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Bon alors autant le dire tout de suite pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté : je suis un fan d'André Matos ! J'aurais donc beaucoup de mal à feindre l'objectivité dans cette chronique, tant j'ai pris l'habitude de voir des chefs-d'oeuvre partout où le prodige brésilien venait poser sa voix. Pour moi, Dédé Matos est tout simplement l'un des plus fantastiques chanteurs de la scène Metal et peut-être même de la musique en général. Capable d'atteindre à peu près n'importe quelle note et de transmettre les émotions avec une aisance déconcertante. Il est de plus doublé d'un excellent pianiste et d'un compositeur hors pair, auteur de quelques uns des plus beaux tubes de l'histoire du Metal Symphonique : «Carry On», «Nothing To Say» ou encore «Here I Am». Bref tout dans ce personnage mythique m'inspire le respect !

Et pourtant au moment de parler de ce projet solo, intitulé sobrement «André Matos», c'est d'abord l'énorme gâchis du split de Shaman qui me vient à l'esprit. Certes Dédé n'est pas vraiment un exemple de stabilité et de pondération, mais au point de ne pas pouvoir rester plus de quatre ans au sein d'une même formation ! Le parcours de Shaman avait jusque-là tout du conte de fée : deux albums et autant de chefs-d'oeuvre, une vraie originalité, un collectif soudé... et tout pour devenir un jour l'un des groupes phares de la scène Heavy Symphonique. Les dieux en ont cependant décidé autrement, le split survient entre le batteur Ricardo Confessori et le reste du groupe, pour des raisons qui demeureront obscures.

Pour André tout est à refaire. Le nouveau départ se fera avec les  frères Mariutti (déjà présents dans Shaman) ; un revenant des premiers jours d'Angra : André Hernandez ; et un batteur jusque-là inconnu au bataillon : Eloy Casagrande. Pour la production, Sascha Paeth est une nouvelle fois sur les rangs, mais cette fois en compagnie du célèbre Roy Z. Autant se dire qu'une fois de plus le son sera irréprochable. André Matos a donc choisi de garder quasiment à l'identique l'équipe de Shaman, et de prendre son temps sans bouleverser ses habitudes. Reste à voir ce que nous réserve ce Time To Be Free !

Je vais tuer le suspens tout de suite, si un léger doute m'avais effleuré au moment de l'annonce du projet. Les premières écoutes l'ont très vite balayé, car André Matos est une nouvelle fois au sommet de son art et nous apparaît totalement libéré. Chantant avec le même enthousiasme qu'aux premiers jours, avec une technique plus aboutie que jamais, il est en tout point l'homme fort d'un disque entièrement à sa gloire. Time To Be Free est un véritable bonheur de bout en bout, varié et cohérent à la fois... Plus épique, moins baroque, faisant la part belle aux titres fédérateurs et aux hymnes mémorables. Matos ré-invente le Metal Symphonique qu'il avait créé dix ans plus tôt, et le résultat final passe en boucle sur ma platine depuis près d'un mois.

Loin du Heavy Metal sobre et dépouillé de Reason, André nous propose avec délectation les magnifiques orchestrations qu'il affectionnait chez Angra. Que ce soit par des violons comme sur la déferlante épique et symphonique de «Letting Go» ; en revisitant carrément une grande composition du répertoire classique sur le titre «A New Moonlight» (en l'occurrence la célébrissime «Sonate au clair de Lune» d'un certain Ludwig Van Bethoven) ; ou encore par des touches discrètes soulignant les refrains et les mélodies comme sur les titres de bravoures «Endeavour» et «Time To Be Free». L'un s'ouvrant sur un riff implacable, l'autre sur une douce mélodie au piano... avant d'enchaîner sur des lignes de chant et des refrains absolument dantesques ! Deux monuments de Metal Symphonique qui valent sans peine l'achat de l'album.

Pourtant la force du disque vient de sa variété. Sachant puiser dans les différentes périodes de sa carrière, Dédé Matos nous offre un «Melting Pot» impressionnant de cohérence et d'efficacité. Empruntant beaucoup à Angra dans les titres évoqués plus haut, mais aussi à Reason : avec les riffs crus et la puissance d'un «Rio» ou d'un «How Long (Unleashed Away)» ; et au mythique Ritual : avec les accents tribaux et folk d'une power ballade comme «Face The End» ou de mid-tempo mélodique à souhait de la trempe de «Looking Back» ou encore «Separate Ways». Le rendu final est saisissant de fraîcheur et d'originalité, comme pour nous rappeler l'incroyable sans faute artistique qu'il réussit jusque-là !

En réalisant ce projet solo, André Matos cherchait à faire la synthèse de sa longue carrière, et à retrouver la musique qu'il a toujours affectionnée. Difficile alors de lui reprocher un certain retour en arrière sur ce Time To Be Free par rapport au très expérimental Reason. Quant un artiste décide de se lancer dans un projet solo, c'est pour réaliser quelque chose de vraiment personnel. Aussi je pense que plus encore que ses périodes d'Angra et de Shaman, c'est sur ce disque que se révèle le véritable visage d'André Matos. Un visage plus mature et expérimenté, moins naïf peut-être, mais toujours animé par le même enthousiasme. Pour ma part j'adore, et je n'arrive pas me décoller de cet album, un prétendant sérieux au titre du meilleur disque de l'année 2007.

SMAUG...

0 Comments 03 octobre 2007
Whysy

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