Vous recherchez quelque chose ?

Dissection, groupe culte parmi les groupes cultes, roi maudit parmi les rois maudits mais groupe ô combien important pour l’histoire de notre genre musical préféré. Décrié pour les frasques (que je ne cautionne absolument pas) de son leader Jon Nötdveidt mais adulé pour ce qui reste l’essence même d’un groupe à savoir la musique, Dissection ne laisse pas indifférent même maintenant, 6 ans après la mort de son maître à penser. Soulever le sujet Dissection (à la manière de Burzum) c’est un peu ouvrir la boîte de Pandore. Mais si humainement le père Nödtveidt n’était pas une référence, son génie artistique n’avait d’égal que ses errements spirituels dont sa fin tragique en est la preuve. Si vous faites partie de la catégorie de personne n’ayant jamais jeté une oreille sur ce groupe (pour des raisons purement musicales) et ayant un minimum d’ouverture d’esprit (ce dont je ne doute pas si vous lisez ces lignes) alors laissez une chance à Dissection. Car ils sont du même tonneau qu’Emperor, de la race des Légendes.

Comme la plupart des plus grands groupes, il est difficile de coller une étiquette à la musique de Dissection tant la contenir dans un moule serait faire injure à sa complexité et sa portée. The Somberlain est beau, The Somberlain est grand, The Somberlain est Black Metal, The Somberlain est Death Metal, The Somberlain est puissant, The Somberlain est mélodique... bref The Somberlain est unique. Imité, jamais égalé (coucou Watain et Thulcandra) Dissection propose une musique en avance sur son temps qui va longtemps montrer au monde qu’on peut faire rimer puissance et mélodie, mélancholie et violence. A la matière...d’Emperor tiens tiens, on y revient.

Car la filiation est plus qu’évidente à mes yeux. Aux oreilles moins car les deux groupes proposent deux visions différentes de la musique extrême mais leurs légats et leurs auras seront les mêmes. La Norvège a eu Emperor, la Suéde Dissection. Deux groupes aux histoires torturées et aux changements d’orientation musicale qui laisseront des traces aux fans de la première heure (nous y reviendrons en temps et en heure).

Mais laissons pour le moment les grands discours et les envolées lyriques pour nous intéresser au coeur de The Somberlain, la musique. Comme je l’ai dit plus haut Dissection touche un peu à tout même si on s’est éloigné du côté Swedish Death Metal des premières démos et EP pour s’aventurer en terrain Black. Mais pas le Trve Black à la Blasphemy ou Darkthrone, non non ici ce sont les riffs racés et "pures" qui font la loi, la guitare lead de Jon Nödtveidt dictant la cadence mélodique de l’oeuvre. Mais là où réside le génie de cette album, et de Dissection en général, c’est derrière ce côté mélodieux se cache une section rythmique absolument diabolique qui entraîne l’ensemble dans une puissance qui ne peut pas laisser indifférent. Preuve en est avec la chanson qui ouvre merveilleusement bien l’album à savoir "Black Horizons" le riff servi par Nödtveidt est suivi d’une avalanche de blast comme le Black sait en proposer. Après la pluie le beau temps comme disait le devin, à moins qu’ici tout cela ne soit entremêler dans une coquille sonore qui n’a pas pris une ride en bientôt 20 ans!

Alors cet album est-il parfait? En 1993 la réponse aurait été positive mais finalement son plus gros défaut reste son successeur (Storm of the Light's Bane) qui reprend ses lignes musicales en le rendant presque obsolète mais nous y reviendrons (là encore) plus tard. Si il fallait pointer du doigt une faiblesse intrasèque à The Somberlain cela serait sa, relative, difficulté à entrer dans son univers si on ne possède pas tous les codes du Metal Extrême. Il peut être difficile pour certains auditeurs de cerner toutes les subtilités de la musique de Dissection car la production se révèle hargneuse et aggressive. Si celà peut se révèler être un défaut pour un auditoire non averti, les amateurs de guitares brutes de décoffrage s’en donneront à coeur joie.

De plus l’ensemble du disque est porté par la classe de ses musiciens et notamment son leader. Au sein d’une chanson ou même de l’intégralité de l’album Nödtveidt montre tout son talent de compositeur et de musicien comme peu avant lui. Il enchaîne riffs tranchants ("The Somberlain"), partitions plus mélancholiques ("Frozen"), soli ("In the Cold Winds of Nowhere") et guitares sèches ("Into Infinite Obscurity", la fin de "Heaven’s Damnation") avec une maturité qui force le respect pour un “enfant” de... 18 ans. Tout simplement un génie. Et que dire de sa voix? Possédée, puissante et hargneuse elle est presque irréelle pour un simple adolescent et correspond à merveille avec les compositions d’une maturité invraisemblable. Mais tout le groupe répond en écho à son leader musical et notamment le batteur Ole Öhman qui martyrise sa batterie tout au long des trois quarts de ce chef d’oeuvre intemporel.

Et me revoilà reparti dans un jugement purement subjectif tant j’aime ce groupe et cet album qui représente bien plus qu’un 10/10. Pas forcément pour vous, fidèle lecteur d’Heavylaw mais pour moi assurément. Mais, bizarrement, Dissection n’a jamais fait partie de mes “Madeleines de Proust”. J’y suis venu sur le tard. Mon premier contact avec le groupe remonte au passage du clip de "Starless Aeon" (tiré du dernier opus Reinkaos) un soir d’automne 2006 sur MCM entre un Cannibal Corpse et Dimmu Borgir, et tout de suite ce Heavy Metal teinté de Black m’avait fait chavirer comme peu de groupes auparavant et Reinkaos allait devenir rapidement un de mes albums fétiches mais dont je n’appréciais pas encore à sa juste valeur car il me manquait les deux premières pièces du Puzzle Dissection. Et puis, dernièrement, sur un coup de tête, il m’a pris, comme une envie de pisser, de me (re)lancer dans la période la plus brutale du groupe où la bande à Nödtveidt jouait un Black / Death Mélodique comme aucun autre groupe au monde. Et bien m’en a pris. Car pour moi, Dissection est à classer à côté d’Emperor, Morbid Angel ou Death. Une pierre angulaire, un must-have pour n’importe quel fan de musique extrême, un groupe qui laissera une empreinte indélébile sur la frange la plus violente de notre musique préféré. Si la bande à Jon avait eu la chance de croiser ma route plus tôt tout laisse à penser qu’il aurait pu devenir calife à la place du calife, ou Empereur à la place de l’Empereur si vous préférez.

Balin


0 Comments 02 octobre 2012
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus