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Scar Symmetry est en phase ascendante. Depuis la première timide apparition il y a tout juste dix ans, les Suédois se sont fait remarqués albums après abums en proposant un death mélodique distillé avec adresse et originalité. Les guitaristes émérites sont certainement responsables de cette célébrité croissante et c’est sans compter sur des compositions éclairées que le monument s’est construit propulsant les jeunes loups au rang de référence. Malgré le départ de Christian Älvestam, un des piliers fondamentaux du combo, on pouvait s’attendre au pire et force est de constater que les musiciens sont toujours en forme. Effectivement il aura fallu pas moins de deux chanteurs pour reprendre le micro laissé vacant. Le talent de Christian est sans nul doute inimitable, c’est pourquoi le recrutement de Lars Palmqvist aux clean vocals et Robert Karlsson aux death grunts fut nécessaire. Depuis Dark Matter Dimension, les deux chanteurs accompagnent la formation et pour cette année, tout ce petit monde ainsi stabilisé décide de naviguer sur le sillon d’Ayreon ou Dream Theater

Ne vous méprenez pas, Scar Symmetry ne rompt pas avec le style engagé dès le début. On reste dans le style extrême, mais se lance dans la création d’une trilogie dont voici la première partie. Un concept album décliné dont le sujet abordé est intimement lié à la dimension spatiale et futuriste provoquée par la musique des Suédois. Par ailleurs, la cover de The Singularity (Phase I – Neohumanity) affiche un étrange être anthropomorphe qui fera office de sujet  dans cette première partie. Il s’agit du néohuman qui fait l’objet du développement musical dans cet opus, ainsi ici on s’attache à son origine et son objectif.
Dans ce genre de projet, il est difficile de dresser une analyse éclairée si on ne respecte pas l’ordre des pistes d’autant plus qu’il ne faut pas négliger le fond et la forme. Ici, il faudra avoir lu les paroles pour comprendre l’histoire qui nous est racontée. Pour faire court, dans un futur apocalyptique, on assiste à une création d’une nouvelle race mi-humaine, mi-cybernétique qui nait de la fusion de nano-bots et de cadavres humains. La technologie à l’origine de cette possibilité dicte le but de ces nouveaux êtres qui est d’aller coloniser d’autres planètes puisqu’il semblerait que la Terre soit devenue un amas de cendres.

La première partie de The Singularity (Phase I – Neohumanity) s’attarde sur tout ce qui est factuel et l’environnement dans lequel le contexte évolue. Comment les cadavres sont collectés et cryogénisés puis traités afin d’aboutir à création de cette nouvelle race « Cryonic Harvest ». Pour mettre en scène cette phase narrative, les mélodies utilisées sont très entêtantes et jouent sur des refrains particulièrement efficaces. Le contraste entre chant clair et harsh vocals est fortement marqué. En effet, Lars est prédominant ce qui pousse Robert à servir seulement de soutien sur certaines tirades. D’un point de vue strictement musical, on pourra entendre des guitares très impliquées, des samples futuristes largement utilisés  et des jeux musicaux s’imbriquant avec aisance. Par exemple, la guitare rythmique sonne très heavy métal sur « Neohuman », les leads couvrent la structure musicale de manière prolifique et la polyrythmie assiège un certain confort à l’écoute. Côté chant, on pourra reprocher une certaine monotonie qui devient un tantinet irritante. Les death growls sont peu utilisés et on ne se demande pas si ce n’est pas pour faire un effet de style ou occuper un Robert presque inutile…

A partir de « The Spiral Timeshift », la musique se muscle un peu plus et la tendance se renverse. Le chant laisse apparaitre un death growl plus important. En effet, ce côté caverneux représente le combat dans lequel se retrouve le neohumain prisonnier de son corps et dont l’humanité a été remplacée par des codes qui le mettent en condition d’esclave de son créateur cybernétique. La structure musicale se positionne un peu plus sur un domaine classique à la manière de Scar Symmetry. Le couplement guitare/sample s’intensifie, la rythmique adopte un aspect plus mécanique et pourtant les titres ne restent pas figés et dévoilent malgré tout une capacité créatrice très addictive. « Neuromancers » déflore cette texture musicale hybride dont la richesse n’est que le reflet d’une savante composition. Avec le dernier morceau « Technocalyptic Cybergeddon », on aborde une folie destructrice incarnée par le chant death et une rythmique empressée qui aseptise les variations mélodiques et les compressent pour les rendre presque suffocantes. Le rendu est particulièrement réussi et même si le chant clair est présent, la sensation de convulsion reste maîtresse.

En définitive, les musiciens proposent un album qui se justifie que si on adopte la stratégie de la curiosité. Si on s’intéresse aux paroles, on comprend certains choix artistiques. A l’inverse, si on cherche juste à découvrir un album de death mélodique, je pense qu’on pourra être déçu. Les musiciens ne délivrent pas un opus particulièrement original pour le coup. The Singularity (Phase I – Neohumanity) propose des mélodies frappées par la touche Scar Symmetry et on reconnait largement la griffe des Suédois mais ce n’est pas avec ça qu’on parviendra au nirvana auditif. La trilogie risque d’être particulièrement risquée puisque la pénétration musicale n’est pas immédiate et lorsque l’on s’attarde sur les détails, la sensation de déjà-vu règne. Alors vivement la suite pour une confirmation ou une surprise !

0 Comments 22 septembre 2014
Whysy

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