Nevermore est un grand nom en devenir. Et pourtant, le groupe existe depuis 1992, avec 5 albums à son actif il va sans dire que nos américains se sont déjà bien fait les dents en matière de musique... On aura longtemps attendu, mais This Godless Endeavor s'avère être l'album de la maturité, ainsi qu'une très grosse sortie 2005, qui ne plaira pas à tout le monde malheureusement.

La magnifique pochette annonce franchement la couleur, Nevermore propose ici un album sombre et pessimiste qui n'oublie pas de rester agressif tout en gardant un peu de fantaisie. Le groupe évolue dans un style musical assez différent des productions habituelles. Après maintenant 13 ans, il est clair que ces 5 membres ont réussi à forger à Nevermore une identité propre, et un son reconnaissable entre mille. Pour faire simple, ce 6e album est la parfaite symbiose entre un power métal burné, un thrash métal influence américaine, et une bonne dose d'originalité.

Nevermore n'a pas peur de l'expérimentation, une très bonne chose en soit ce qui évite à l'album certains pièges comme la redite, les clichés, et tout ce qui pourrait le rendre quelconque. Musicalement, c'est la grande classe. Les musiciens évoluent ensemble sans accrocs, on les sent très à l'aise même lors de plans ultra compliqués. Oui car la musique de Nevermore fait ici preuve d'une grande richesse, et d'une technicité à toute épreuve. Que ce soit les deux guitaristes ( Steve Smyth et Jeff Loomis) qui assurent solos supersoniques, riffs mélodiques ou rythmiques et guitares acoustiques, le batteur (Van Williams) au jeu tantôt agressif, tantôt planant au coeur de compositions riches en rebondissements.

Le groupe a progressé en tant que musiciens, mais aussi en tant que compositeurs. On retrouve donc 11 compositions sur ce nouvel album pour près d’une heure de musique de grande qualité. Le songwriting est amélioré, le groupe n'hésite pas à inclure des influences progressives sur les plus longs titres (This Godless Endeavor du haut de ses 9 minutes ferme dignement l'album). De même les titres courts impressionnent par leur énergie et des refrains toujours très entraînants et bien intégrés à l'ensemble (le single Final Product en est l'exemple parfait grâce à une grosse rythmique, un refrain catchy et une construction très intéressante). De plus, Nevermore n'hésite pas à rendre son album encore plus touchant, on retrouve donc coincées entre 2 compositions riches en gros son, deux très agréables ballades (voire power ballade). La première, Sentient 6, est admirable en tout point et malgré ses 7 minutes ne tire pas en longueur et sait rester très digeste, notamment grâce à une fabuleuse montée en puissance sur la fin. La seconde, Sell My Heart For Stone, est plus formatée mais l'acoustique environnant fait mouche. Des guitares acoustiques qui possèdent une place importante au coeur de l'album, des titres comme la seconde ballade, A Futur Uncertain, ou l'impressionnante pièce finale prennent toute leur ampleur grâce à ces fabuleux accords.

Evidemment tout n'est pas exceptionnel, car des titres comme The Psalm Of Lydia, même s'ils sont accrocheurs au possible ne rivalisent pas d'inventivité face aux meilleures compositions. Mention spéciale à Bittersweet Feast, pour moi le titre le moins réussi. Fort heureusement de telles chansons demeurent très rares et la qualité du reste fait très vite oublier ces quelques désagréments.

Musicalement, le groupe déchire... Techniquement, le groupe déchire... Vocalement, Warrel Dane déchire... En effet, le bonhomme est un véritable petit phénomène. Tout d'abord il possède un timbre de voix, et une manière de chanter unique. Il est à mille lieux de tous les autres chanteurs power ou thrash métal. Pour faire simple, une voix claire limpide possédant aussi bien une facette douce et une autre plus agressive. Une voix incroyablement originale voguant avec facilité sur des lignes vocales improbables, mais tellement mélodiques, accrocheuses et des refrains entêtants. Le travail vocal est tout simplement parfait, ils sauvent d'ailleurs les titres musicalement moins accrocheurs. Il fait passer énormément d’émotions à travers son chant !

Malheureusement, le chant désespéré de notre triste Warrel Dane ne saura pas du goût de tout le monde, moi même j'ai mis très longtemps avant d'apprécier, mais il faut avouer que c'est ce qui fait le charme du groupe, son entité, son originalité. De plus, la musique de Nevermore de par sa grande complexité pourrait rebuter les moins entreprenants, car il se peut qu'elle n'accroche pas l'oreille du premier coup. Il m'a fallu un très grand nombre d'écoutes avant d'apprécier cet album à sa juste valeur.

C'est ainsi que se termine ce tour d'horizon du nouvel album de Nevermore, un album possédant beaucoup de qualités et peu de défauts mais qui ne plaira pas à tout le monde... Laissez lui une chance de vous séduire, vous ne devriez pas être déçus.

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