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La singularité ne vous semble pas être un concept plus qu'une définition ? La singularité... Quelque chose de singulier est ce qui comporte une particularité... Plutôt étrange... D'autant plus que ce mot me renvoie constamment dans mon jeune âge où on nous apprenait la différence entre le singulier et le pluriel. Le maître avait placardé cette notion  sur son vieux placard rempli de livres juste à côté de celle du féminin et du masculin. Je ne vais pas raconter mon enfance mais par cette approche je tente de souligner le fait que parfois nous apprenons des choses bien ancrées depuis l'enfance ou l'âge de l'apprentissage et nous ne nous posons pas plus de question que ça. Le singulier est simple par définition. Et avoir une particularité est-ce pour autant faire preuve de complexité? Si je comporte une particularité, c'est que je diffère d'au moins un attrait par rapport à un autre, c'est donc que je ne suis plus si évident que ça sur cet élément. Stoppons la dissertation philosophique avant que Kadoc ne tombe dans les pommes, mais recentrons nous sur la musique. Les Canadiens ont pris ce concept en thème principal pour broder autour de ce sujet. Et si la singularité devait être illustrée avec des notes, à quoi ressemblerait-elle ?

Divinity se lance alors dans un développement musical de la bizarrerie. Rappelons au passage que ce mot est un synonyme en anglais de "Singularity". Il faut auparavant poser le cadre dans lequel le groupe évolue! Parce que nos Calgariens ne sont pas des rigolos, le métal compliqué débordant de broderies et de subtilités se constituent être leur marque de fabrique. Un death métal bien technique tellement étudié qu'il en devient froid et où aucune erreur n'est permise parce que toute la musique doit revêtir cette apparence parfaite et maitrisée. The Singularity prend donc naissance dans un enchevêtrement de riffs de guitares, de virevoltes rythmiques et de profusions de growls (« Lay In The Bed You've Made »). Les différentes mélodies s'enfoncent inexorablement dans des mélopées à la fois violentes et dominées par les musiciens. Le tissu musical rend ostensiblement cette force à l'auditeur et la mécanique musicale prend son sens au travers de différentes chansons parfois difficiles d'approche à la première écoute. Il faut dire que le chanteur Sean Jenkins perturbe un tantinet en oscillant entre le chant crié et le growl. « Embrace The Uncertain » pourra par exemple illustrer le cas. Les instrumentistes, quant à eux, semblent montrer très peu de faiblesse. Les soli s'enchainent sans faillir sur les passages demandant un peu plus de punch.

Vous l'aurez compris The Singularity cumule les efforts et conjugue la solidité du death métal à la perfection de la technique pour fabriquer un album complètement insoluble, voire opaque et pourtant il n'est pas rare de se laisser emporter. Et pourquoi me direz-vous? Parce que Divinity ne met pas sur la touche un certain feeling, certes disparate, mais qui a au moins le mérite d'aérer et de faire souffler nos oreilles malmenées par des riffs hypnotiques et usants (« Formless Dimension »). Le piano introductif de « Monsters Are Real » parvient à détourner l'attention pendant quelques instants et redonne une seconde vie à cet album d'une homogénéité frustrante et parsemée de mélodies figées pendant plusieurs secondes. Néanmoins, c'est en ce point que réside la deuxième composante de cet opus. L'extravagance dont fait preuve nos Canadiens est remarquable par son culot et le dosage reste très minutieux. Les ambiances changent sans rougir entre le ton martial annoncé par l'intro d'« Abiogenesis » et l'hypnotisme de la structure musicale poussée par un batteur empressé et frappant la double caisse dans une aisance démentielle.

Divinity définit donc la singularité à sa manière mêlant les incongruités, en hissant un environnement au sommet de son paroxysme. La musique du groupe est bien assez compliquée et trop remplie de préciosité pour s'en contenter rapidement. Plusieurs écoutes seront nécessaires pour goutter à la singularité. Finalement, cet album pèse un peu malgré tout et la lourdeur des morceaux ne laisse pas le sentiment de véritables hits en puissance. Les titres pourront éventuellement marquer par la particularité de la présence d'un riff ou un refrain, mais dans sa globalité l'album se laisse oublier rapidement. Il faut donc peut-être en conclure que la vision de la singularité par les Canadiens est complexe mais pas forcément agréable. En tout cas, cet album est à réserver aux habitués du genre parce que le profane aura bien du mal à se plonger dedans.


- ȦɭɐxƑuɭɭĦĐ -

0 Comments 22 juillet 2010
Whysy

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