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Du fond des vertes prairies irlandaises, de l’extrême bord des mystérieuses falaises recouvertes de brumes, des clairières aux couleurs chatoyantes des forêts profondes, résonne un appel… Transperçant les airs, se confondant avec le vent, résonnant ici, disparaissant par là, fascinant autant qu’étrange, ce doux son de flûte, cette mélodie venue du fond des âges fait s’éveiller la nature irlandaise, celle des contes celtiques anciens, celle restée secrète et inconnue, et qui justement nous émerveille tant.  Timides d’abord, puis s’enhardissant petit à petit, les créatures magiques, fées, lutins et autres génies bienfaisants, sortent alors de leurs cachettes et s’en vont festoyer… Fêter dignement l’arrivée tant attendue de leurs plus illustres hérauts, de ceux qui vont à présent conter leurs légendes, s’appliquer à répandre les vielles histoires oubliées du folklore, et sortir l’artillerie des guitares lourdes pour leur donner forme… J’ai nommé…Cruachan !!   Beaucoup d’entre vous connaissent et louent les vertus des merveilleux « Folk-lore » et « The Middle Kingdom », albums incontournables pour les sincères amateurs de metal celtique et folklorique de qualité. Vous êtes nombreux à avoir succombé à ce mélange unique de magie et de heavy, à vous être laissés charmer par la douce fée Karen, emportés par son timbre doux et enchanteur…Et vous voudriez à présent savoir comment tout cela a commencé ? Dois-je vraiment vous répondre…?  Disons que ce « Tuatha na Gael » (peuple gaélique) est complètement à part dans la discographie du groupe. Et pas seulement à cause de son statut de premier album, non, aussi à cause du style pratiqué. Car Cruachan a pour ainsi dire inventé un genre mes amis !! Et oui, nos compères scandinaves de Finntroll et autres Black Messiah ne sont pas les précurseurs du genre en question, qui, malgré quelques antécédents norvégiens (comme Ulver par exemple) prit réellement racine ici, sur les terres d’Irlande, une soirée orageuse de 1995… Le Black Metal folklorique !  Cet album, précurseur, possède donc un statut tout à fait unique, et c’est avec une curiosité respectueuse que l’on tend l’oreille…Pour se retrouver agréablement bercé par une introduction celtique simple, mais plaisante, qui nous met en condition pour aborder la suite. Hélas, les choses se gâtent très vite ! Car la production de cet album est réellement pauvre et rêche. Inadaptée à un album où Metal et folklore sont censés cohabiter harmonieusement, elle laisse davantage la part belle au chant, grognement black au timbre croassant, relativement grave pour le genre, immature… mais pas si déplaisant. Car Karen n’avait pas encore intégré le groupe à cette époque ! C’était donc le fondateur et leader du groupe, Keith Fay, qui assumait à lui tout seul la lourde responsabilité du micro, et s’autorisait tout de même quelques passages sympathiques en chant clair (« To Moytura We Return »).  Soyons honnêtes, les premières écoutes m’avaient tellement déstabilisé que je m’imaginais déjà régler son compte à ce «Tuatha Na Gael » avec une chronique expéditive et bien sentie. Mais cela aurait été preuve de mauvaise foi, de ne vouloir reconnaître les qualités intrinsèques de cet album tout à fait unique. Car pourtant... Les riffs, tenant aussi bien du heavy que du thrash ou du black, sont souvent assez convaincants, les changements de tempo sont légions, les rythmiques carrées et efficaces, et la flûte et l’acoustique de prendre part à tout cela… On sourit, bien sûr, en se disant que cela ne sonne pas toujours très bien… Mais l’idée est là, l’ambiance aussi, et au fil des écoutes, on se surprend même à fredonner les belles mélodies de cet opus.  Et puis, on se rend compte à plusieurs moments que Cruachan n’a pas tant changé que cela, et avait déjà commencé à expérimenter l’une de ses formules préférées, lorsque les mélodies de flûte collent exactement aux leads de guitares… formule qui deviendra vraiment incontournable sur les albums suivants !! Certaines mélodies sont déjà joyeuses et irrésistibles, que ce soit des leads guitars (« Fall of Gondolin »), ou de flûte (« Brian Boru », « Maeve’s march »). A noter aussi l’intégration d’un clavier pour la création de passages atmosphériques sublimes, tels que l’on pouvait en trouver sur « The Middle Kingdom », et qui à leur niveau, dégagent aussi une véritable aura magique.   Passant d’une humeur joyeuse à des passages plus sombres, mélangeant allégrement les genres, ce pot pourri métallique est vraiment étrange, mais... Ma foi, pas déplaisant du tout ! Bien sûr, l’immaturité et la production alourdissent un peu le bilan, mais ce « Tuatha Na Gael » est déjà une belle carte de visite, qui possède à mes yeux beaucoup plus de valeur propre et d’authenticité que le dernier album du groupe, auquel j’ai mis la même note. On privilégiera cependant le heavy celtique des albums suivants à ce black folk maladroit où le groupe s’avère tout de même moins à l’aise. Un opus plaisant, cependant, à découvrir !    Gounouman

0 Comments 27 avril 2007
Whysy

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