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Toujours en quête de découvertes musicales magiques suscitant l’émerveillement, je posais un jour les yeux sur ce groupe de Black Metal atmosphérique italien, encore méconnu et relativement underground, mais déjà culte… Fear of Eternity.

Notre curiosité est déjà mise en éveil par ce logo, ce visuel... Clichés du black? Peut-être, mais bien faits, et déjà séduisants ! Méfiants mais irrésistiblement attirés, nous acceptons donc de nous détendre, de suivre l’appel de cet étrange animal nocturne, répondant au doux nom d’Andrea Tilenni, seul interprète du projet, et de nous laisser entraîner au plus profond de l’inextricable forêt, son territoire. L’obscurité couvre déjà la terre, et la lueur des torches s’avère rapidement insuffisante…

La lune déjà se lève. Sa lueur blafarde déforme le décor, et rend chaque ombre plus fantomatique et menaçante. Le souffle du vent attise notre claustrophobie, transportant les murmures d’autant d’esprits anciens. Soudain, l’orage commence. La créature difforme qui nous sert de guide commence alors à entonner sa langoureuse et stridente plainte.. Tandis que, ses ombres se détachant du ciel obscur, nous apparaît enfin la silhouette de l’imposant château.. Avant d’avoir pu nous remettre de notre effroi, un éclair vient zébrer le ciel nocturne.. Et l’irréel et magnifique bâtiment nous apparaît alors un bref instant dans toute sa grandeur et sa majestueuse beauté. Si l’on observe attentivement, on peut même entrevoir un fantôme qui nous observe depuis la haute meurtrière de l’effrayant édifice…


Si l’on se penche sur l’évolution du projet, on remarque qu’Andrea Tilenni est un artiste très productif. Les quatre albums du groupe sont sortis en l’espace d’à peine deux ans ! Mais rassurez-vous, il y a une explication logique à tout cela : tous ont été composés quelques années auparavant, et sont parus sous forme de démos autoproduites. Il aura sûrement fallu un certain temps à Fear of Eternity pour décrocher un deal (ce qu’il fit avec les discrets « Moribund records », américains plutôt spécialisés dans le raw black, donc dans des groupes bien plus violents que la musique de notre cher italien), et à présent que c’est chose faite, Fear of Eternity semble plus décidé que jamais à capter l’attention des amateurs de black mélodique.

Car mélodique, Fear of Eternity l’est assurément. Dans cette douce introduction, lente, calme et entièrement composée de claviers, on peut déjà pressentir ce que sera l’humeur globale de l’album. Nous voici donc avec une très belle musique, basée sur des riffs de guitares au son crade, très simplistes pour assurer une rythmique de qualité, une batterie sèche et lointaine, des claviers atmosphériques omniprésents, et une voix black pour ajouter un peu de maléfice à l’ensemble. Je me dois de préciser que sans ce chant, je n’aurais eu aucun scrupule à conseiller cet album à un bien plus large public.

Très influencé par les incontournables autrichiens de Summoning, notre italien s’en distingue cependant par une approche plus minimaliste de son black Metal. Son Metal est en effet beaucoup moins répétitif, moins épique aussi, retranscrivant des ambiances plus mélancoliques, avec des mélodies et des sons très différents. Le chant en revanche, chargé d’échos, rappelle parfois l’orc Silenius ou le vampire Dani (comprendre : criard, aigu, assez malsain). Cependant, si le mixage le met à l’honneur, on ne peut pas dire que FoE force la dose : cet album étant majoritairement instrumental, et les interventions du bougre, toujours sur du  mid tempos, n’étant pas particulièrement redoutables, même pour ceux qui seraient hostiles à ce type de vocalises écorchées.  

Maintenant que le décor est largement planté et que vous devez commencer à vous faire une idée de l’ensemble, entrons enfin dans le détail. Eh bien, cet album atteint pour moi des sommets en matière de black atmosphérique. Dès l’écoute entamée, nous voici enveloppés d’un mystérieux brouillard… Depuis la résonance obscure des guitares jusqu’à l’extrême douceur et la finesse des claviers, le groupe nous livre ici un très bel opus, à l’ambiance nocturne séduisante, aux textes rêveurs, plein de mysticisme et de mélancolie. Comment ne pas s’émouvoir à l’écoute de l’introduction pianisée de la superbe « Crying » ? Comment ne pas adhérer à l’introduction accrocheuse et si bien menée de « Flying over the moutain », à l’évidence l’un des meilleurs morceaux du groupe ? Et comment ne pas s’émerveiller devant le final grandiose de « Valley of sadness », où Andrea nous éblouit par son intervention en chant clair, basique mais tellement émouvante ?!

Evitant les écueils des répétitions grâce à des formats courts et des sons de claviers assez diversifiés, le groupe signe ici son meilleur opus, et réussit le pari risqué de se créer un son très particulier, immédiatement reconnaissable dès les premières secondes. A la fois dépouillé et complexe, à la fois aguicheur et enchanteur.. Je n’y vois pas grand-chose à redire, les seules légères fautes de goût étant à mettre sur le dos des sons parfois un peu kitsch utilisés, de certaines ambiances, toujours superbement retranscrites mais qui m’accrochent moins, (« Toward the Castle » et son petit côté film d’horreur). Un petit blâme aussi pour la piste conclusive, ambiante, intéressante, mais à l’évidence trop longue pour maintenir l’attention.


Quoi qu’il en soit, vous l’aurez compris, ce « Toward the Castle » est vraiment un must pour tous ceux qui comme moi se sont émerveillés devant Summoning ou Verfallen. Et si vous trouviez encore ces premiers trop extrêmes ou trop répétitifs pour vous, et pestiez contre l’immaturité des seconds, alors Fear of Eternity est réellement fait pour vous ! Une ambiance douce, reposante, et éthérée vous attend, et le voyage proposé s’avère vraiment magnifique. Mon seul regret est de savoir que le groupe ne renouvellera pas son exploit créatif sur les opus suivants... Mais ceci est une autre histoire...


Gounouman

0 Comments 31 mai 2007
Whysy

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