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Cette scène se déroule aux alentours de 19h, dans le hall d’un hôtel parisien. Tobias Sammet a déjà une longue journée de promotion derrière lui, mais c’est pourtant à un homme souriant, très aimable et chaleureux que j’ai à faire – loin de l’image de chien battu qu’il donne dans sa récente interview promo !  Il commande un énième café, et l’interview peut démarrer…




-Alors, dis-moi Tobias, quel effet ça fait d’être mort ?

(Gros blanc)


-Tu ne te rappelles pas ? Tu es mort il y a environ un an pourtant !

-Ah oui, je me rappelle très bien, ça m’a fait bizarre, et encore plus de l’apprendre par la presse ! La moindre des choses aurait quand même été de venir me prévenir personnellement de ma mort ! (rires)


-Tu avais même changé de sexe juste avant…

-Exact ! J’imagine que je suis mort à cause de complications post-opératoires… (rires)


-Plus sérieusement, que penses-tu de ces rumeurs ?

-Tu sais, je commence à être habitué à ce qu’il y ait des rumeurs étranges qui circulent sur mon compte… On m’a déjà fait passer plusieurs fois pour un gay, et ce n’était même pas la première fois que j’étais censé être mort ! Mais bon, en fait ça me fait rire, et l’avantage non négligeable est que cela fait beaucoup parler de nous… Une fois, un ami m’avait dit qu’il avait vu mon nom apparaître dans un bouquin sur la culture gay, il y avait tout un chapitre sur des musiciens, avec un beau casting : les gars d’Edguy, de Helloween, de Gamma Ray… J’avais commandé le livre par curiosité, et j’y ai appris que nous faisions des partouzes tous ensemble… Berk !


-Tu as donc bien survécu à cette mort, mais pas tes cheveux… Certaines fans françaises sont très déçues ! (rires)

-Oui, en fait j’en ai eu marre. J’étais chez le coiffeur, il m’a demandé ce que je voulais, et il a fait une drôle de tête quand je lui ai dit de me couper tout ça ! Certains vont certainement me critiquer, dire que je ne suis plus « true », mais le but n’était pas de changer d’image. Et puis honnêtement, je ne trouve pas ça très viril de devoir utiliser des tas de shampooings, d’après-shampoings et de soins ! En concert, je ne savais pas trop quoi faire avec, et puis ça commençait à me gonfler qu’après les concerts, si on me proposait de sortir, je devais demander d’attendre une heure et demi, le temps que je me lave les cheveux et qu’ils sèchent… La vie est bien plus facile maintenant !


-Tu as quitté la scène du Hellfest assez énervé l’été dernier, lors de ton dernier passage en France. Quel est ton avis sur cette date et sur le festival ?

-Enervé? Non, carrément furieux! J’avais vraiment l’impression que l’on se moquait de nous lors de ce festival. Bien sûr, il y a des choses contre lesquelles l’organisation ne pouvait rien, comme la météo abominable. Mais ça avait très mal commencé dès le départ, on nous a dit qu’il n’y avait pas de vestiaires. Hors de question de faire un festival sans vestiaires ! Il a fallu que je menace d’annuler le concert pour que soudain la possibilité d’avoir des vestiaires apparaisse…  Ensuite nous avons commencé notre set en retard à cause de soucis de programmation, puis on nous a annoncé en plein au milieu du set, qu’il fallait arrêter 5 minutes plus tard pour laisser jouer Megadeth ! J’ai dit « Non, hors de question, j’arrête tout de suite ! » Je ne suis pas du genre à faire des caprices, mais la nous avions vraiment l’impression de ne pas être les bienvenus. C’est d’autant plus incompréhensible que les concerts et les journées de promotion sont toujours très bien organisés en France d’habitude…


-Pendant le Hellfest, tu as parlé : « du temps où Edguy n’était pas encore commercial ». Etait-ce plus qu’une simple boutade ?

