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Troisième album des norvégiens de Magic Pie, The Suffering Joy est une oeuvre ambitieuse, variée et résolument prog! Dans ce très bel opus, tout est réuni pour appâter le fan de Genesis ou Yes, comme d'habitude, mais aussi l'inconditionnel de Dream Theater ou Spock's Beard.

Très belle déclinaison du style metal-prog, The Suffering Joy se compose d'un long morceau, A Life's Work (séparé en quatre plages), et de cinq autres pièces bien longues elles aussi. Autant dire que l'acheteur en a pour son argent: près de 70 minutes de mélodies, de riffs, de passages acoustiques et de break saccadés, toute la panoplie du prog-fan est déployée dans les grandes largeurs. Et pourtant, j'ai beau chercher encore, je ne trouve pas de faiblesse criante, ou comme souvent dans ce genre de travail pas non plus de longs moments de remplissage inutile.

C'est en ça que le groupe se réclame sans doute de ses glorieux ancêtres: l'album est très narratif, même si pour autant il n'est nul besoin de comprendre les paroles. Cela peut paraître paradoxal, mais c'est toute la magie du prog: on sent bien que le groupe nous raconte une histoire, que l'album s'entoure d'un cadre, produit du sens, et qu'il n'est pas une simple succession de morceaux. Une des caractéristiques de la musique que l'on nomme progressive.

Techniquement, les norvégiens sont loin d'être à la ramasse, mais il est vrai que pour un fan de prog c'est d'un banal pathétique: j'ai vraiment l'impression d'écrire ce genre de remarque à chaque chronique, c'est pourquoi on ne va pas faire une tonne sur le sujet. Comme tout le monde, les mecs sont super bons et carrés. C'est un poncif du chroniqueur prog qu'il va falloir que je cherche à détourner, par un moyen ou un autre, et vous en saurez plus dans une chronique à venir.

Ce qui me frappe en écoutant cet album, c'est à quel point j'ai envie de le réécouter à chaque fois que le dernier morceau s'achève, et cela tient du miracle quand on considère la longueur des développements. En effet, et je me vois dans l'obligation d'en remettre une couche, The Suffering Joy s'écoute aussi facilement qu'un album des Beatles. Dès l'intro on est complètement entré dans leur univers, et pas à pas on les écoute nous conter les merveilleuses histoires musicales qui découlent de leurs esprits brillants. Tout en variété mélodique, beauté et propreté, chaque morceau décline son ambiance particulière sans jamais trop se détacher de l'ensemble, dans une cohérence remarquable.

Quelques accents pop se font remarquer néanmoins, notamment dans la forte utilisation des choeurs et des guitares sèches (Endless Ocean). A d'autres moments, Magic Pie se fait plus technique et heavy, même si cela débouche souvent sur un passage entrainant à la Neal Morse (Slightly Mad). Les deux plats de résistance que sont A Life's Work part 4 – The Suffering Joy et Tired sont deux merveilles de construction architecturale dans un style mélodique très seventies, et c'est ce qui risque sans doute de détourner de l'album les fameux allergiques aux gimmicks progs dont je parle souvent. Mais bon, normalement ils ont déjà détourné leur chaste regard à la lecture des mots sus-cités: « résolument prog ». Résolument c'est le bon mot, car sur The Suffering Joy nos amis nordiques n'ont pas cherché à se détourner, ne serait-ce que l'espace d'un morceau, de leur feuille de route: ça va progger! Même les influences un peu diverses que l'on entend de ci de là sont assez traditionnelles de ce genre de musique, qui est déjà, faut-il le rappeler, un style fusionnel.

Si tous les albums de prog modernes sonnaient comme celui-ci ça ne ferait sans doute avancer le schmilblick que très peu, mais quel bonheur mes amis! Quelle joie, tous ces moments de bravoures, toutes ces trouvailles mélodiques inventives et brillantes, quel plaisir que d'écouter cet album! Il ne rentrera sans doute pas dans mon Top 20, et il est difficile de parler ici de génie, mais je crois qu'ils s'en foutent autant que nous. Ils font de la très bonne musique, ils aiment ça et ça se sent, et ça tombe très bien puisque nous aussi, on aime la très bonne musique.

0 Comments 22 mai 2011
Whysy

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