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Il était une fois dans l'empire du soleil levant, un petit garçon pas tout à fait comme les autres. Il s'appelait You Oshima et déjà il se démarquait des autres. Très tôt, il se découvrit une passion pour la musique grâce à son père. En effet, il partagea avec lui son admiration pour la musique classique, une admiration que le petit You entretient en écoutant des albums tels La Symphonie Espagnole de Itzhak Perlman et Zigeunerweisen de Jascha Heifetz...
Le ptit You Oshima grandit, et sa passion pour la musique resta intacte, c'est pour cela qu'il apprit la guitare. Dès lors, il intègre un groupe de speed mélodique à influences germaniques, les Black Maria. Plus tard, le petit You sentit qu'il désirait plus, beaucoup plus. C'est comme cela qu'il se lança, en autodidacte dans un projet fou... Kadenzza qu'il créa en 1993. Nous sommes aujourd'hui en 2005, la projet a évolué, il a mûri, et après 2 albums, le petit You est sur le point de nous offrir un chef d'oeuvre... The Second Renaissance.

Le Père Noël fût clément cette année, quel bonheur de découvrir cet album au pied du sapin après avoir rigoureusement mangé tous les chocolats de mon calendrier de l'Avent. Des chocolats de moins en moins bons je dois l'avouer. Quel bonheur lorsque l'on déchire le papier cadeau rouge de voir ce visage, ces cubes qui le constituent en mouvement, et cette planète en orbite... la planète Kadenzza. Le packaging est magnifique, les superbes dessins sont l'oeuvre de David Ho, le H.R. Giger asiatique.
Tout en restant dans l'aspect esthétique, la production se montre incroyable, claire et puissante. Tous les instruments sont parfaitement dosés et malgré une surenchère d'orchestration, jamais on ne sombre dans le brouillon. Nous devons cette prouesse à Mr You Oshima une fois de plus. Il y a dix ans, il n'était qu'un guitariste métal, aujourd'hui il est capable de faire sonner les violons, de diriger un orchestre, et de mettre en place les arrangements utilisant des instruments ethniques (comme il dit si bien). Il a aussi appris à devenir autodidacte en terme de production, et le résultat est surprenant !
Sa musique est qualifiée de "Grand Sympho Orchestral Kamikaze Metal" ... Bien que cela prête à sourire, je ne vois pas d'autre appellation pour qualifier une telle richesse musicale. Son métal mélange aussi bien le black, le death, le gothique, le symphonique et le heavy métal que la musique classique ou la musique électronique. Un grand musicien, pour un grand album !

Nous avons ici un album intelligent articulé autour de deux thèmes majeurs et bien distingués. La première partie de l'album s'inspire du film mythique Ghost In The Shell de Mamoru Oshii. Une première partie riche où les bonnes idées se succèdent à une vitesse folle. You Oshima peint ici, au travers de compositions rapides et d'orchestrations denses, un univers futuriste aux multiples influences et clin d'oeil au cyberpunk. L'introduction met dans l'ambiance, elle est sombre, intimiste et annonce la couleur. Les deux compositions suivantes sont très proches et forment un tout cohérent et accrocheur dans lesquelles grosse rythmique (blast beats et autre) emboîtent le pas à de surprenantes envolées lyriques où violons  et autres instruments parviennent à vous arracher au monde et vous transportent dans l'univers de Kadenzza. Je ne soulignerais jamais assez la richesse des arrangements. Ce contraste entre une rythmique dévastatrice, cette voix black éraillée sur laquelle de nombreux filtres sont appliqués selon les ambiances, dramatiques ou non, et cet orchestre, riche et dense, original et salvateur. Sans oublier cette richesse et cette technique musicale mise en valeur par de nombreux solos de gratte aux influences heavy. Il confère à la musique un côté grandiloquent fort appréciable sans jamais tomber dans le too much. Ghost In The Shell & The Embers Of Reverie font office de parfaits tickets pour entrer dans l'univers riche et psychédélique de Kadenzza. Ce premier scénario se termine par un instrumental dirigé par le violon, The Abyss Stare At You. Un dernier titre calme et reposant...

La seconde partie de l'album est de loin la plus intéressante, car nous allons assister à un véritable conte musical. La musique de Kadenzza devient conceptuelle, elle raconte une histoire et s'érige en incroyable bande son d'un scénario imaginaire. You Oshima se permet de revisiter le mythe du Petit Chaperon Rouge à la sauce nippone. En effet, ici il s'inspire essentiellement du film d'animation The Wolff Brigade (dirigé également par Mamoru Oshii). C'est ainsi que l'on découvre Utaka, un long instrumental de 9 minutes tout simplement incroyable ! Il s'ouvre sur une sobre mélodie d'orgue, une mélodie sérieuse appuyée de choeurs religieux. Tout s'alourdit, les orchestrations se montrent à nouveau uniques. Soudain, la lumière envahit le lieu, une superbe mélodie de piano accompagnée d'une magnifique voix féminine chantée en japonais (Yoko Muratani). Je ne m’étalerai pas sur tout le titre, sachez juste que le final est, une fois de plus, somptueux.
Cette seconde partie est essentiellement instrumentale, la musique de Kadenzza sort des frontières du métal  et puise ses influences dans des genres aussi divers que la musique classique, la musique électronique, voire même la J-Pop. Effectivement, des titres comme In The Woods sont présents pour faire avancer le scénario, avec de longs passages racontés. On retrouve les influences plus extrêmes dans The Wolfoïd qui est une petite merveille. Mais c'est sans compter sur Mother's Flesh.
Sûrement la pièce maîtresse de l'album du haut de ses 8 minutes. C'est ici que le scénario prend toute sa grandeur. C'est ici que le génie, le talent et l'incroyable inspiration du bougre de You Oshima se dévoile avec classe... Dialogue entre la mère et sa fille, rythme électronique lourd pour arriver sur une superbe, mais angoissante mélodie de boite à musique pour enfant. Une piste possédant une construction prenante et originale, un COUP DE MAITRE, tout simplement. Et tout au long du morceau, les bonnes idées et les coups de maître se succèdent. Un titre incontournable, dont la richesse n'a d'égal que la beauté et la mélancolie qui en ressortent. Cette mystérieuse aventure se termine sur Redemption, un instrumental ponctué d'un chant de soprano plutôt original et reposant sur un dialogue entre l'enfant, et sa conscience... du moins c'est ainsi que je le ressens.

Tout le monde n'aura pas la même lecture du récit. Les conclusions seront differentes et les ressentis varieront selon les individus, c'est aussi ça la grande richesse de Kadenzza. Avec ce dernier album, You Oshima se montre incroyablement mature et virtuose. Il est l'âme de Kadenzza. En effet, il est à lui seul guitariste, claviériste, chef d'orchestre... De ses 2 petites mains il a réussi à monter seul un véritable opéra. Une prouesse en somme. On note tout de même 2 guests à savoir Claire Burton et Yoko Muratani pour les vocaux féminins. You Oshima est un magicien, car la manière dont il jongle avec les ambiances, avec l'orchestre, et avec nos sentiments tient de l'irréel. You Oshima est unique, avec cet album il souligne la renaissance du métal nippon, et à n'en pas douter, cet album est l'un des plus original et personnel que j'ai pu entendre à ce jour... Mr Oshima mérite amplement son statut de samouraï des temps modernes.

...TeRyX...

0 Comments 27 décembre 2005
Whysy

Whysy

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