Me direz-vous ? Il est vrai que les tendances concourent sur ces styles hybrides et que peut-être la masse musicale devient tellement étoffée que cette formation anglaise passera inaperçue dans le décor. Mais j'aimerais vraiment attirer votre attention sur les britanniques alors accordez-moi quelques instants pour vous convaincre.

Les Anglais de Cinders Fall parcourent sur cet EP un chemin plutôt surprenant tant au niveau de la composition qu'à celui de la production. Le tissu musical brodé par nos musiciens est sacrément dense mais pour autant l'aspect groovy des morceaux n'est pas en reste. Ce côté dansant et entêtant est insufflé par des riffs de guitares ingénieux qui fatalement ressortent du flot mélodique (« The Sorrow ») et il arrive que ceux comme sur « Beyond Exitence » se montrent addictifs. Cette base lourde inspirée par un esprit death mélodique étonnera plus d'un car au-delà de la puissance, la rythmique entrainante est poussée avec force par des leads impulsifs et revigorants. Les instrumentistes sont bougrement doués et pour parfaire la musique de la formation, des nappes de claviers apparaissent légèrement sur les refrains comme c'est le cas sur le titre éponyme. La production est impeccable à tous points de vue, le monstre musical prend forme sur une pureté et une clarté d'écoute permettant d'entrevoir toutes les caractéristiques et subtilités exprimées par les Anglais.

Les chansons offertes sur cet album ne sont pas seulement puissantes, les compositeurs ont aussi opté pour des variations mélodiques. Ainsi toute la base musicale est tempérée par des temps de latence qui mettent l'accent sur un effet de relance. Sur « Dead Zone » s'il ne faut en citer qu'un, cet effet est utilisé, une fois le refrain passé, pour propulser les lignes mélodiques sur les rails de la vitesse, et cette touche de modernité innovante galvanise presque instantanément la structure musicale. Le potentiel démontré est impressionnant, cependant les soli manquent de célérité ce qui aurait pu être le gros point noir.  Néanmoins, les titres ne sont pas en déperdition de conviction ou de piquant car en effet, le batteur martyrise les caisses de son instrument pour créer une atmosphère survoltée et apporte un fil conducteur à la globalité de l'œuvre (oui n'ayons pas peur des mots !).

Que serait un groupe sans un chanteur de qualité ? Je vous pose la question ! Ce qui est souvent dommage c'est de trouver un groupe techniquement irréprochable mais assassiné par un frontman n'ayant pas l'envergure pour porter les chansons sur ses épaules. Or avec les britanniques, la cohésion prédomine puisque le chanteur sublime (comme j'aime le dire) les morceaux. Le chant envouté d'Anthony est employé à pleine efficacité et/ou puissance (selon le cas) encourage les headbangs. Restant sur le registre du chant crié ou du simple growl, le vocaliste appuie les morceaux au bon moment quand il le faut. Sur « The Reckoning » les lignes de chant embrasées par la voix du leader se montrent plus contrastées voire modulées dans l'intensité notamment sur les passages clés de la chanson comme sur les refrains. Ce jeu entre les différentes parties de l'album s'emboitent dans une logique presque implacable, et en devient presque prévisible à la longue.

Pour conclure, ce deuxième Extended Play de la carrière du groupe se révèle être une véritable mise en bouche, et il ne sera pas difficile de prévoir un avenir plutôt assuré pour les britanniques car s'ils continuent sur leur lancée, leur thrasho-death mélodique aux arrangements modernes sera une bonne innovation pour rafraichir les oreilles des plus las.  En tout état de cause, le groupe fait preuve d'un grand professionnalisme et d'une excellente prestation. Finalement, The Reckoning est trop court car on en redemande après vingt minutes ! Espérons que dans leur démarche les musiciens approfondiront et peaufineront le debut album !

- ĦĐ -

0 Comments 29 décembre 2008
Whysy

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