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Fraichement débarqués sous le feu des projecteurs avec leur EP « Reason & Abstract », les anglais de Talanas n'ont pas terminé parmi les "espoirs de l'année" au référendum de notre équipe l'année dernière par le simple fruit du hasard. Les 3 titres composant cet étrange et goûtu amuse-gueule avaient su, en effet, titiller les oreilles de plusieurs d'entre nous, mais également celles de nombreux autres par delà les frontières, la formation s'étant faite repérer par bien des observateurs avertis. C'est donc en toute logique que le groupe nous revient cette année avec sa première galette, « The Waspkeeper », publiée, comme leur précédent effort, par Eulogy Media.

Présenté comme un hybride de plusieurs univers métalliques, Talanas prend un malin plaisir à combiner et recombiner dans tous les sens ses différentes influences. De ce mélange de musique gothique, extrême et progressive, résulte une synthèse quelque peu intrigante et absconse, telle une bête protéiforme aux contours diffus et angoissants mais à l'allure captivante. C'est étrange, voire effrayant de prime abord, mais on se laisse volontiers attirer vers cette "chose" énigmatique (Ah ! La curiosité est un vilain défaut qui nous perdra...).

Les anglais nous présentent, dans un écrin distingué, la transcription musicale de leur folie créatrice, sombre et schizophrénique. Et l'on découvre alors ce qui ressemble à un mystérieux "Lord" anglais, aristocratique et raffiné en apparence, mais qui renferme en son sein un destin macabre. Voyez-y, à votre gré, le Dr Jekyll, le Barbier de Fleet Street, ou encore le Dr Frankenstein tant, sous leurs faux-airs de gentlemen, ces musiciens excentriques s'amusent à créer leur propre "bête" contre-nature en piochant ici et là un bout d'Opeth, un brin de Katatonia, un soupçon d'Ackercoke, une pointe d'Ihsahn, des relents de My Dying Bride, etc.

A la rage du Metal extrême qui transparait par invectives régulières (blasts furieux, riffs cinglants et vociférations débridées) s'ajoutent la rythmique syncopée empruntée à Meshuggah ou Dream TheaterThe Veil & Its Behest », « Penetralium »), la lourdeur écrasante du Doom (« A Fortune Worth Its Disguise » et ses relents à la Swallow The Sun) et, en contre-pied parfait, des passages plus atmosphériques et mélancoliques, presque fantomatiques, où plane un sentiment de désespoir latent (« Messaline », « Elsewhere, But For The Giving »). On y perçoit alors le spleen propre aux formations nordiques, appuyé par un chant clair plaintif et profond, entre Katatonia, Opeth et (de manière assez récurrente, l'influence est nette) Paradise Lost.

Si Talanas reprend avec aisance et respect les qualités musicales de ses références, il en exacerbe  également les défauts. Outre un sentiment de déjà-vu par moment (ou plutôt de déjà entendu ailleurs), on ressent aussi quelques longueurs sur plusieurs plans le long de l'écoute. Rien de rédhibitoire, mais un poids qui leste un peu trop les morceaux et les empêche alors de pleinement décoller. La multiplication des vocaux 'extrême' (un coup black, un coup thrash, un coup death... et quelques growls pas forcément réussis) procurent également une impression de déambulation aléatoire dans un labyrinthe vocal pas toujours maitrisé. A trop vouloir en faire... c'est le foutoir ! Comme si la "bête" dominait parfois encore son maitre.

La synthèse est globalement bien réussie, mais il manque encore un liant cohérent pour enrober le tout et y apposer la marque de fabrique propre au groupe. Au jour d'aujourd'hui, l'écoute de « The Waspkeeper », bien qu'agréable, nous évoque nombre de références (citées plus haut, parmis d'autres), mais on n'y associe pas encore le "son" ou la "patte" Talanas. Et c'est là la dernière étape à franchir pour tout groupe avant le vrai succès (succès d'estime et, souhaitons-leur, de chiffre également). En évitant donc de se dissiper un peu plus dans un vaste océan d'influences et en se recentrant sur une unité musicale plus fédératrice et mieux maitrisée, Talanas devrait alors, sans difficultés, se construire un avenir radieux et rassembler les fans.

0 Comments 13 juin 2011
Whysy

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