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Après avoir achevé la carrière d’Empyrium sur deux albums privilégiant la douceur acoustique à la puissance métallique, Ulf Theodor Schwadorf, leader de la formation allemande, décida de canaliser autrement sa créativité, et d’épancher par un autre biais sa sensibilité. Tandis que son nouveau groupe, The Vision Bleak, lui permettait de revenir pleinement au Metal, et d’explorer en profondeur la dimension horrifique des récits de Lovecraft, Noekk, projet discret aux consonances étranges, du nom d’un génie des eaux et rivières, allait lui permettre de proposer une nouvelle vision de sa fascination pour la nature, son éternel amour…


Et aussi étrange que cela puisse paraître, ce premier album, « The Water Sprite », se situe vraiment dans la continuité d’Empyrium… Mais un Empyrium qui serait devenu progressif et psychédélique, qui aurait adopté un univers décalé, peuplé de mellotron et autres étranges sonorités seventies. C’est d’ailleurs exactement le même groupe, puisque Thomas Helm, qui portait « Weiland » de son beau chant lyrique, est ici le seul chanteur. Mais comme vous le verrez plus loin, ce choix d’un nouveau patronyme se justifie pleinement…Ainsi que les changements de pseudonymes des deux musiciens, qui, incognito, prennent un nouveau départ.

En toile de fond, pourtant, on reconnaît toujours cette patte du maître. Un son de batterie clinquant, avec beaucoup de cymbales, caractéristique, que l’on retrouve dans tous ses projets, une sensibilité exploitée autrement mais toujours à fleur de peau, et cette exaltation de la nature, cette merveilleuse et délicate impression de promenade au crépuscule si propre à faire rêver l’auditeur.

Mais ne pensez pas pour autant que Noekk donne dans le doom mélancolique. Non, il s’agit bien ici de rock/metal progressif, mâtiné d’accents folk et… dégoulinant littéralement de claviers. D’ailleurs, ce sont eux qui forment l’ossature de l’album. Les structures sont barrées, le chant opéra de Thomas surprend et séduit à chaque note, les guitares semblent partir à chaque instant dans une direction différente… Pour autant, le progressif selon Noekk n’est en rien un simple concentré stérile de technique musicale. C’est une musique délicate à apprivoiser, au charme éthéré, aux claviers parfois imposants (« The Water Sprite »), le plus souvent flottants et délicats (la première partie de « Strange Mountain »), enclins à la rêverie plus qu’à la mélodie accrocheuse.

Et chaque pièce de l’album, au fil des écoutes, de développer son charme propre : les passages typiquement progressifs de « The Water Sprite », la douce mélancolie de « TB’s Notion », la dimension plus théâtrale de « The Fiery Flower » (If you breeeaaak her, your life must end!)… sans oublier la majestueuse pièce finale, ses changements incessants, et ses moments atmosphériques fabuleux. J’apprécie aussi la reprise de Dead can dance, « How fortunate the man with none », même si je la trouve un peu répétitive et longue… Mais je dois avouer qu’elle s’insère bien dans l’album.  


Au final, des trois opus de Noekk, c’est celui-là qui obtient ma préférence pour son style assez particulier, sa poésie (les textes sont également très soignés et bien choisis), sa dimension très seventies et progressive au meilleur sens du terme. Les autres opus sont aussi recommandables mais voient le groupe adopter une nouvelle direction… Ce qui contribue à rendre cet album encore plus unique. Vraiment, à découvrir, pour une petite escapade poétique pas comme les autres !


Gounouman

0 Comments 07 avril 2008
Whysy

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