-Non, bien sûr, c’était une petite pique destinée à tous ceux qui nous qualifient de groupe vendu et commercial depuis que nous avons changé de maison de disques (AFM Records pour Nuclear Blast, en 2004, NDDS) et que le clip de Superheroes a tourné sur MTV. Je trouve ces critiques complètement absurdes : bien sûr que j’ai envie de vendre le plus d’albums possible, de passer à la radio, car en tant qu’artiste j’ai envie de toucher le plus de monde possible ! Cependant, la condition absolue est de ne pas avoir à faire de compromis sur la musique. Qui ne voudrait pas avoir de l’argent pour avoir la meilleure production possible, pour pouvoir enregistrer un disque à Abbey Road (référence au dernier album Nightwish, NDDS) ? De toute façon, ce serait stupide de faire de la lèche aux radios ou à MTV dans la mesure où ils n’en ont vraiment rien à faire d’Edguy ! Et puis de toute façon, dès l’instant où tu signes un contrat avec un label tu deviens forcément un groupe commercial ! (rires)


-Le style d’Edguy a cependant changé au fil des derniers albums, passant d’un power metal dans la veine d’Helloween à un son plus heavy metal sur Hellfire Club, puis à du hard rock sur Rocket Ride. Est-ce par lassitude, ou tes influences ont-elles changé ?

-Non non, mes influences n’ont pas changé, il s’agit toujours de Queen, de la scène hard rock, de Helloween et consorts… Mais j'avais besoin de changer, de me renouveler. Avec Edguy, nous avons fait 40 ou 50 morceaux de speed, en continuant sur la même voie nous aurions forcément commencé à tourner en rond à un moment ou à un autre! Il y a des groupes qui refont pendant toute leur carrière Eagle Fly Free (standard de Helloween, présent sur l’album Keeper of the Seven Keys part II, NDDS), mais ce n’est pas du tout mon ambition. Mais j’adore toujours le power metal, bien sûr, et nous continuerons à jouer des vieux titres avec Edguy !


-La situation est donc très différente de Sonata Arctica, autre icône du power metal qui a également ralenti le tempo récemment. J’ai discuté avec Tony Kakko il y a deux semaines, et il m’a raconté qu’il s’était lassé du power depuis un moment, et que la seule raison pour laquelle il continuait à composer des titres speed était de contenter les fans. Sur le dernier album, il a simplement eu envie de faire ce qu’il aimait.

-Vraiment ? Il a mon plus grand respect alors ! C’est quelqu’un de très talentueux, et c’est un excellent compositeur. Mais son dernier album n’a pas très bien marché je crois ?


-Disons plutôt qu’il a divisé les fans, beaucoup trouvent que c’est le meilleur album de leur discographie, d’autres que c’est la déception de l’année. Mais il a très bien marché en Finlande en tout cas (avec un disque d’or en prime, NDDS).


-Parlons du nouvel album d’Avantasia maintenant. Comment as-tu choisi tes invités?

-En fait, je ne me suis pas pris la tête pour savoir si tel ou tel chanteur allait coller avec les morceaux de l’album, car j’ai surtout appelé mes amis ! Ensuite, j’ai pu joindre Alice Cooper par Eric Singer, qui est également son batteur. C’est absolument merveilleux, car j’avais 12 ans lorsque j’ai écouté Trash et le morceau Poison, ce qui a bouleversé ma vie! Et puis je suis très fier d’avoir Rudolf Schenker, car avec Scorpions c’était le tout début de la scène metal en Allemagne, tous les groupes de heavy allemands sont ses successeurs !


-Alice Cooper chante sur le morceau Toy Factory, n’est-ce pas ?

-Tout à fait.


-C’est amusant, car ça ne correspond pas vraiment à sa musique : on trouve sur ce morceau les riffs les plus heavy que tu aies jamais composés!

-(Pensif) Peut-être… Ce morceau m’a semblé être une évidence pour la voix d’Alice Cooper, elle s’y prête merveilleusement bien !


-Oui, vraiment, c’est mon morceau préféré de l’album !

-Mais maintenant que tu me le dis, c’est vrai, j’ai dû faire chanter à Alice Cooper le morceau le plus heavy qu’il n’ait jamais chanté ! (rires)


-Y a-t-il des artistes que tu as invités mais qui n’ont pu se joindre au projet ?

