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Une énigmatique Victoire de Samothrace se tient fièrement dans un paysage de montagnes aux tonalités violacées sous un logo rhapsodien : impossible de se tromper, amis lecteurs, vous avez bien affaire à du speed métal néoclassique japonais, subtile alliance d’un baroque décousu et d’un kitsch parfois criard. Ces caractéristiques se retrouvent avec bonheur dans le premier album totalement instrumental To Beyond of the infinity d’une jeune formation nipponne très ambitieuse Gaia prelude. Axé autour de la prestation très technique du très talentueux guitariste  Hisashi , ce groupe nous propose des compositions épiques, denses, voire surchargées qui procurent à l’auditeur des moments assez exquis s’il est familier aux productions majestueuses et pompeuses du genre.
To Beyond of the infinity , Reality  ou encore Majesty s’apparentent ainsi à des flots intarissables de mélodies enjouées, néoclassiques et très dynamiques qui imprègnent une fraîcheur remarquable au disque.
Certains passages sont véritablement enivrants et si, selon le cinéaste new yorkais Woody Allen, l’écoute de Wagner lui donnait l’irrésistible envie d’envahir la Pologne, l’écoute des morceaux de bravoure tels que « Gaia prelude », « Crystal Clear » et « Legend and glory » (tout un programme, n’est-ce pas ? ;) ) vous donnera furieusement le désir de vous saisir d’une monture pour charger sabre au clair dans une plaine sans fin. Les introductions percutantes (qu’elles soient plus rythmiques comme sur Crystal Clear, épico-néoclassique avec« Gaiai prelude »,un titre monstrueux, le plus réussi de l’album, ou combinant les deux « legend and glory ») et les premiers mouvements endiablés des morceaux sont littéralement haletants, frénétiques et par-dessus tout jouissifs !! Cependant, à force de courir sans fin dans tous les sens, l’attention de l’auditeur peut se perdre en route, surtout si le second souffle de ces morceaux de bravoure n’est pas à la hauteur des mélodies initiales. On peut regretter ainsi les baisses d’intensité des morceaux  car ce fléchissement est accentué par le format relativement long des titres qui avoisinent les 5 à 6 minutes.

Deux reproches assez lourds altèrent toutefois la note finale :

-Dès que le groupe s’éloigne de ses structures de composition préférées, les morcaux de bravoure néo-classique, le résultat est beaucoup plus mitigé : les ballades « Cry for...» et « Memories » sont assez poussives et là où la guitare était virevoltante sur les titres plus rythmés, elle est geignarde, plaintive et sucrée jusqu’à l’indigestion (« Cry for » en devient même horripilant avec ce son de harpe au clavier digne d’un générique de manga sous traité en Corée du Nord). L’outro acoustique (White lovers) est aussi assez dispensable, peu aboutie, pas très développée et finalement très vite oubliée. Seule l’intro se démarque par son ambiance orchestrale lanscinante très réussie, où une douce mélodie se dégage en créant une sensation d’attente. Ce titre, The Awakening, fait légèrement penser à l’ambiance feutrée qui précède une représentation à l’opéra, un mélange d’accordements classiques et de bribes de conversations environnantes. Très agréable en somme..

-Mais le reproche principal est tout de même l’influence envahissante du sieur Yngwie Malmsteen. Son statut de dieu vivant au Japon le place naturellement en référence incontournable pour tous les dévaleurs de manche en furie mais la personnalité du groupe s’en retrouve très affaiblie. Majesty  et Reality sont des clins d’œil très marqués au maître et cette influence se fait cruellement ressentir au fil des écoutes.

Le courage de Gaia prelude n’est cependant pas à remettre en cause, oser sortir un album néo-classique totalement instrumental est une démarche intéressante et originale. Cela correspond peut-être avec un stade transitoire de l’évolution du groupe car celui-ci vient d’embaucher un vocaliste. La fraîcheur juvénile des compositions et, encore une fois, le talent hallucinant du guitariste, sont très prometteurs et rendent le groupe très sympathique. Ils sont jeunes, c’est leur premier album et avec de telles qualités, l’avenir leur appartient.

0 Comments 30 novembre 2007
Whysy

Whysy

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