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Prenons le temps de jeter un oeil sur le cas d'un jeune et talentueux français  de 30 ans. Julien Damotte, guitariste de son état et membre du groupe Madonagun, sort ici son deuxième album solo. Partant à contrepied de son premier essai sorti en 2003, "Deep Inside", totalement instrumental, il nous livre ici un disque plus "complet". Complet dans le sens où l'optique y était de faire un album travaillé, avec du chant, et des morceaux construits sur une structure bien définie, avec intro, couplet, refrain. En brèfle plus album de groupe quoi. Ce qui me convient tout à fait je vous avouerai.

Mais enfin et surtout "Trapped" a été fait dans le but de sonner le plus professionnel possible. Et on peut dire que de ce côté nous sommes vernis, car la production est nickel chrome aux petits oignons. Celle-ci est d'ailleurs signée Kevin Codfert, qui a œuvré sur nombre d'albums très bien reçus dernièrement (Adagio dont il est le claviériste, Myrath, Qantice). Le son est d'une clarté exemplaire et le mixage parfaitement équilibré.

Parlons maintenant de l'instrumentation. En plus de la guitare et de la composition, Julien s'est occupé des parties de basses et du drum programming. Et elles ne sont pas là uniquement pour faire du remplissage loin de là, un grand soin leur étant apporté. La boîte à rythme arrive très bien à faire l'illusion (sur "The Voice Within Your Soul" ou "The Inner Struggle" par exemple) et cela même malgré le côté artificiel qu'on pourra toujours reprocher à son utilisation. Et comme souvent dans un projet solo, nous avons le droit à un certain nombre d'invités.

De nombreuses personnes sont donc venues lui prêter main forte. Tout d'abord, deux de ses camarades de Madonagun, Matt et Nach, le premier prêtant son growl pour une piste et le second s'occupant des claviers.  Parmi les invités nous comptons aussi des noms plus connus, comme Gus Monsantos au chant (ex-Adagio), Christophe Godin (Mörglbl Trio) ou Mattias "IA" Eklundh. Ces deux derniers parleront aussi beaucoup aux gratteux assidus du magazine Guitar Parts, messieurs Eklundh et Godin y étant souvent sollicités (du moins toujours du temps où j'avais encore l'espoir et l'envie de ne pas jouer comme un pied. :p)

Niveau composition la variété est de mise. Car sans révolutionner pour autant le genre, cet album fourmille de bonnes idées d'inventivité. Les ambiances changent au fur et et à mesure, et même à l'intérieur des pistes. Ainsi on passe le plus naturellement du monde d'une calme et inquiétante introduction tout au piano sur fond d'enfants jouant avec "Born Dead" à la rythmique quasi-martiale de l'instrumentale "Opening Chapter". "The Inner Struggle" alterne  gros passages growl/double pédale et guitare saccadée, tout en laissant la place à un solo bien technique histoire de rappeler que c'est quand même le projet d'un progueux et qu'on est pas là pour déconner non plus. "Death" quant à elle se paye le luxe de commencer sur une triste et poignante ballade, pour ensuite continuer sur un break de guitare acoustique hispanisant, nous achever avec un enchaînement de soli claviers/guitare plus progressifs tu meurs, et enfin terminer sur le thème du début du morceau. Et histoire de nous mettre une dernière claque, dans le même genre nous avons "Ending Chapter", qui vient fermer la marche avec ses 12 minutes. On y découvre entre autres la douce voix de Maya, dernière guest de l'album, une bonne dizaine de transitions et les soli de psychopathes de Mattias Eklundh et Christophe Godin. Arriver à faire sonner une guitare comme un saxo il faut le faire quand même. Franchement chapeau bas! Tout s'accorde, s'enchaîne sans accroc avant, pendant, après, entre les pistes encore et encore et pour les millénaires à venir! Mwahahaha!!!!! Hum, je m'égare...

Le clavier de Nach est aussi très présent durant toute l'écoute. Ce dernier s'en sort avec les honneurs que ce soit pour les passages pleins d'émotion au piano que dans les soli progressifs sortis de l'espace. Et si tout cela ne suffit pas, sachez que Julien s'essaye aussi au chant sur une bonne partie de l'album et qu'il s'en sort vraiment très bien. Son timbre de voix un peu rauque dégage vraiment quelque chose.

Sachant être technique mais sans trop en faire, Julien Damotte a su montrer avec "Trapped"  son talent de guitariste et de compositeur sans pour autant nous assommer de plans indigestes. Voila un album bien sympathique dont j'espère grandement voir une suite. Way to go!

Quetzy

0 Comments 27 mars 2010
Whysy

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