Il y a encore une dizaine d’années, la scène métal internationale était l’apanage quasi exclusif des groupes européens ou américains, mais le fait est que la situation tend aujourd’hui à changer et l’on voit fleurir dans des pays éloignés de jeunes groupes plein de talent. Ce phénomène de « mondialisation » métallistique touche aussi bien l’Asie que l’Amérique du Sud. Et c’est ce dernier qui est à l’honneur avec de nouvelles formations prometteuses : on connaissait déjà Angra, voici donc Six Magics tout droit venu du Chili.

Alors oui Six Magics est un nom anglais, oui le groupe chante en anglais mais n’allez pas non plus croire que les chiliens coupent tous les liens avec leur culture : en effet, The Secrets Of An Island, leur second album, est une sorte de concept album qui narre plusieurs aspects de la mythologie chilienne. Je vous le concède, les mythes chiliens ne sont probablement pas les plus célèbres et les plus intéressants, mais le fait d’intégrer un aspect historique dans la musique enrichit indéniablement l’ensemble, et dans ce cas précis on en a une belle illustration.

Mais quel style pratique donc nos 6 compères ? On a affaire là à du heavy speed symphonique, que l’on pourrait comparer sur certains aspects à du Rhaspody. Ainsi, les chœurs masculins et féminins y sont bien présents, et alternent bien avec le chant classique mais honnête du vocaliste Sergίo Dominguez. Malgré tout, un côté plus progressif se fait nettement sentir sur quelques titres, et cela colore bien cet album long de 67 minutes tout de même. D’ailleurs, les musiciens s’en tirent plutôt bien, en particulier le batteur Pablo Stagnaro bien à l’aise derrière sa double caisse. On a droit à quelques riffs guitares bien inspirés et qui mettent bien en relief la musique de Six Magics.

Après une brève intro à la guitare acoustique, on est assez surpris par la vitesse et l’effet un peu brouillon de la première chanson, mais cet effet s’atténue au fur et à mesure des écoutes, car il faut plusieurs écoutes pour bien saisir toutes les petites subtilités de l’album. Cette guitare acoustique présente dès l’intro reste assez présente sur tout le long de l’album, avec des sonorités très sud américaines, très chaudes et agréables à l’oreille, et quelques autres instruments comme la flûte de pan, instrument autochtone s’il en est, viennent encore compléter cet effet.

Dans l’ensemble, le mixage se révèle un peu faible (d’où cet effet un peu fouillis lors de la première écoute) pour bien mettre en valeur les compositions des chiliens. De plus, mis à part les quelques touches acoustiques aux sonorités sud américaines, Six Magics fait dans le classique avec un album de heavy symphonique qui, on le sent, est fortement inspiré par ce qui se fait en Europe. Mais le fait est que nos musiciens arrivent à mélanger les influences de manière intelligente, ce qui donne un résultat encourageant. Quand quelque chose marche, même si ce filon est déjà exploité par de nombreux groupes, pourquoi ne pas tenter l’aventure. C’est le pari qu’a fait Six Magics avec ce The Secrets Of An Island, et pour ma part je pense que ce pari est réussi et que cet album augure de bonnes et belles choses dans le futur pour ce jeune groupe. Wait and see !!