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Nuit, en provenance du nord de la France, démarre comme un projet du mult-instrumentiste Anthonuit, qui fut rejoint plus tard par la chanteuse Camille.
Ensemble les deux protagonistes commencèrent à donner vie à tout cela, pour finalement, en 2012, enfin aboutir à un premier EP du nom de «Time of Innocence». Petit mot sur l'artwork, très réussi, et illustrant à merveille le concept.

Le défi des deux membres est de proposer une musique qui mêlerait un son plus atmosphérique, évoquant le rêve et l'évasion, à des sonorités plus typées rock / metal, bien que ces dernières soient, en réalité, très peu présentes. La batterie est l'instrument qui donne le ton majoritairement dans ces registres-là, car la guitare, elle, est quasiment absente. Elle est plus puissance, par exemple, sur un titre comme «Mystic River», mais malheureusement son placement dans le mix est encore un peu trop en retrait, ce qui ne permet pas d'embellir ces éléments plus puissants et dynamiques, là où cela aurait pu être un atout pour la musique de Nuit. En effet, le mélange est plutôt osé, et il est fort dommage de constater que le duo est encore trop timoré par rapport à l'ajout de petites sonorités plus rock / metal, ce qui en rendrait presque leur biographie mensongère sur certains points. Elle l'est plus sur d'autres, et il subsiste un regain d'intérêt par l'utilisation de réelles percussions de temps à autre (comme sur la jolie «Windy»). Mais juger un disque uniquement sur un aspect rock trop en retrait n'a pas vraiment de sens.

Hélas, encore une fois, question musicale, Nuit fait encore trop d'erreurs et de banalités pour être toujours intéressant, ne s'octroyant que peu de folies, et restant dans le sentier de ses références. Bien sûr, on pensera à Dead Can Dance, mais en moins éthéré ou médiéval. La musique des français reste souvent très sage, et parfois trop peu variée. Certains automatismes (utilisation de la voix masculine, plans de batterie) semblent répétés un peu trop souvent, et ainsi naquit ce sentiment de redondance. Il manque encore un peu de maturité à ce duo pour pleinement convaincre et se classer vers le haut du panier. De plus, un autre aspect qui rebute légèrement, c'est le manque d'accroche ou de passages marquants. Si parfois, un peu d'electro ou de rythmes originaux viennent se mêler à la fête («Abeus», bien que tout ne soit pas toujours du meilleur goût), le relief semble absent trop souvent. Du coup, difficile d'être pleinement captivé.

Pourtant, on retrouve de bonnes choses. L'utilisation des paroles en français, par exemple, sur le titre «Petit Soldat», et les morceaux «The Grey Clock» et «Windy» sont clairement bons, que ce soit dans la composition ou l'atmosphère. Le refrain de «The Grey Clock» est bon, et rentre dans l'esprit, mais reste un peu trop en retrait dans le morceau, certes diversifié, mais qui aurait gagné en accroche en le faisait répéter une fois de plus, surtout que la voix de Camille y semble à l'aise. Quant à «Windy», il s'agit d'une ballade très touchante, où là encore le chant de la frontwoman y fait des miracles. Parlons-en, d'ailleurs, de cette chanteuse. Camille est assez convaincante dans son rôle mais montre également des faiblesses au niveau de la technique, comme sur «Dark Forest» ou «Abeus». Dans d'autres registres, en revanche, on retrouve plus d'assurance, d'émotion et de conviction, et peut-être serait-il plus judicieux d'exploiter davantage des notes comme celles du refrain de «The Grey Clock». Quant au chant masculin d'Anthonuit, ses interventions peu judicieuses et son timbre assez désagréable ne réussissent pas à faire rehausser l'intérêt de la galette. Heureusement, celles-ci sont limitées.

A côté des bons points et morceaux, un titre est pourtant très en dessous. «Dark Forest» échoue à proposer ce côté sombre qu'il semble vouloir instaurer, non seulement car le chant de Camille joue très vers les sphères aigus et contraste trop nettement avec l'ambiance, mais également car les touches electro viennent gâcher une bonne partie de l'intérêt. Le chant masculin est mauvais, et mixé trop en avant par rapport aux chœurs. Les idées sont là, mais peinent à se concrétiser. De même, «Abeus» et son duo de voix ne séduit pas, et souffre de faiblesses flagrantes quant à sa composition, trop aléatoire et superficielle, parfois allant vers le décousu mais se rattrapant de justesse.

Nuit a du potentiel et se révèle prometteur, mais trop d'erreurs entachent le bilan de «Time of Innocence» qui peine ainsi à séduire et à faire adhérer à l'univers des français. Mais ces erreurs, corrigibles, devraient très bientôt n'être qu'un vaste souvenir. Et à ce moment, leur musique deviendra vraiment radieuse.

0 Comments 18 juin 2012
Whysy

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