-Oui, j’aurais voulu avoir Brian May. Je lui ai envoyé une cassette, et il m’a dit qu’il trouvait le morceau très bon mais que dans l’immédiat son agenda était archi plein. Malheureusement, notre deadline se trouvait 15 jours plus tard, et notre agenda n’était vraiment pas flexible. Brian May, c'est quand même celui qui a composé certains des plus beaux morceaux qui existent !


-On entend des sonorités celtiques sur The Scarecrow, le morceau éponyme, sonorités que l’on retrouve par exemple dans le dernier Nightwish. Le celtique est à la mode dans le monde du metal ?

-Oh je ne sais pas s’il y a un effet de mode, mais j’ai toujours aimé ces sonorités ! D’ailleurs, tu peux en trouver dans la musique d’Edguy, notamment sur Jerusalem (présent sur l'album Mandrake, NDDS), et surtout dans les précédents Avantasia. La grosse différence est que j’ai une bien meilleure production aujourd’hui, je ne suis plus obligé de me limiter à mon clavier…


-J’ai aussi été particulièrement surpris par ton “I don’t give a fuck” dans le morceau Don’t believe in your love, il y a un certain décalage avec l’image d’Avantasia !

-(rires) Sascha Paeth a eu la même réaction que toi! Mais je tenais vraiment à laisser cette phrase, parce qu’elle exprime de la façon la plus authentique possible le sentiment de lassitude du personnage, elle a du sens. Ce n’est pas un ‘fuck’ pour faire style, comme ça m’est arrivé d’en écrire, mais un véritable, authentique, puissant et très réfléchi ‘FUCK’ ! (rires)


-Quelle est l’histoire développée dans The Scarecrow ? Y a-t-il un lien avec les précédents albums ?

-Non, il n’y a aucun lien. C’est l’histoire d’un homme qui découvre la musique, et commence à ressentir des sensations nouvelles, très puissantes. La musique modifie ses perceptions et ses valeurs, il perd peu à peu contact avec la réalité et avec les personnes qui l’entourent…


-Il me semble qu’il y a une confusion dans l’esprit du public : Avantasia est-il un projet de metal opéra, ou le projet solo de Tobias Sammet ?

- C’est vrai qu’au départ il ne devait y avoir que deux albums, j’avais toujours dit que je ne reprendrais pas Avantasia… Mais finalement j’en ai eu envie, et d’ailleurs il y aura un The Scarecrow part 2 pour dans deux ans !


-Mais, étant donné le changement de thématique et de style, pourquoi ne pas avoir opté pour un nouveau nom, comme le fait Arjen Lucassen (maître d’œuvre de Ayreon, Ambeon, Star One, Stream of Passion, NDDS) ?

-Je ne voyais pas vraiment l’intérêt de changer de nom, Avantasia a acquis une certaine renommée, un certain prestige, il aurait été bête de devoir tout recommencer à zéro ! Et puis The Scarecrow n’est pas si différent dans l’esprit des précédents opus, cela reste une œuvre épique avec beaucoup d’arrangements et d’invités. Edguy a changé légèrement avec chaque album, mais nous n’avons pas changé de nom pour autant, enfin si, mais celui de l’album, c’est plus simple !


-Avantasia jouera au Wacken cet été. Une véritable tournée est-elle programmée, ou s’agira-t-il juste de quelques concerts ?

-Non, nous ne ferons que quelques festivals.


-Avec quels invités ?

-Oh, je ne peux pas vraiment m’avancer pour le moment car il me manque des confirmations… Mais je devrais être accompagné par au moins Jorn et André.


-André Matos ??

-Oui, il chante sur The Scarecrow Part II !


-Merci beaucoup pour cette interview Tobias, as-tu encore beaucoup de promotion à faire ?

-Non, il y a encore la journée de demain, et puis jeudi je suis à la maison ! Et ce week-end je serai au stade pour voir jouer Franck Ribéry !


-Fan de foot ?

-Oh oui, et du Bayern de Munich surtout !

0 Comments 04 décembre 2007
Whysy

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